L’info, la vraie, ou les fake qui polluent le web ? Le bras de fer entre la presse tradi et les géants du numérique franchit une étape aujourd’hui, au Canada . (le 19-12-2023) |
Sans sources d'informations fiables, la désinformation, les mensonges et les contenus haineux occuperont beaucoup plus d'espace en ligne … Pour ces raisons, observer l’expérience de nos "cousins" canadiens peut être riche d’enseignement !
C’est en effet aujourd’hui, ce 19 décembre 2023, qu’est entrée en vigueur leur loi C -18 sur "les nouvelles en ligne". Elle vise à forcer les géants du web, nommément Google et Meta, maison mère de Facebook et propriétaire d'Instagram, à verser des redevances aux médias dont les contenus sont partagés sur leurs plateformes. Le gouvernement libéral de Justin Trudeau soutient les médias canadiens, aux prises depuis plusieurs années avec un grave problème de financement. Les revenus publicitaires ont en effet fondu comme neige au soleil avec la transition vers le web, et l'habitude de partager gratuitement du contenu en ligne a nui à la propension des internautes à payer pour s'informer.
Google et Facebook occupent une position dominante en ligne et une large partie des revenus publicitaires qui font vivre les médias traditionnels, tombent dans l'escarcelle de ces deux géants du numérique. Des études montrent qu’au Canada, une personne sur trois s'informe d'abord sur les réseaux sociaux et sur Google, une proportion qui est encore plus importante chez les 35 ans et moins. Depuis l’annonce de la mise en place de cette loi au mois d’août, les GAFA ont devancé l’appel et ont déjà réalisé plusieurs « tests » en restreignant l'accès aux contenus journalistiques sur ses plateformes à certains Canadiens. Radio Canada est allé demander quelle conséquence cela a déjà eu pour des étudiants, justement spécialisés dans l'univers du numérique, de l’Université du Québec, à Montréal.
Dans cette équation, Facebook est un incontournable. "Va-t-on se dire que ce n'est pas grave qu'une bonne partie de la population ne s'informe plus ? Ces gens vont quand même aller voter! Ça va être selon celui qui gueule le plus fort, celui qui génère le plus d'émotions !" estime le président de la Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec. . Adoptée en juin dernier, la loi C-18 sur l'information en ligne s'inspire d'une mesure similaire introduite en Australie en 2021.
Thierry Mathieu, e-crossmedia, le 19 décembre 2023.
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Flagrants hommages pas délirants pour Claude Villers, précurseur radiophonique à bien des titres, qui a aussi failli préfigurer avec son Tribunal, le crossmédia … (le 18-12-2023) |
Il préside … Nous le voyons, même si c’est le son qui domine.
Claude Villers, qui s’en est allé ce samedi, s’impose justement de par sa superbe au panthéon des pros de la radio. La vox populi s’exprime sur les réseaux sociaux depuis l’annonce de son départ vers le paradis des journalistes. Dorénavant il "marche et rêve" pour paraphraser l’émission culte qui a tant fait rêver les auditeurs qui avaient, dans les années 80, "quelque chose entre les oreilles." Comme içi à Bourges ou à la Réunion ....
"Hors norme, et imaginatif en diable" ... Comme en témoignent, il y a quelques années déjà, trois de ses collègues et amis : José Arthur, Daniel Mermet , et l'une de ses réalisatrices, Maïté Vasseur...
Le Tribunal des flagrants délires s’impose à toutes les mémoires. Chaque internaute qui active un moteur de recherche tombe sur des archives, en majorité en audio : l’INA a mis a dispo nombre d’enregistrements des 2 saisons de l’émission de France Inter en 81 et en 82 . https://www.ina.fr/recherche?q=le-tribunal-des-flagrants-delires
Pierre Perret, le premier invité, Frédéric Mitterrand , Renaud, Cohn-Bendit, Jacques Séguéla, Guy Bedos, Jean d’Ormesson, Plastic Bertrand, Yannick Noah, Coluche, Léon Zitrone entre autres … Ils ont tous ont comparu à la maison de la radio devant le tribunal et ont été interrogés par le Président Villers, et ont subi les accusations du ministère public incarné par Pierre Desproges : "Françaises, Français ; Belges, Belges ; mon président-mon chien ; monsieur l'avocat le plus bas d’Inter ; mesdames, messieurs les jurés ; public chéri, mon amour !".
Les invités accusés bénéficiaient ensuite des plaidoiries de Louis Régo. et d'autres venaient témoigner en faveur du prévenu radiophonique. Enfin le vote d'un jury de 5 personnes tirées au sort parmi les spectateurs en studio permettait à l’accusé de quitter l’antenne après s’être exécuté d’une chanson à contre emploi. Juliette Gréco a par exemple entonné le gold de Chantal Goya : "Bécassine c’est ma cousine" …
Mais au-delà du patrimoine sonore, ce qui frappe les esprits ce sont aussi les versions vidéos qui sont disponibles sur le web et qui conduisent à penser que cet emblème du divertissement en matière de radio aurait du être précurseur : De la radio , qui reste de la radio , mais qui, filmée avec talent et de beaux moyens, a également une valeur ajoutée en tant qu’image. De ce point de vue aussi, ce concept est un flagrant délire précurseur de ce qui s’impose toujours plus , de jour en jour : la co-diffusion ! En réalité, deux émissions seulement ont été captées en image, et le même jour, par un réalisateur de renom qui n’est autre que Claude Berri. Le jour ou le Tribunal a passé au crible Jean-Marie Le Pen, et aussi Patrick Poivre d’Arvor,
Il y a même eu un pilote avec Jean Carmet pour invité , destiné à un projet de diffusion en télé, en mars 81. Mais elle n’a été programmée que 10 ans plus tard, le jour du décès de l’acteur … L’idée de co-diffuser, d’optimiser la production pour ne pas dire de rationaliser les moyens, n’en était qu’à ses débuts … Au réquisitoire de la qualité, le public aurait sans doute acquitté l’équipe de Claude Villers menée par Monique Desbarbat, de tout soupçon de basse œuvre médiatique mercantile …
Thierry Mathieu , e-crossmedia, le 18 décembre 2023.
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“Pour le journaliste, tout ce qui est probable est vrai” écrivait Balzac. Critique historique de la profession, ce soir à la TV, avec le film “Les illusions perdues”. (le 16-12-2023) |
1830 : La révolution de Juillet permet à Louis Philippe d'accèder au pouvoir. Il succède à son cousin Charles X renversé, en partie, pour avoir remis en cause la liberté de la presse. Figure de l'époque, romancier et auteur de théâtre, Honoré de Balzac est aussi journaliste. Il publie quelques 80 articles et devient même rédacteur en chef et patron de publication. Mais Balzac est également le premier feuilletoniste de la presse française. Les lecteurs découvrent sous la forme d'épisodes dans les journaux, les ouvrages qui deviendront ses grands classiques : La Peau de Chagrin, Eugénie Grandet, ou Le Père Goriot ... Il fréquente de nombreuses redactions, mais il les quitte fréquemment parce ce qu’il se trouve en désaccord avec la ligne éditoriale et la direction de la publication.
C’est son regard souvent au vitriol sur la profession que raconte Xavier Giannoli, dans son film sorti en salle il y a 2 ans, et diffusé ce soir par France 2. Personnage marquant de “La comédie humaine”, Lucien de Rubempré, poète, quitte Angoulême avec sa maîtresse pour aller chercher la gloire à Paris. Il est la risée de la haute société et est abandonné par la jeune femme. C’est alors qu’il se tourne vers le journalisme pour gagner de quoi vivre …
Rubempré côtoie un certain Félicien Vernou, qui est aussi journaliste... Décrit comme cynique et désabusé, il avoue : “Nous sommes des marchands de phrases, et nous vivons de notre commerce” !
Mais un autre personnage plus marquant, que Balzac fait apparaître dans plusieurs de ses livres, marque les esprits : Claude Vignon. Le portrait qu'en dresse Balzac est particulièrement caustique ! Homme supérieur, il incarne la victime de l'intelligence abstraite. “Il dissèque, analyse et dessèche tout ce qu'il touche. Raisonneur et critique par excellence, il est impuissant à créer, à agir, autant qu'à aimer.”
Balzac caricature les différents confrères qu’il rencontre au sein des redactions et ne mâche pas ses mots en les qualifiant de ... “Faiseur d’articles de fond”, “Rienologue”, jusqu’au pigiste qui est surnommé “Le pêcheur à la ligne “ !
Il fait dire à Claude Vignon ... “Le Journal, au lieu d’être un sacerdoce, est devenu un moyen pour les partis. De moyen, il s’est fait commerce, et comme tous les commerces, il est sans foi ni loi. Tout journal est une boutique où l’on vend au public des paroles de la couleur dont il les veut. S’il existait un journal des bossus, il prouverait soir et matin la beauté, la bonté, la nécessité des bossus. Un journal n’est plus fait pour éclairer, mais pour flatter les opinions.”
Pour Christine Marcandier, journaliste et spécialiste de la littérature … “Balzac est sans aucun doute la plus flamboyante incarnation de la figure de l’écrivain-journaliste, de la tension que recouvre ce mot, entre écriture périodique (dans le flux tendu de l’actualité) et volonté d’offrir une œuvre fictionnelle (qui résiste au temps et entre dans l’Histoire). Une tension et des contradictions que Balzac a mués en richesses.”
Ironie de l'histoire Balzac disparait victime, comme bien des journalistes, d'un abus ... Le café ! Peu avant son décès, il confie dans son "Traité des excitants modernes" : "Le café tombe dans votre estomac, dès lors tout s’agite : les idées s’ébranlent comme les bataillons de la Grande Armée sur le terrain de la bataille". Cette surconsommation lui a provoque insuffisance cardiaque, œdèmes et problèmes rénaux qui ont raison de lui.
Quelques temps avant de disparaître, il porte tout de même le coup de grâce à la profession dans sa “Monographie de la presse Parisienne” : “Si la presse n’existait pas, il faudrait ne pas l’inventer !”
"Les illusions perdues" , avec Benjamin Voisin, Cécile de France, Vincent Lacoste, Xavier Dolan, Gérard Depardieu, Jean-François Stévenin, Candice Bouchet ... Ce dimanche soir sur France 2.
Thierry Mathieu, e-crossmedia, le 17 décembre 2023.
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Tripler d’ici 5 ans les offres destinées aux moins de 30 ans, accélération numérique, proximité … France Télévisions adopte, en mode "Olympique", son budget pour 2024. (le 15-12-2023) |
+ 43 millions d'euros ... Voilà la hausse des recettes publicitaires prévue par France Télévisions en 2024 par rapport à cette année, compte tenu des JO. Elle devrait financer les surcoûts liés à la préparation et ensuite à la diffusion de juillet à septembre prochain du plus grand évènement sportif jamais organisé en France.
Mais au delà de la pub, les JO prennent une place importante dans le budget adopté ce vendredi par FTV. Ils sont l'occasion d'accélerer la diversification numérique, pour lancer la nouvelle génération de la plateforme France.tv. Elle sera au cœur du dispositif de diffusion des Jeux olympiques et paralympiques. Du coup le budget alloué au numérique augmente de 20% par rapport à 2023. Objectif : améliorer la personnalisation et la recommandation de contenus, la distribution sur tous les environnements connectés.
L'enjeu est considérable puisque la consommation de la télévision se digitalise. Comme l'explique Médiamétrie cette semaine ... "Les écrans internet ont investi les foyers et le téléviseur n’est plus le seul équipement utilisé au quotidien pour regarder des programmes TV, en live, en différé, ou en replay / preview. Pour refléter ces évolutions, la mesure de référence de l’audience TV va même évoluer dès le 1er janvier prochain. Médiamat prendra en compte la consommation TV de tous les Français, à domicile ou en mobilité, et sur tous les écrans : téléviseur, ordinateur, smartphone et tablette.
2ème axe prioritaire pour France Télévisions. Le budget pour les programmes dédiés spécifiquement aux jeunes publics augmente de 40%, et doit atteindre 102 M€ en 2024. L'ambition ... Tripler, à horizon de 5 ans, le budget pour la production des offres dédiées aux moins de 30 ans.
Selon une récente enquête IPSOS, 94% des jeunes utilisent quotidiennement au moins un type de média en ligne ou réseau social pour s'informer sur l'actualité, du type Instagram, YouTube, TikTok, Facebook ou Snapchat. Mais sur cette cible, la télévision demeure tout de même la référence pour l’info. Les chaînes "classiques" sont même nettement plus citées que les chaînes d'information en continu. Les médias exclusivement en ligne et les influenceurs sur les réseaux sociaux figurent loin derrière, au même niveau que la radio et les grands quotidiens.
Les jeunes continuent à souhaiter des médias généralistes qui analysent et décryptent les sujets sur un ton sérieux, mais attendent de leur part des formats courts, et faciles à comprendre. Comme tous les acteurs, France Télévisions entend donc poursuivre son offensive sur les réseaux sociaux, notamment pour lutter contre les fausses informations.
3 eme objectifs pour FTV : l’offre de proximité avec les nouvelles éditions locales d’information ICI 12/13 et ICI 19/20. Le budget 2024 donnera aussi la priorité au développement des offres communes à France 3 et France Bleu avec la poursuite du déploiement des matinales radio codiffusées en télé.
Globalement, le financement de ces priorités stratégiques exige, selon France Télévisions, un effort d’économies et de redéploiements évalué à environ 60 M€. Les effectifs ne devraient pas dépasser 9000 équivalents temps plein.
Thierry Mathieu, e-crossmedia, le 15 décembre 2023.
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Notre futur est riche de notre passé ! Deuxième numéro ce mercredi sur France 3 des "héros du patrimoine", dédié aux anonymes qui se mobilisent pour sauver les richesses de leurs régions. (le 13-12-2023) |
Dans les vieux pots les meilleurs potages … Ce mercredi soir est tout d’abord dédié au patrimoine culinaire sur France 3 avec Stéphane Bern qu’on ne présente plus, et un magazine consacré à trois grands chefs cuisiniers du XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècle.
Mais ensuite, la seconde partie de soirée accueille le deuxième numéro du nouveau concept inauguré le 1er novembre dernier “Les héros du patrimoine”. L'émission est consacrée aux édifices religieux en péril, pour lesquels se mobilisent des bénévoles, des associations ... Avec un focus sur la Bourgogne-Franche-Comté.
Adrien Gavazzi, le présentateur, est bien connu des téléspectateurs de Provence puisqu’il y a présenté les éditions du journal regional de France 3.
Il est lui même depuis toujours fasciné par les territoires et leurs patrimoines...
Il y a 5 semaines, le premier volet de ce nouveau magazine était consacré au patrimoine industriel. Il y a été question des sites qui ont marqué l’histoire, entre autre, des Hauts de France ou de Lorraine, comme içi un patrmoine de l’industrie minière à Hersserange.
Ce mercredi, c’est le patrimoine religieux qui est à l’honneur. Adrien Gavazzi : “5000 églises sont dites en péril, 500 sont en grand danger, c'est-à-dire qu'elles peuvent disparaître au cours des années à venir. Quand je dis 'disparaître', je veux dire démolies par des pelleteuses. Ça arrive tous les ans. À la Baconnière en Mayenne, par exemple, une église a été rasée parce qu'elle devenait dangereuse et les municipalités n'ont pas les moyens de les restaurer et comme ça coûte trop cher, on détruit. Et face à ça, on a des gens qui s'investissent pour éviter qu'on détruise des églises, des chapelles, des cathédrales. Alors lorsque c'est une cathédrale, ça va bien”.
“On a vu vendredi dernier Emmanuel Macron sur le chantier de Notre-Dame. La flèche de Notre-Dame se dresse dans le ciel de Paris. Lorsque c'est une cathédrale, évidemment, on investit. Des milliards ont été mis sur la table pour Notre-Dame. Lorsque c'est une petite église d'une petite commune en Mayenne, on investit moins.” …
La première edition de ce magazine, le 1er novembre dernier, a rassemblé à 23 heures quelques 500 000 téléspectateurs : record annuel !
Pour le revoir : https://www.france.tv/france-3/les-heros-du-patrimoine/
Thierry Mathieu, e-crossmedia, le 13 décembre 2023.
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Téléthon 2023 : bel exemple de complémentarité de tous les médias à construire, ou reconstruire, en épousant l'air du temps ! (le 09-12-2023) |
Pour la 37ème fois, les territoires se sont mobilisés pour le Téléthon, porté par France Télévisions, avec au premier plan France 2 et France 3. au benefice de l’Association Française de lutte contre les Myopathies, Cette année encore Radio France a accompagné l’opération. Comme à la télévision, les chaînes nationales et les 44 radios locales ont proposé des émissions et des reportages, donné la parole aux chercheurs, familles et bénévoles … Anonymes ou personnalités engagées ont fait résonner le message de ce formidable défi pour la vie. Un pour tous, tous pour un : contre les maladies génétiques…
Durant longtemps, les 2 entreprises publiques affichaient clairement leur union pour la bonne cause à l’occasion du Téléthon ... Cette complicité a, pour cette édition 2023, disparu. Certains trouveront celà paradoxal, à l’heure où la tutelle enjoint Radio France et France Télévisions à toujours plus et mieux travailler ensemble. Pour cette méga productuion annuelle, comme au quotidien, la pertinence d’une union réfléchie et consentie des médias n’est plus à démontrer dans l'hexagone...
C'est depuis toujours le cas outremer, pour une simple raison : les 9 medias audiovisuels publics de proximité sont forts d’une marque unique, la "1ère". la configuration est plus simple car ses équipes sont toutes salariées par une seule entreprise, FTV. Mais de fait, les équipes des 3 médias, FM, TNT, WEB, travaillent de jour en jour toujours mieux ensemble. Des "directeurs éditoriaux" en charge de coordonner quotidiennement les talents et forces en présence animent d'ailleurs maintenant cet enjeu.
Si ce Téléthon 2023 n'a pas été l'occasion d'avancer dans ce sens en métropole, c'est le même projet d’affichage de l’union de la radio, de la télé et du web, au service des publics, qui doit monter en puissance.
Comme le confirmaient à Ouest France dès le 17 octobre, la PDG de Radio France, Sibyle Veil, et la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte Cunci … “Progressivement, France Bleu et France 3 s’effaceront derrière la marque "Ici". La motivation a d'ailleurs été à nouveau clairement expliquée jeudi dernier à Saint-Etienne par la presidente de Radio France, à l’occasion du 10ème anniversaire de la radio locale :
Mais au delà de la forme, c’est aussi dans le fond la réaffirmation de la singularité de ce type de media qui est en jeu. C’est dans le fond que l’ADN de cette nouvelle offre doit être affirmée ... Ce qu’avait clairement expliqué en juillet dernier la Présidente de France Télévisions à l’Assemblée Nationale.
Plus qu’une valse de logos et d’une simple réflexion marketing, c’est bel et bien une nouvelle “race” de media qu’il s’agit d’inventer. La tâche est ambitieuse et délicate, car disons-le ... Partout dans le monde dans ce cas de figure, les gens de radio craignent de se faire manger par la télé… De plus, l’époque nous montre que ces 2 médias traditionnels redoutent eux-mêmes de se faire dévorer par la puissance du web et des réseaux sociaux !
Qu' internet occupe désormais une place incontournable n’est plus à démontrer, surtout s’agissant des plus jeunes publics. Mais la complémentarité entre les médias traditionnels, est un défi tout aussi ambitieux. Il occupe d’ores et déjà tous les acteurs, tant coté service public que secteur privé. Les émissions co-diffusées en FM, sur la TNT et bien sur en streaming sur le web, se multiplient.
Economiquement celà peut, bien sûr, permettre des gains de productivité, la co-diffusion, co-production peut s'avérer vertueuse. Mais toutes les types d’émissions ne s’y prêtent pas … Autant l’image apporte souvent une valeur ajoutée, autant la puissance du son seul, et l’imaginaire qu’il induit pour l’auditeur, fait preuve d'une puissance affective toujours inégalée…
Dans l’intérêt du public, singulièrement en matière de proximité, ce qui s’écrit et se construit en coulisse ces jours-ci, même si le Téléthon n'en a pas été l'illustration, est un défi éditorial et organisationnel d'envergure. Si tant est que l'histoire s'écrive en s'inspirant de la fameuse formule "Le bon sens près de chez soi "...
Thierry Mathieu, e-crossmedia, le 10 décembre 2023.
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37 ème édition du Téléthon dès ce vendredi soir sur France Télévisions et avec Radio France... Ou comment les médias publics français, sur ce type d'opération, sont les meilleurs du monde ! (le 08-12-2023) |
Coup d'envoi de l'édition 2023 du Téléthon, porté par France Télévisions, avec Radio France . Comme le dit la deuxième partie du numéro de téléphone pour les promesses de dons du grand public c'est la 37 ème édition ... 36 37 !
Tout débute en France le 4 décembre 1987, à 20 heures 30. En direct des studios de Radio France, Michel Drucker, Claude Sérillon, Gérard Holtz et Jacques Chancel se relaient pendant 28 heures non-stop. C’est la plus longue émission jamais produite en France !
L'idée du Téléthon vient des Etats Unis. Jerry Lewis, le célèbre acteur, y a créé dès 1966 un marathon télévisé : vingt-deux heures en studio d’appel aux dons pour les maladies musculaires. L'animatrice française Dorothée propose d'importer l'idée en France, mais personne n'accepte dans un permier temps de l'organiser...
Quelques années plus tard, en août 1986, Pierre Birambeau le papa d'un enfant handicapé de passage aux Etats Unis, s'y intéresse à nouveau. Il constate que l'émission permet à l'époque de récolter l'équivalent de 30 millions d'euros.
De retour à Paris, il contacte les médias nationaux français et fait le forcing. Le Conseil d'administration de l' AFM le charge alors d'organiser l'émission. Il choisit Antenne 2 et FR3. Et il mobilise le Lions Club de France pour que ses membres bénévoles répondent au téléphone. Le parrain n'est autre que Jerry Lewis, l'artiste qui a donc eu l'idée de ce consept outre-atlantique !
Le défi est relevé avec brio puisque, plus de 30 ans plus tard, le Téléthon français est devenu le premier au monde. Il rassemble 5 millions de personnes chaque premier week-end de décembre à la télé, à la radio, bien plus encore sur le web ...
Sans oublier tous les bénévoles et leurs évènements partout en France métropolitaine comme outre-mer dont parlent France 3, France Bleu , et les 1ères qui incitent aux promesses de dons !
Avant, et après les directs, au delà de la télévision et de la radio, l'opération a en effet su investir au fil des ans le champ d'internet et des réseaux sociaux .
Depuis plusieurs jours, le parrain de cette année, le chanteur Vianney a mobilisé ses fans et un très large public ... "Je suis très fier d’être le parrain du Téléthon 2023. J’ai l’intention de tout donner pour mettre en lumière ces parents et ces enfants qui se battent au quotidien, et pour soutenir les chercheurs qui font un travail formidable. Je suis honoré de porter les espoirs des familles et des équipes scientifiques, de partager les victoires et les défis du Téléthon. Je compte sur vous pour me rejoindre dans ce qui va être une superbe aventure !"
Pierre Birambeau qui a su mobiliser les médias publics français disait : "C’était une émission très éloignée de notre culture, impensable en France. On a donc décidé qu’on, allait la faire nous aussi. Ce qui était essentiel était d’attraper le virus américain qui consiste à voir d’emblée les choses en très grand."
L'an dernier le Téléthon parrainé par l'acteur Kev Adams, a permis de récolter 90,8 millions d'euros, le meilleur résultat depuis 2016.
Thierry Mathieu, e-crossmedia, le 8 décembre 2023 |
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Quand le logo rouge aurait du être bleu... A la création de France Inter il y a 60 ans le 8 décembre, les auditeurs avaient choisi à l'occasion d'un concours, de l'appeler France Bleu ! (le 06-12-2023) |
C’est l’histoire "colorée" d’une formidable aventure radiophonique, passée, présente, et à venir. Ce 8 décembre, France Inter a précisément 60 ans.
Ce que ne sait pas, ou a oublié, le grand public, c’est que cette station aurait du à sa creation s’appeler France "Bleu" ... comme l’actuel réseau des radios locales de Radio France !
En 1963 le service public en pleine construction, qui s'apprête à intégrer la Maison de la Radio flambant neuve avenue du Président Kennedy, tente d’afficher une nouvelle offre de radio généraliste puissante, capable de rivaliser avec les stations périphériques, Radio Luxembourg et Europe numéro 1. C’est à l'époque une démarche de marketing pur, pour reconquerir donc un large public. Héritière d’une petite station parisienne née en 1947 et diffusée par un émetteur utilisé jusque-là par les forces américaines. la station s'est appelée ensuite au fil des années "France 1", puis "RTF Inter". Elle se cherche une nouvelle jeunesse !
Initiative osée pour l'époque ... Roland DHORDAIN, le directeur, propose un concours pour trouver le nouveau nom de la radio. C’est un jeu, dôté de prix prestigieux, auquel le grand public est invité à participer : 3 radios appelées RTF comme Radio Télévision Française, vont être mises en onde, il faut les identifier ….
Une généraliste, "RTF Inter", la chaîne de l’information, de la gaité et des conseils pratiques, un programme plus élitiste "RTF Promotion", et "RTF Haute fidélité", dédié à la musique.
Le concours s’appelle "Baptême RTF 64 ", comme en témoigne cette archive de l'INA, une pépite à ne pas manquer !
L'opération connaît un succès remarquable : 171 145 réponses !
Les résultats du vote du public sont clairs et collent aux couleurs du drapeau français :
"France Blanc" pour la culturelle, "France Rouge" pour la musicale et … "France Bleu" pour la généraliste !
Mais Dhordain ne tiend pas compte des résultats du concours, comme le racontent Anne-Marie Gustave et Valérie Péronnet dans leur livre publié il y a 10 ans aux Editions Pygmalion “ La saga France Inter – Amour, grève et beauté “. Il décide que les marques des 3 stations soient "France Culture", "France Musique", et "France Inter" …
Quant à la marque "France Bleu", créée pour fédérer le reseau des radios locales de Radio France, elle voit le jour le 4 septembre 2000, en ignorant absolument cette histoire !
Au delà de cette anecdote, à lire l'explication de la couleur du logo rouge d'Inter, ici :
e-crossmedia, le 7 décembre 2023.
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Les jeunes s'intéressent à l'actu ... Mais pas sur les même supports et pour les mêmes thèmes que leurs aînés. Intéressante enquête du site "The Conversation France". (le 03-12-2023) |
Voilà ce que confirme une enquête intitulée "Jeunes en France" réalisée en octobre 2023 pour "The Conversation - France", avec un échantillon représentatif de plus de 1000 personnes interrogées. L’ambition est de mieux cerner les engagements des 18-25 ans, les causes qu’ils défendent et leur vision de l’avenir.
1 er enseignement : La sacrosainte Matinale durant laquelle les radios engrangent l’essentiel de leur audience, ne fait plus recette sur les jeunes gens. Selon le baromètre annuel de la confiance dans les médias publié par La Croix en association avec l’institut Kantar : fin 2022, 26 % des 18-24 ans écoutent la radio pour s’informer contre 42 % des 35 ans et plus.
L’actu au réveil, ce n’est pas leur came ! Certains se connectent encore sur des Mornings, mais plutôt ceux des musicales. Le plus souvent ils choisissent de se réveiller avec leur smartphone en main pour accéder d'abord à leurs réseaux sociaux, et ainsi capter les news qui mobilisent leurs communautés.
Puisque l’image est aujourd’hui essentielle, d'autres allument la télé ou la regarde en streaming sur leurs smartphones. Dans ce cas, ils choisissent plutôt une chaîne d’information continue.
L’audio en mode flux, c’est-à-dire les offres de radios qui accompagnent leurs auditeurs toute la journée, en incluant bien sur au-delà de la musique et des jeux les infos, correspond de moins en moins à leur attente. En revanche, au moment qui lui convient, et à propos d’un sujet qui le concerne, le jeune adulte en 2023 écoute un podcast pour s'informer.
Mais force est de constater que … La complémentarité du son avec l’image devient incontournable, mais ils regardent plus volontiers l’information produite par les chaînes de télévision sur un autre support que l’écran télé. Leur smartphone, ou leur ordinateur pourra chez certains offrir un accès prioritaire à ces programmes, et sans attacher une importance aussi grande qu’avant à la ritualité des horaires fixes, comme la fameuse et désormais dépassée pour eux "grand-messe" du 20 heures.
L’engagement "partisan" au sens option ou parti politique traditionnel n’est pas apprécié … Ce qui parle le plus c’est l’engagement pour des causes précises comme l’environnement, l’égalité hommes/femmes, ou encore les luttes contre les discriminations.
Les jeunes adultes trouvent leurs infos politiques ailleurs que dans les médias traditionnels. Pour eux, ils n’abordent ces problématiques que par le truchement des luttes partisanes, des groupes parlementaires… En se référant à des médias de niche mais plus engagés, ils dénichent des offres une offre plus adaptées aux causes qui les concernent. 24 % des 18‐34 ans disent s’informer via des acteurs qui se sont fait leur place sur le web, leur média, à l’image de Brut, HugoDecrypt, ou certaines chaînes Twitch. Ces offres sont proches de leur façon de parler, le choix des sujets, et les valeurs véhiculées.
Le sentiment de fatigue informationnelle touche aussi les jeunes gens. L’enquête précise même : "Nous sommes tous confrontés à un défi anthropologique majeur : notre capacité à être tenus informés de tout ce qui se passe de terrible de par le monde est quasi illimitée mais notre capacité à agir n’a pas progressé, ce qui nous confronte fatalement à un sentiment d’impuissance très frustrant voire décourageant : "A quoi bon continuer à s’informer sur la misère du monde, si cela me déprime et génère un profond sentiment d’impuissance ?".
L’enquête conclue sur ce constat … Les médias leur donnent à voir de nombreux exemples déprimants à propos des thématiques qui pourtant les mobilisent : bavures policières, violences, dégâts climatiques …. "Je me sens angoissé ou impuissant face aux informations" dit un tiers des interrogés. Ou encore : "Les médias ne parlent pas des sujets importants pour moi".
"The Conversation France", qui publie cette étude, est un média généraliste en ligne, association à but non lucratif. Créé en 2015, son objectif est d'offrir un contenu éditorial de qualité, fondé sur l'analyse et la mise en perspective. Journalistes, universitaires et chercheurs entendent éclairer le débat public grâce à des analyses indépendantes. Le site revendique 72 000 abonnés à sa newsletter quotidienne, 1,5 million de visiteurs uniques sur son site et plus de 6 millions de pages vues par mois.
https://theconversation.com/medias-les-jeunes-ont-envie-dune-information-qui-leur-ressemble-218264
Thierry Mathieu, e-crossmedia, le 3 décembre 2023.
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Coup de froid ! Les radios commerciales sont menacées car les annonceurs leur préfèrent de plus en plus le numérique… Constat glacial à Québec, c’est l’info locale qui est la plus menacée. (le 02-12-2023) |
Au Canada en général, mais dans la province francophone de Québec en particulier, la crise des médias qui frappe de plein fouet la télévision et les journaux, n’épargne plus la radio commerciale. Ecoutée en voiture, l’émergence du télétravail depuis la pandémie se traduit par une forte baisse de l’audience et accélère toujours plus l’exode des annonceurs vers les géants du numérique. D’après le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, les revenus des stations de radio privées du pays ont chuté de 24 % entre 2019 et 2022 !
Selon Cogéco Média, un réseau de stations AM et FM qui dessert une grande partie du Québec, "la radio suffoque" ! En cause, la révolution du mode de consommation des médias, mais aussi le cadre réglementaire auquel la radio demeure soumise, pendant que des entreprises de diffusion en continu, comme Spotify ou Apple Music, échappent à toute contrainte.
Les entreprises en ligne et les stations de radio se battent pour les mêmes revenus publicitaires, et le même auditoire... "Cependant, les radios commerciales ne jouent malheureusement pas à armes égales avec les plateformes, pour la simple et mauvaise raison que celles-ci n'ont aucune obligation réglementaire !" explique Caroline Paquet la Présidente de Cogéco Média.
"Elles n'ont aucune contribution à verser, n'ont aucune exigence de dépenses en contenu canadien, n'ont aucune obligation de programmation locale et n'ont aucun quota à respecter. Les stations de radio sont soumises à des exigences qui sont devenues "déconnectées des habitudes d'écoute des auditeurs", et du coup les revenus publicitaires des stations qui diffusent en français ont chuté de 20 % en cinq ans !
Le gouvernement et le CRTC, qui est responsable de régir le secteur de la radiodiffusion, demandent aux services de diffusion en continu d'apporter une contribution au système de contenu canadien. Plus que la musique et le divertissement, ce sont surtout les journalistes de proximité qui sont menacés, car c'est bien la couverture de l'actualité par des professionnels qui reste la production la plus onéreuse.
Comme par exemple sur FM 93, une station de la ville de Québec qui totalise plus de 150 000 fidèles, un peu en dessous de "ICI Quebec", la station de service public qui est leader. Ce vendredi matin, la radio privée relaie à l’antenne ce dont vient de témoigner une auditrice au standard …
Après des mois de négociations tendues, le gouvernement du Canada vient de conclure un premier accord, avec Google. Le géant californien versera une compensation aux entreprises de presse en échange de la possibilité que soient relayés les contenus d'informations sur ses plateformes. Google redistribuera aux médias canadiens environ 100 millions de dollars canadiens (67 millions d'euros) annuels. C'est moins que ce que le gouvernement de Justin Trudeau souhaitait obtenir : 172 millions.
Toujours est-il qu'à court terme, un fond d'information temporaire va être créé, pour aider à subventionner les chaînes de télévision et les stations de radio privées en utilisant 30 % des contributions des services en ligne.
De leur côté, les géants du Net estiment qu'ils n'ont pas à payer pour l'information en arguant qu'ils renvoient du trafic vers les sites de presse et que leurs utilisateurs ne sont pas particulièrement intéressés par les "news". Mais dans beaucoup de pays, dont la France, les médias, souvent soutenus par les autorités publiques, cherchent à obtenir une compensation pour leurs investissements dans l'information, qui alimente toutes les conversations et donc le trafic sur la Toile - au plus grand bénéfice des portails du Web !
Thierry Mathieu, e-crossmedia, le 2 décembre 2023.
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