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Sylvain LAFRANCE,

Expert des médias au Canada

 

 

Sylvain Lafrance entre comme journaliste au service de Radio-Canada en 1978 et devient, en 2005, vice-président exécutif des services français de la Société. Il quitte ce poste, après 33 ans au service de l'entreprise, en octobre 2011 pour occuper des fonctions de professeur associé à HEC Montréal. Il dirige aussi la revue "Gestion". Il a été président de la communauté des radios francophones publiques (RFP) et a représenté le Canada au conseil d'administration de TV5Monde.

 

Les pros en passe de gagner la bataille contre les fake news ...

 

 

Premier ministre du quebec

Ce qui est frappant c’est que l’ensemble des médias sait s’impliquer, se réinventer, dans l’urgence, y compris les réseaux sociaux. Ici à Québec, le premier ministre François Legault a même demandé à l’occasion d’une conférence de presse que les influenceurs et les artistes  l’aident à toucher le jeune public . En 24 heures la toile a été submergée de chansons, de sketchs, de parodies, de vidéos qui rappellent les consignes de sécurité face au Coronavirus.


Cotés radios et télé, les équipes professionnelles ont par la force des choses été très agiles et ont réinventé leurs offres. Les rendez-vous d’information connaissent de très fortes audiences, comme l’intervention chaque jour à 13 heures d’une ministre qui fait le point sur l’évolution de la pandémie : c’est devenu une grand-messe incontournable pour un très large public diffusée sur tous les canaux.

 

  • Dans le fond, chacun  ressent le besoin d’une info vérifiée, très professionnelle  …

Slogan Québec.pngIl y a une véritable chasse aux fake-news qui s’opère. De la part des grands médias, mais aussi de chaque utilisateur. Les gens s’autocontrôlent en quelques sortes et recoupent eux même les infos en comparant plusieurs source. Il faut dire que l’enjeu est vital, comme l’est cette séquence  pour tous les médias. Ils vivent une crise dans la crise !

Les entreprises de presse ici comme partout se trouvent fragilisées au plan économique. Et pourtant il leur faut répondre aux attentes même si ça coute cher de réinventer les formats, d’imaginer dans l’urgence de nouveaux modes de production. Les gouvernements annoncent d’ailleurs pour certains des mesures de soutien financier. C’est une question de survie pour certains organes de presse ou de divertissement. Il y a eu ici un groupe de médias régionaux qui s’est construit sur le modèle d’une coopérative de travailleurs récemment : chacun possède une part de son entreprise.  On ne sait pas si ils tiendront le coup …

 

  • Les entreprises, même celles qui sont les plus solides,  devront sans doute revoir leur modèle d’organisation ?

Il faudra répondre aux attentes des publics qui évoluent encore plus à l’occasion de cette crise. C’est paradoxal : les gens sont à la maison, la télé est  allumée du matin au soir, mais chacun a son smartphone à la main et consomme ce qui est proposé sur internet.  La polyvalence va être de plus en plus indispensable dans la pratique du métier de journaliste : savoir traiter une même information pour tous les supports, pour son média d’origine comme la radio par exemple mais également pour le web, voire la télévision. Ici même, à Radio-Canada nous avons été depuis des années précurseurs sur l’évolution des savoir-faire des collaborateurs. L’important est que cette séquence démontre la nécessité pour nos démocraties de donner les moyens aux rédactions de travailler. La leçon la plus essentielle  qu’il faudra retenir de cette crise c’est que les citoyens comprennent la nécessité d’une information de qualité pour tous.

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