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"Il faut encore plus aller de l’avant, impliquer chaque collaborateur. puiser dans l’intelligence collective, accepter des partenariats ressentis comme improbables". Entretien avec Sylvain Lafrance, ex-patron de Radio Canada, directeur de la revue d'HEC Montréal. |
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Voilà la réflexion, en cette rentrée, de l’ex-patron de Radio Canada,
aujourd’hui directeur de la revue "Gestion"
et professeur associé à HEC Montréal.
Dans le dossier qu’il publie,
et qui résonne fort outre atlantique,
il propose une "invitation rafraîchissante à l’imperfectionnisme
et au plaisir d’être humain,
une sorte de redécouverte presque 100 ans plus tard,
de la bonne vieille école des ressources humaines !"
Coup de fil au Québec,
à Sylvain Lafrance …
"La base de cette réflexion peut se résumer en une question :
est-on encore capable d’avoir une stratégie ?
Notre monde a toujours besoin d’innovations et de continuer à faire des découvertes,
mais pour cela il faut retrouver la place de l’humain.
Depuis quelques temps, on observe que les hommes et les femmes sont comme "empêchés" de créer.
C’est comme si nous étions prisonniers de méthodes et pas seulement à cause des systèmes informatiques.
Il faut à nouveau laisser les questions idiotes se poser,
redécouvrir les bons principes des Relations Humaines !
Vous écrivez que "les technologies, les changements sociaux, et les effets de la pandémie
nous ont fait perdre de vue le sens des choses
et fait perdre le sens du travail à beaucoup de nos collaborateurs"
"L’émergence du télétravail, du fait de la pandémie, a évidemment rendu plus difficile les échanges,
il faut recréer la nécessaire et incontournable collaboration entre les individus,
redécouvrir des espaces d’innovation qui engagent chacun.
L’évolution du monde et sa globalisation font que nous sommes en concurrence avec des organisations jusqu’alors inconnues.
Il faut cette prise de conscience et donc savoir retrouver une intelligence collective."
Plusieurs exemples sont sous nos yeux en France
comme les rapprochements radios et télés sur l’info continue avec France Info,
ou l’action régionale avec France Bleu et France 3 …
"Quand nous avons porté au début des années 2000, parmi les premiers sur la planète,
l’évolution de Radio Canada dans la nouvelle dimension de média global,
c’était déjà notre idée,
même s’il s’agissait de faire travailler ensemble des collaborateurs d’une même entreprise.
Quand ce sont 2 entités distinctes, c’est encore moins évident".
"Aujourd’hui, il faut encore plus aller de l’avant et impliquer chaque collaborateur.
Il faut puiser dans l’intelligence collective,
accepter des partenariats ressentis comme improbables.
Il faut travailler de manière agile,
convaincre qu’il faut faire le changement.
Les grandes révolutions se font à partir de petites choses,
d’expérimentations qui parfois tombent dans l’erreur ….
N’empêche, il faut faire des expériences,
accepter pourquoi pas de se planter …"
Un autre exemple en France ces jours-ci avec Laurent Guimier,
le DG information de CMA Media,
propriétaire entre autres du quotidien La Provence.
Il salue les équipes de ce journal pour leur capacité à aller chercher,
au-delà du print,
de nouveaux lecteurs potentiels via les réseaux sociaux …
"Cela me fait penser à ce que me disait mon grand patron il y a une vingtaine d’années
quand nous avons porté l’évolution de Radio Canada.
Il me disait :
Va le plus loin que tu peux, et ne fait rien que tu ne puisses pas défaire.
Mais accorde-toi la liberté, avec tes collaborateurs, de te tromper .
C’est cela l’esprit de transformation agile …"
Le professeur et chercheur en management à HEC Montréal,
Taïeb Hafsi
insiste dans ce dossier sur la stratégie qui,
selon lui,
ne doit pas être une formule désincarnée imposée d’en haut par quelques individus…
"Il dit qu'en effet c'est le contraire !
Elle émerge de différentes parties de l’entreprise,
notamment des travailleurs qui évoluent au plus près des opérations.
Quand les relations entre les individus se disloquent
et que l’engagement des employés envers l’organisation diminue,
l’émergence d’orientations stratégiques pertinentes se trouve compromise.
L’entreprise peine alors à se projeter dans l’avenir ..."
"Le monde est complexe …
Nous avons intérêt à toutes les collaborations,
mais peut-être pas toutes !
Il faut toutefois les tenter,
oser …
Oser, et avoir la modestie de reconnaître le cas échéant que nous nous sommes trompés !
Les leaders doivent être modestes et manager avec agilité,
collectivement.
Pour résumer,
il s’agit de respecter cette magnifique capacité de l’être humain à être souvent imparfait
et, plus encore, utiliser cette imperfection comme source d’innovation ..."
Dossier à ne pas manquer, ici :
Thierry Mathieu,
e-crossmedia,
le 11 septembre 2024.
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