Lire ou écrire sur Facebook ou Insta, c'est du terrorisme désormais en Russie ! "Hitler aurait fait pareil, si les réseaux sociaux avaient existé à son époque". Entretien depuis Kiev avec Omar Ouahmane, grand reporter à la rédaction internationale de RadioFrance. |
"Facebook et Instagram sont des organisations terroristes et extrémistes !", voilà le nouvel acte de guerre lancé ce mardi par le Kremlin.
Quelques jours après le début de "l’opération spéciale" lancée en Ukraine, Meta avait déjà été déclaré "extrémiste" par un tribunal russe.
Aujourd'hui , utiliser l’une de 2 plateformes peut donc conduire tout citoyen russe au tribunal.
Pour le Kremlin, les opposants échappent à la propagande d’état diffusée par les télés et radios officielles.
Entretien depuis Kiev avec Omar Ouahmane, grand reporter à la rédaction internationale de Radio France :
"Hitler, si les réseaux sociaux avaient existé à son époque aurait fait pareil, sans même avoir besoin de Goebbels qui était en charge de la propagande !
Les réseaux sociaux en temps de guerre diffusent souvent la réalité des faits, qui ne sont évidemment pas racontés par les médias d’état.
J'en ai été témoin ces derniers jours à Zaporijia.
Alors que la Russie a officialisé l’annexion de la région où les combats se poursuivent, un convoi de civils a été attaqué, vendredi.
Un missile a laissé un cratère sur le grand marché automobile d’Orekhovo, j’ai rencontré sur place les survivants.
Par chance, au moment de la frappe, ils s’étaient éloignés de leur voiture pour boire un café ou fumer une cigarette.
J’en ai couvert des conflits, mais un tel massacre j'en ai rarement vu :
il y avait des cadavres partout, une famille entière a été décimée, même le chien est mort.
Les médias russes ont dit que c’étaient les Ukrainiens qui avaient bombardé, mais évidemment pas les réseaux sociaux.
Des photos et des témoignages ont été publiés, et les internautes ont pu connaître la réelle cause de cette tragédie.
Poutine maîtrise encore, par ses médias d’état qui ne sont devenus que de outils de propagande, une partie de sa population.
Mais il craint de perdre ses élites, qui s’informent par internet, et de jour en jour comprennent que ce n’est plus possible !
Les réseaux sociaux sont devenus une arme de guerre …
Nous même, les Français, nous avons connu cela il y a peu en Afrique avant que nos soldats quittent le Mali.
Le pouvoir local, avec les Russes et les milices Wagner, ont accusé nos militaires d’avoir commis un massacre.
Mais heureusement un drone français avait pu filmer la scène, et les autorités françaises ont diffusé les images sur les réseaux sociaux.
On voit distinctement que ce ne sont pas des soldats envoyés par Paris qui ont commis ce crime !
Tout combat s’écrit aujourd’hui sur le terrain mais aussi sur le web.
Ça a été le cas en Ukraine au début de l’opération spéciale lancée par Vladimir Poutine à Butcha.
Grâce aux images enregistrées quand ce village a été martyrisé par les troupes russes, il est évident que les crimes de guerre, les viols, ne peuvent être niés.
Pourtant, à ce moment-là, Volodymyr Zelensky était peut-être prêt à négocier à propos des régions du Dombas, voire sur la Crimée.
Mais avec ce massacre prouvé, documenté, dans le monde entier via les réseaux sociaux et bien sur les médias occidentaux, il n’en a plus été question.
Il faut savoir que les soldats russes qui diffusent des images du terrain sur Facebook ou Instagram risquent la cour martiale !
Depuis l’attaque du pont en Crimée, la tension ne fait que monter …
Poutine est en train de perdre la guerre sur le terrain …
62 000 soldats russes sont morts depuis le 24 février, alors Poutine est dans une forme de fuite en avant.
Il ne combat pas seulement l’Ukraine, mais une force qui est armée par l’Otan.
D’emblée il a perdu son pari de guerre éclair.
Ces prochains jours, il va perdre à nouveau du terrain avec Kherson que les troupes de Kiev vont reconquérir.
Ça sera à n’en pas douter un nouveau tournant, mais ses médias communiqueront à nouveau en travestissant la réalité.
Les journalistes ne peuvent plus travailler, les citoyens sont muselés...
En attaquant Kiev lundi matin, il ne cherche qu’à "rassurer" une part de son opinion publique, mais il est aux abois.
Il n’a qu’un choix, pour contrôler la marmite de son pays, c’est de la fermer avec un couvercle de manière la plus hermétique possible".
e-crossmedia, le 11 octobre 2022.
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