Pierre-Marc DUFRAISSE ,
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4922 communes devraient organiser le 2ème tour de l’élection municipale le 28 juin, si toutefois le Conseil Scientifique donne son feu vert 2 semaines auparavant. Si le maire est le dernier élu «à portée d'engueulades» comme le dit le Président du Sénat, il est aussi le préféré des français, celui de la vie quotidienne. Pendant le confinement l’hyper proximité a été essentielle en matière d’information. Le COVID-19 a mis en évidence le rôle de la communication des collectivités locales en complément de la presse écrite, radio et télé.
A coté de la presse, la communication des collectivités locales a été plus que jamais précieuse depuis le 17 mars ?
En général, oui, mais il y a eu plusieurs cas de figure. Dans certaines régions la Presse Quotidienne Régionale, comme les radios ou télés locales restent très influentes. C’est moins vrai toutefois dans les grandes agglomérations. En Ile de France par exemple, la proximité est bien difficile à exercer pour la presse traditionnelle, le territoire est immense, équivalent à celui de la Belgique : il y a quelques 12 millions d’habitants !
Les correspondants du Parisien, pour parler de presse écrite, couvrent toujours l’actualité locale. Mais ce n’est pas ce qui retient le plus l'attention des lecteurs ! C'est vrai dans toutes les grandes villes : l'attention se porte majoritairement sur les quotidiens nationaux comme le Figaro ou Libération. Idem pour les radios :L'actu locale ne séduit pas un large public. En termes de proximité, pour ne pas dire de nécessaire «hyper proximité», les municipalités, les agglos comme les départements, voire les régions, ont donc un rôle essentiel, surtout en temps de crise.
Ça passe de plus en plus par le numérique ?
Il y a les sites internet de chaque institution, mais aussi et surtout les réseaux sociaux. Nous nous sommes beaucoup appuyés sur ces canaux concernant toutes les incidences du COVID-19 sur la vie quotidienne des administrés : le respect du confinement, la réouverture progressive des marchés, les distributions de masques … Nous sommes même allés jusqu’à diffuser des messages dans les rues avec des voitures équipées de haut-parleurs !
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Les services de communication étaient-ils préparés à tout cela ?
Pas tous, loin de là ! Si on prend le cas des villes du littoral ou celles traversées par une rivière, elles ont depuis longtemps des plans d’action pour informer les habitants en cas d’inondation par exemple. Elles ont la liste des habitants concernés par un risque potentiel, leurs coordonnées téléphoniques, et peuvent leur envoyer des SMS. Idem pour celles où se trouvent des usines à risque ou des installations nucléaires. Mais c’est loin d’être le cas partout !
Dans le Grand Est par exemple, qui a été la première région frappée le plus durement, il a fallu littéralement inventer des solutions, s’organiser pour faire face et répondre autant que possible aux attentes. C’est le cas de mon collègue de la ville de Mulhouse. Et d’emblée une difficulté a éclaté au grand jour : qui fait quoi ? Quelle part de la mission incombe aux services de l’état, quelles thématiques demeurent à la charge des collectivités ?
Il y a en effet plusieurs acteurs susceptibles, à coté de la presse, de délivrer des infos essentielles pour les habitants …
Du coup cette période a fait évoluer notre mission, elle a été d’une toute autre nature comparée à celle que nous remplissons d’ordinaire. Devoir répondre à une telle urgence, avec des informations si attendues et si précieuses pour les administrés, ça nous a changé des dossiers que nous gérons habituellement Nous traitons surtout du développement des villes, des projets d’urbanisme, de plus en plus aussi de questions environnementales, sans oublier les manifestations qui rythment la vie de la cité ou les associations.
Cette fois les besoins ont été différents.. il a fallu mettre un coup d’accélérateur à la communication des collectivités pour assurer un service d’hyper proximité que la presse traditionnelle n’était pas en mesure d’assumer.
Vous en tirez quels enseignements ?
Rien n’a été simple, loin s’en faut. On a vécu une démonstration par l’absurde du mal de notre pays : le mille-feuille administratif français ! Ca restera un cas d’école sur lequel il faudra rapidement travailler.
Il faut plus de décentralisation, que l’état, décidément, fasse confiance aux collectivités locales !
22 mai 2020
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