Sorry its not set :(

 

Olesia Tytarenko, journaliste ukrainienne à Lviv.

« Quand je vois les maisons détruites à la télé,

je crains qu’un jour ce soit la mienne ».

Sorry its not set :(

 

 

Ancienne correspondante de RFI à Kiev, Olesia Tytarenko est aujourd'hui rédactrice en chef adjointe de la rédaction news de UA:PBC (Suspilne),

le groupe audiovisuel public ukrainien qu’elle espère voir incarner le futur du journalisme indépendant dans son pays.

L'ensemble comprend une chaîne de télévision généraliste - la seule reçue sur la quasi-totalité du territoire national -

une chaîne à vocation culturelle,

vingt-quatre chaînes régionales

et quatre radios.

Olesia travaille depuis quelques jours depuis Lviv, la ville proche de la frontière polonaise à l’ouest de l’Ukraine.

 

 

« Pour les confrères occidentaux, je suis en lien avec des organisations qui repèrent des gens pour les épauler en étant leur «fixeur».

Ces personnes connaissent le terrain, accompagnent les équipes et assurent les traductions pour, par exemple, CNN, la BBC, ou encore l’équipe française de "Quotidien" pour TF1.

 

(e-crossmedia ) : Un fixeur de Radio France a été enlevé et torturé pendant 9 jours par l'armée russe . C'est le groupe de radio publique français qui a alerté Reporters sans frontières de sa disparition.

https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/ukraine-un-fixeur-de-radio-france-a-ete-enleve-et-torture-pendant-neuf-jours-par-l-armee-russe_5033271.html?fbclid=IwAR1o9-GX4MTn8fYjcPsseEiPw4mo_9o9hmGkTfvtZiTzsDYC69rJfm58tRo#xtor=CS2-765-%5Bautres%5D-  
   

 

 

Olesia Tytarenko :

"Dans le cadre de mes propres fonctions, force est de constater que cette crise accentue une tendance que nous avions identifié : la proéminence des réseaux sociaux.

Nous avions d'ailleurs, avant la guerre, repensé notre entreprise sur ce constat : Internet mobilise toujours plus l’audience et gagne du terrain sur les médias traditionnels.

Nous y avions réfléchi avant cette tragédie, en voulant construire un nouveau service sur le modèle de la BBC avec le web au centre. Sorry its not set :(

Je gère donc avec les équipes cette réalité.

Comme tous les médias sur la planète nous regardons les images postées par les internautes, nous les authentifions, et ensuite nous travaillons en y apportant notre rigueur professionnelle.

 

 

Votre président, Volodymyr Zelensy, favorise d’ailleurs les réseaux sociaux. On le voit prendre la parole tous les jours en mode «selfie»

et s’adresser en direct au monde entier …

 

Sorry its not set :(Il connait le monde de l’audiovisuel sur le bout des doigts et a bien compris que c’était une arme à part entière.

Il travaille l’instantanéité et touche ainsi le plus grand nombre au niveau mondial, au moment où il le souhaite, en fonction de sa stratégie.

Votre Présiddent Emmanuel Macron y a recours lui aussi parfois …

Ce sont des messages courts, concis, sur un angle précis. Les membres de son gouvernement et du parlement font de même.

Nous-mêmes, nous intervenons dans la foulée.

Ces publications sur le web donnent lieu à du décryptage, des explications, nous enrichissons ce qui est dit sur le web dans le cadre d’émissions à la radio, à la télévision, et bien sûr aussi sur nos propres sites.

 

Quel regard et quelle oreille portez-vous sur le travail des reporters étrangers depuis le 24 février ?

 

Les médias russes, nous ne les regardons plus comme des journalistes.

Ce n’est plus de l’information…

Pour les occidentaux, les confrères de l’ouest, ils rendent compte de ce qu’ils constatent sur le terrain. 

Cette fois ils ne passent pas à coté du sujet, ce qui n’était pas le cas en 2014.

Les manifestations pro-européennes, surtout à Kiev place Maïdan, avaient débuté à la suite de la décision du gouvernement de l’époque.

Il n'avait pas signé un accord d’association avec l'Union Européenne,au profit de la Russie.

La guerre du Donbass a été provoquée par la Russie et sa volonté d'influencer l'ukraine.Sorry its not set :(

La presse internationale ne l’a pas vraiment mesuré.

8 ans plus tard, voilà ou nous en sommes …

 

 

 

 

A part en Russie et ses pays inféodés,

les reportages diffusés aujourd’hui par les médias traditionnels rendent compte en effet de la tragédie que vit notre pays.

Et les partages viraux sur les réseaux sociaux propagent la réalité des faits.

Mon propre ressenti, en tant que journaliste ukrainienne est forcément différent.

Chaque fois que je vois l’image d’une maison détruite par un bombardement, je me disque demain , ce sera peut-être la mienne …

 

e-crossmedia, le 21 mars 2022.

 

 

 

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