Jean Castex un homme de terrain,
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«Reconstruction sociale, économique, environnementale et locale», voilà les axes prioritaires sur lesquels devra travailler le nouveau gouvernement que doit former d’ici mercredi Jean Castex, le premier ministre.
Il est énarque mais il se serait «dé-technoisé» grâce à ses mandats locaux … Le nouveau chef du gouvernement a été réélu mi-mars au 1er tour maire de Prades dans les Pyrénées orientales avec 76 pour cent des voix.
Jean Castex a été par ailleurs conseiller départemental et régional ; il a la réputation d’être un homme de terrain.
De plus il a été jusqu’à ces dernières heures "Mr déconfinement", délégué interministériel en charge de la sortie de la crise.
Sa feuille de route précise qu’il lui faut donner un coup d’accélérateur à la décentralisation, à la proximité géographique au sens où l’entend le public.
Face aux réseaux sociaux, larges diffuseurs de fake-news, les médias professionnels apparaissent plus qu'essentiels en ces temps de doute, voire d'angoisse. Déjà les plans sociaux s'additionnent de jour en jour et les éditorialistes économiques avancent le chiffre de 900 000 emplois qui devraient disparaître au second semestre.
Force est de constater que les haut-parleurs de la vie démocratique que sont la presse écrite, les radios, ou les télévisions sont, comme tous les secteurs, d'ores et déjà passablement fragilisés, voire menacés de disparition.
Les situations les plus critiques sont d'ailleurs celles des médias dits de "proximité", dans les territoires : les exemples ne manquent pas !
Le dernier en date est le cas du "Quotidien", l’un des 3 journaux de la Réunion qui a demandé à être placé en redressement judiciaire. "La crise du secteur de la presse écrite, la crise Covid, et une décision prud'homale, ont imposé l'ouverture de cette procédure", argumente la présidente du groupe à qui appartient le journal
Dans la Caraïbe, France Antilles a été sauvé des eaux par l’homme d’affaire, roi du digital, Xavier Niel. Seul propriétaire du groupe Nice Matin, il a débuté avec le créneau du minitel rose et s’est imposé comme l’un des fleurons de la «french-tech». Il s’est donc lancé dans le plan de restructuration du quotidien qui couvre la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique.
Il y a fort à parier que la mutation vers le digital sera privilégiée. L’entité sera dirigée dès septembre par Claude Perrier, ex dirigeant de France Bleu, et de la Provence
D’autres médias ultramarins du secteur privé sont toujours à la peine du fait de la chute des recettes publicitaires dues au COVID-19. Certains parmi les plus solides financièrement pourtant, préparent des plans sociaux, d’autres sont déjà prêts à mettre la clé sous le tapis. Une audition des représentants de ces médias par la commission en charge des outremers à l’assemblée nationale il y a 5 semaines n’a permis pour l’instant aucune avancée : ces entreprises qui ont pourtant continué à travailler pendant la crise pour rendre service à leurs publics attendent impatiemment des aides de l’état. C’est outremer que la situation apparaît comme étant la plus difficile : les zones de chalandise limitées rendant plus difficiles le rebond d’après crise, du fait de la fragilité des marchés publicitaires potentiels.
En métropole aussi nombre de médias ne cachent pas non plus leurs difficultés et projettent des restructurations.
Bien sûr le cas emblématique c’est le groupe Altice (BFM – RMC) qui projette un plan de licenciement de quelques 500 salariés, ce qui a motivé une grève inédite qui a conduit à la non-couverture des élections municipales. D’autres grands noms du paysage audiovisuel profitent manifestement de l’époque pour précipiter un virage stratégique, pour optimiser les coûts de production : nombre de radios ou de télévisions privées s’apprêtent à réduire la voilure.
Une autre grande enseigne a d’ores et déjà pris pour des raisons économiques et stratégiques, une décision lourde qui touche à son ADN : le Parisien ne proposera plus ses éditions départementales. Les lecteurs ne disposeront plus que d’un cahier «grande région Ile de France», le journalisme de proximité si difficile à exercer dans cette région de 12 millions d’habitants perd un support unique. Aucun autre média, tant public que privé en écrit, en radio ou en tv, n’a jamais réussi à performer sur ce terrain.
Reste le service public de l’audiovisuel, dont on sait déjà que le projet de restructuration en holding «France Médias», annoncé avant la crise sanitaire, est abandonné.
Globalement, et selon le Monde, les médias et la communication bénéficient de la part de d'état dès maintenant de 985 millions, tandis que la presse, plombée par le redressement de Presstalis, est aidée à hauteur de 666 millions.
Jean Castex, homme de terrain en charge de gérer ces dernières semaines au niveau interministériel la sortie de la séquence de la COVID-19, choisira-t il une ou un ministre de la culture et de la communication sensible à ces urgences ?
Le profil choisi saura-t-il conjuguer sortie de crise, difficulté budgétaire, et demande des publics pour toujours plus de proximité ? Tous les intervenants du grand débat initié par le Président de la République après la crise des Gilets Jaunes le demandaient déjà…
Comme Jean Castex l'a dit lui même lors de la passation de pouvoir ce vendredi à Matignon en comparant sa petite commune Prades, avec celle de son prédécesseur Le Havre : " Ainsi est la France, dans sa diversité".
Dont acte !
Thierry Mathieu.
Le 3 juillet 2020.
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