A 13 heures en TV, le champion d’audience, malgré la Covid, ne tire pas sa révérence ! |
Dégustation à Saulxures-sur-Moselotte dans les Vosges au menu du journal de 13 heures hier sur TF1. Un fromage est né durant la crise sanitaire, en raison de la difficulté de gérer la traite des vaches et donc l’affinement. Les Vaxelaire, les éleveurs et producteurs, l’ont nommé «le Confiné». C’est une forme de Munster qui connait un grand succès, bien qu’il ne soit pas à maturité !
De la maturité, Jean Pierre Pernaut lui n’en manque pas. Il lance ce sujet, puisqu’il présente à nouveau lui-même le journal en plateau, après 12 semaines de confinement, en télétravail. Depuis la mi-mars il contribuait tout de même quotidiennement à l’édition de la mi-journée de TF1 mais depuis chez lui. Il proposait le «13 heures à la maison», dans la foulée du journal présenté depuis Boulogne Billancourt par Jacques Legros.
Il y présentait des sujets magazines comme il les affectionne et ne s’était pas privé tout de même d’un coup de gueule à propos des comportements de certains qui lui semblaient irrespectueux et des interdictions décidées par le gouvernement.
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Jusqu’à hier il avait préféré d'ailleurs respecter lui-même des mesures sanitaires optimales, un an et demi après un cancer. Il a d’ailleurs fêté ses 70 ans pendant le confinement.
Jean Pierre Pernaut, c’est 32 ans de leadership à la télévision française !
Jusqu’au 22 février 88, le journal de la mi-journée était présenté par l’extraordinaire Yves Mourousi, mais il s’était publiquement opposé à la privatisation de la chaîne. Francis Bouygues, qui venait d’acheter TF1 avait du coup décidé de changer de stratégie pour faire concurrence à FR3 et a nommé Pernault.
Jean Pierre Pernaut, c’est le champion de France, sinon d’Europe, du concernant.
Sauf événement exceptionnel, son 13 heures débute immuablement par la météo. Les faits incontournables du jour ne sont présentés qu’en une dizaine de minutes.
L’essentiel du rendez-vous est ensuite consacré au patrimonial, à la vie des régions, au quotidien des téléspectateurs avec une volonté affichée d’approche positive : les plus beaux villages, les plus beaux marchés, les commerces qui cherchent des repreneurs dans les villages …
De nombreux sujets ont leurs déclinaisons depuis des années sur les réseaux sociaux, et font l’objet de contributions participatives au travers de concours, de vote sur le web.
Ce n’est pas un hasard : la substantifique moelle est produite par des équipes de Journalistes Reporters d’Images affiliés aux organes de Presse Quotidienne Régionale : c’est l’anti «intra-boulevard périphérique parisien », même si à quelques mètres près, le siège de TF1 se trouve effectivement à l’extérieur du dit périph ! Compte tenu de l’horaire de diffusion le rendez-vous cible par ailleurs beaucoup d’inactifs, et beaucoup parmi eux de retraités : ce positionnement stratégique est assumé, et revendiqué. Les angles correspondent au public, c’est une véritable démonstration quotidienne de marketing d’antenne exemplaire, d’autant que le rendez-vous à la télé vit 24 heures sur 24 via les réseaux sociaux…
Le retour de Jean Pierre Pernaut à l’antenne hier, lundi 8 mai à 13 heures, n’est pas qu’un signe anodin, comme le remake d’un jeune Papy qui ferait de la résistance et qui aurait lui aussi, à sa façon vaincu le coronavirus. Il est comme un élément symbolique de notre société dans sa réalité qui ne peut se satisfaire des plateaux globalisés imposés par les médias centralisés quand ils ne sont pas d’info continue.
Même s'il ne présentait pas l'ensemble de l'édition, " son " journal est, encore plus que d'habitude, apparu durant le confinement comme une soupape de sécurité, un peu d'air frais dans cette atmosphère viciée par le virus.
Crise ou pas crise, depuis 32 ans, ce rendez-vous de la mi-journée est également le symbole d’une entreprise qui a su évaluer la réalité d’un marché noble, celui des attentes de certains consommateurs de médias, singulièrement en milieu rural, pour ne pas dire de la «France Périphérique». Pernault, immuable, sait cibler avec succès son public. Il a ses fans et ses détracteurs…
Il est de bon ton, dans la confrérie des journalistes, de dénigrer le 13 heures de TF1 :
« Ce n’est pas un journal, c’est au mieux un magazine »…
Reste que l’histoire du fromage le «confiné» a été mis en vedette à une heure de grande écoute et dégusté par quelques 7 millions de téléspectateurs. C’est cela aussi la vraie vie, «concernante» de ce pays.
Au pays des 1000 fromages il faut, pour concerner son terrain, être un affineur en matière de proximité, géographique mais aussi et surtout affective..
Thierry MATHIEU.
le 09 juin 2020
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