Nicolas Boissez, Fondation Hirondelle. L’info est une composante essentielle de l’aide humanitaire. Nous apportons notre soutien aux pays en crise donc à l'Ukraine. Pour aujourd’hui, et pour demain. |
Basée en Suisse, la Fondation Hirondelle pratique et défend un journalisme rigoureux et responsable dans des contextes de conflit, post-conflit, de crise humanitaire ou de transition démocratique.
3 axes principaux : produire et diffuser des programmes d’information et de dialogue en utilisant les supports les plus adaptés aux publics radio, TV, sites web, réseaux sociaux, applications mobiles…
Actions de formations et d’appui éditorial, managérial et structurel.
Nicolas Boissez, Délégué à la communication et aux relations extérieures :
« Nous sommes en Europe ! Les médias ukrainiens sont très bien structurés, souvent dans l’avant-garde et la créativité d'ailleurs, ils sont très dynamiques sur le web.
Ils ont monté déjà depuis plusieurs années des formes novatrices de financement des média, au-delà des structures traditionnelles publiques, ou privées qui étaient souvent financées par des oligarques …
Il y a beaucoup de sites web indépendants.
Mais évidemment du fait de la guerre, ils se retrouvent en grande difficulté sécuritaire, matérielle, logistique.
Ils ont besoin d’argent pour fonctionner, mais aussi de gilets pare-balles, de casques pour leurs journalistes.
Nous aidons ceux qui nous apparaissent les plus fiables en levant, notamment en Suisse, des financements,
comme l’ont fait d’autres organisations comme Reporters Sans Frontières -qui ouvre un bureau à Lviv- ou l’Unesco.
Il s’agit de garantir à la population ukrainienne des sources d’information nécessaires, fiables.
Ce n’est pas la première fois que vous intervenez dans ce pays …
Le fait que la situation dans ce pays dégénère ne nous a pas franchement surpris.
Même si comme tout le monde nous sommes choqués et bouleversés du retour d’une guerre aussi brutale et violente sur le continent européen.
Chacun pensait que nous étions passés à d’autres formes de conflit, comme des cyber-guerre et ou des guerres de l’information.
Là ce sont des batailles à l’ancienne.
Mais en effet, comme beaucoup d’organisation d’appui aux médias, nous nous sommes intéressés à ce pays depuis plusieurs années.
J’étais moi-même allé en 2014 après la révolution de Maïdan pour voir comment aider les journalistes, je m'étais même rendu à l’est à Kharkiv, proche de la frontière avec la Russie.
On n’avait pas trouvé tous les financements nécessaires espérés à l’époque mais nous avions tout de même monté un projet pilote de site web avec des journalistes locaux sur les questions de décentralisation …
Aujourd’hui il s’agit d’appuyer la diffusion d’informations de première nécessité au niveau local.
Et puis surtout nous développons le volet judiciaire, du droit international …
Nous avons à la Fondation Hirondelle depuis des années un site web dédié à ces questions qui s’appelle « justice info » .https://www.justiceinfo.net/fr
Ses équipes traitent des crimes de masse et des attaques aux droits de l’homme de part le monde.
Il est aussi question de réconciliation, de la mémoire des crimes coloniaux, des problématiques environnementales…
Nos journalistes qui travaillent sur ces questions partout sur la planète, sont déjà mobilisés sur ce qui se passe depuis un mois en Ukraine.
Ils sont en lien avec leurs confrères du pays, recueillent les données, les témoignages : leur travail pourra contribuer aux actions d’ores et déjà lancées par les instances internationales, dont la CPI, pour beaucoup basées à La Haye.
Elles contribuent à constituer dès maintenant les dossiers qui serviront à instruire les procès pour crimes de guerre ou atteintes aux droits humains en Ukraine, quand ce conflit sera fini.
Finalement, l’histoire ne fait que se répéter !
Cette tragédie en Europe est assez semblable à un conflit qui avait suscité la création de votre fondation …
En effet ! L’origine d’Hirondelle, c’est le génocide au Rwanda.
Une équipe de pionniers y avait créé Radio Agatashya, qui veut dire « une petite hirondelle » dans la langue locale.
Elle avait pour but d’informer les populations rwandaises, au Rwanda et dans les camps de réfugiés de l'actuelle République Démocratique du Congo, qui étaient en situation de détresse humanitaire.
Nous étions en 95.
Près de 30 ans plus tard les besoins restent semblables.
Quand il y a des conflits extrêmement violents, les populations civiles qui sont les premières victimes de la folie des hommes ont besoin de tout,
et l’information est une partie importante en matière d’aide humanitaire".
e-crossmedia, le 22 mars
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