Maggie et Julie Rose, 2 jeunes élues au lendemain de ces municipales. Elles ont 50 ans d’écart et habitent à 11 OOO kilomètres de distance. Pourtant leur approche des médias n’est pas éloignée… Pour faire savoir leurs savoir-faire, la communication par les réseaux sociaux est décidément devenue aussi incontournable que par les médias traditionnels. |
Maggie Gilbert adjointe au maire, à la culture, à Courseulles-sur- mer, |
Comme journaliste, je reste évidemment attachée aux supports traditionnels que sont la presse écrite, la radio et la télévision. Mais le web est incontestablement devenu une priorité. Notre liste a été élue au 1er tour le 15 mars, mais du fait de la crise sanitaire nous ne commençons vraiment à travailler que ces jours-ci. Pour notre nouvelle organisation, il y a un poste à pourvoir, celui de directeur de la communication. Il est évident qu’au-delà des relations-presse traditionnelles, le savoir-faire en matière de «numérique» est devenu incontournable.
Il faut toujours entretenir les meilleures relations avec Ouest-France, France Bleu Normandie Caen, et France 3 pour valoriser nos événements et sensibiliser le public, mais les publications sur internet et les partages sur les réseaux sociaux sont désormais primordiaux. Je suis évidemment sensible à ces questions et j’ai proposé de sensibiliser mes collègues, en charges d’autres thématiques, à cette question de la communication.
Courseulles-sur-mer est l’une des villes du débarquement avec Juno Beach , par où sont arrivés les Canadiens … Le web est plus pratique que tout autre média pour cibler ce public ami ?
Vous avez déjà pu mettre en œuvre vous-même de nouvelles stratégies pour la communication ?
La semaine dernière, notre nouvelle équipe municipale n’était pas officiellement installée, mais j’ai cherché à maintenir tout de même un événement pour la fête de la musique. En respectant les règles sanitaires, nous avons fait défiler en ville des vieilles voitures de prestige, avec à leur bord des musiciens. Bien sûr, nous avons adressé des communiqués aux organes de presse traditionnels, mais nous avons aussi annoncé la parade sur les réseaux sociaux : succès assuré !
Bien que dans une commune de 4200 habitants nous n’ayons pas les bloggueurs et les influenceurs comme dans les grandes villes, il faut travailler ces nouvelles pratiques ! De par mon expérience, je connais les contraintes des confrères des médias traditionnels qui ne sont pas en mesure, toujours, de diffuser toutes les infos qui leur sont envoyées. En mettant en ligne nous-même nos actus via les plateformes internet et les réseaux sociaux, nous sommes autant organisateurs d’événements que diffuseurs d’info.
Julie Rose Mezino , étudiante et nouvelle élue . Les Avirons, la Réunion |
Vous avez été élue hier soir au sein de la nouvelle équipe municipale. Comment envisagez-vous vos rapports avec les médias : « faire-savoir » vos « savoir-faire » ?
Hier soir, la télé et la radio n’étaient pas présents pour la proclamation des résultats malgré un enjeu tout de même significatif : notre liste a mis fin à la mandature d’un sénateur qui était élu depuis une trentaine d’année sur la commune ! Les médias traditionnels se sont contentés de donner le résultat, mais il n’y a pas eu une réelle couverture de ce qui pour nous, dans la commune, est véritable un événement. D’ailleurs, l’essentiel de notre campagne s’est fait via les réseaux sociaux. Les médias traditionnels ne se sont pas vraiment intéressés à ce qui se passait dans notre commune : tout s’est plutôt passé sur Facebook, en particulier pour les adultes, et puis sur Instagram ou sur You Tube : voilà les canaux les plus influents aujourd’hui, surtout pour le plus jeune public.
Je ne connais pas beaucoup de gens de ma génération qui lisent les journaux de presse écrite, écoutent les radios ou regardent encore la télé. Parfois leurs sites sur le web sont consultés, mais c’est tout. Du coup ce n’est pas sans générer des problèmes. Que ce soit de notre camp ou du côté de la liste adverse, beaucoup de fausses infos ont été diffusées. Il a fallu corriger régulièrement ce qui était écrit, surveiller tout ce qui était posté : il faut de la modération !
Maintenant que vous êtes élue, comment comptez-vous gérer la communication des dossiers dont vous serez en charge ?
Il faut apprendre à gérer en se donnant les moyens de maîtriser la réalité et l’usage actuel des médias, en tenant compte du mode de consommation réel des gens pour les informer et bien les cibler. Bien sûr il reste les canaux institutionnels, les journaux, les radios, les télévisions auxquels je communiquerai l’évolution de mes dossiers, mais il y a surtout aujourd’hui internet et les réseaux sociaux. C’est par ces canaux là qu’on touche le plus de gens aujourd’hui.
Vous allez prendre en charge plusieurs dossiers, dont la création d’un centre d’accueil LGBT sur votre commune. Il faudra donc communiquer et ce n’est peut-être pas la thématique la plus simple …
Il n’y a pas localement sur l’Ile de la Réunion, d’animosité particulière à l’égard de cette communauté, et pas non plus de structure réellement organisée. En tous cas ce n’est pas un sujet dont on entend parler et qui fait polémique. Mais il faudra à l’évidence se donner les moyens de bien communiquer, être attentif à l’écriture. Il peut y avoir des malentendus : certaines phrases peuvent être mal interprétées.
Il faudra faire en sorte que les gens qui ne comprennent pas le projet, voire qui sont contre, ne viennent pas interférer. L’une des missions de cette structure sera de protéger les personnes qui y seront accueillies, comme à Paris, à New York, ou encore a Lyon. L’espace devra être sécurisé, la communication aussi. Pour les médias traditionnels, je m’appuierai sur mes relations de mon père qui travaille dans ce secteur, mais mon attention sera surtout portée sur les réseaux sociaux. Ils sont finalement plus faciles à gérer, les plus évidents. C’est pour moi la réalité du mode de communication d’aujourd’hui.
le 29 juin 2020.
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