José BLEZES, journaliste Radio PÉYI, à Cayenne

 

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José Blézès,
journaliste Radio PÉYI, à Cayenne.

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Journaliste, il a grandi dans le giron de France Télévisions, patron des sports en Ile de France, mais aussi rédacteur en chef à Guyane la 1ère; il a rejoint aujourd’hui Radio PÉYI la première radio privée de Guyane pour continuer à vivre sa passion, la radio.

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Alors que la métropole reprend une vie quasi normale, 2 territoires français sont toujours au cœur de la pandémie du coronavirus. Mayotte dans l’océan indien, et la Guyane en Amérique du sud. Cet immense territoire limitrophe du Brésil et du Surinam est le seul territoire ultramarin à ne pas être une île ou un archipel, et est la 2eme plus vaste région de France après la Nouvelle Aquitaine. La Guyane compte près de 300 000 habitants. La situation y est très critique ce qui n’empêche pas le lancement d’une fusée depuis Kourou, ce qui fait polémique …

José BLEZES :

Je suis tous les soirs à l’antenne, et de jour en jour les témoignages de colère, de désespoir s’accumulent,  ce qui se passe ici est invraisemblable, vous ne vous en rendez pas compte en métropole !

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211 nouveaux cas ont été déclarés positifs hier, vendredi 19 juin, sur 743 tests réalisés. Au total, on compte  1969 cas positifs depuis le début de l'épidémie mais tout s’est précipité depuis début mai, le virus se propage de manière alarmante ! 88 patients sont hospitalisés et 13 sont en réanimation. 5 patients sont décédés du Covid-19 depuis le début de l’épidémie mais nous craignons le pire pour les jours qui viennent.

Nous manquons terriblement de moyens. Le système sanitaire est débordé, certains malades sont transférés par avion en Martinique. Pourtant la situation était plutôt satisfaisante au terme des 3 mois de confinement

 

  • Pourquoi la situation s’aggrave-t-elle de jour en jour ?

Les chiffres explosent, Paris n’a rien compris !Préfecture.PNG
Le gouvernement nous a demandé de nous confiner, comme pour tous les territoires français dès le 17 mars alors qu'à l’époque la pandémie n’était pas arrivée en Amérique du sud. Et puis le 5 mai l’ordre a été donné de déconfiner, quelle absurdité ! C’est à ce moment là qu’il aurait fallu demander aux gens de rester chez eux puisque le COVID-19 entre temps était arrivé.

Tout cela a été décidé par des dirigeants à 9000 kilomètres d’ici, qui pour la plupart n’ont jamais mis un pied en Guyane. Ils n’ont pas en tête que nous ne sommes pas une île, ce qui facilite le bouclage et la sécurisation d’un territoire contre la propagation d’un virus.  Mais un autre élément n’a surtout pas été pris en compte : nous sommes voisins du Brésil.

 

Chacun sait la négligence avec laquelle la COVID-19 a été traitée par Jair Bolsonaro. Pire, la province brésilienne frontalière de notre territoire a été totalement oubliée par son gouvernement. Le virus s’y est propagé, et les clandestins ont continué à débouler chez nous.

 

  • Depuis des années vous connaissez le problème de ces or payeurs qui franchissent le fleuve Maroni ...

Ils ont profité de cette période pour affluer encore plus.

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Déjà, en temps normal, les gendarmes ne pouvaient pas endiguer le flot de clandestins, mais ces dernières semaines ces gens ont en plus importé le virus. C’est la légion qui aurait dû être mobilisée pour se donner les moyens de les arrêter. La circonstance aggravante c’est que nous, nous n’étions plus protégés, puisque le gouvernement avait ordonné le déconfinement.  A la date du 5 mai, le nombre de personnes touchées par le virus était très faible. En un mois,  il a explosé, multiplié par 10 !

 

 

 

    • Qu’en est-il aujourd’hui …

C’est le désarroi, la colère. Les restaurants font faillite, les centres de santé ne sont pas équipés. Un bateau sanitaire de l’armée a été dépêché dans la Caraïbe, mais il n’est pas venu jusqu’à nous, il n’est passé qu’en Martinique et en Guadeloupe.  Maintenant des évacuations de malades par avion ont lieu vers Fort de France. Nous n’avons pas les lits de réanimation nécessaires, et l’épidémie continue de se propager …  

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Les enseignants et les maires ne veulent pas rouvrir les écoles avant septembre mais ils s’opposent aux services de l’état et évidemment du rectorat qui veulent appliquer les mêmes directives qu’en métropole ! Des mesures de couvre-feux sont décrétées de 19 heures à 5 heures, et c'est le cas durant tout ce week-end.  Mais ce qui scandalise le plus les gens, ils l’écrivent sur les réseaux sociaux et ils le disent à la radio, c’est que la santé publique passe manifestement après d’autres enjeux …Un re-confinement est annoncé mais ça ne sera pas avant mardi, alors qu’il y a urgence.

 

  • Pourquoi ?

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Les autorités ont manifestement une autre priorité : le lancement d’une fusée, et donc d’ici là, pas question de stopper l’activité sur le territoire. Véga devait être lancée mercredi depuis la base de Kourou. Mais le tir a dû être retardé à cause de la météo : il doit avoir lieu aujourd’hui ou lundi. Menée pour le compte de 13 pays différents, la mission VV16 concerne l’observation de la Terre, les télécommunications, la recherche scientifique, le développement technologique ou l’éducation, on voit bien les enjeux financiers ! C’est  visiblement ce qui intéresse d’abord le gouvernement, qui à 9 heures d’avion d’ici, néglige du coup la gestion de la crise sanitaire.

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Pour preuve : après le tir, et seulement après, le confinement sera à nouveau décrété, mais d’ici là la situation se sera encore dégradée ! Nous sommes au cœur de la pandémie. Nos médias locaux en rendent compte, mais certains avec beaucoup de complaisance. Ils diffusent la bonne parole dictée par les services de l’état comme l’histoire des distributions de masques, mais nous n’en sommes plus là !

Ici tout le monde se dit que décidément, la seule chose qui intéresse les dirigeants c’est Arianespace. Les territoires ultramarins ont été globalement les oubliés de cette crise, mais la Guyane particulièrement. Et ça continue !

le 20 juin 2020.

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