Avec François CHAPLIN, pianiste concertiste et enseignant.

Dans l’espoir que des concerts  puissent s’organiser cet été, les radios, les télés, mais aussi les artistes tentent de se projeter dans l’avenir.
Le confinement aura en tous cas démontré pour eux aussi que le web est devenu incontournable, en particulier pour continuer à faire travailler leurs élèves.
2 concertistes qui sont aussi enseignants témoignent ce weekend sur e-crossmedia.com : demain la violoncelliste Aurélie Verrier, et aujourd'hui François Chaplin.

Je devais partir au Japon le 25 mars pour une série de concerts de 2 semaines. Ils ont été annulés. En mai , ce devait être en Australie, tout a aussi été annulé; et puis il y avait d’autres dates prévues en France …
Maintenant c’est la saison des festivals. Je dois participer dans le Loir et cher au Festival de Pontlevoy du 17 au 31 juillet. Ce sont des concerts à 2 pianos, la 2ème suite de Rachmaninov, la valse de Ravel avec mes amis Geoffroy Couteau, Jean Paul Gasparian, Florian Noack.
Je dois jouer également au festival Nice Classic live, à nouveau à 2 pianos avec Marie-Joseph Jude, et  puis à Royan le 21 août, des concertos de Mozart…
Ces soirées auront-elles lieu compte tenu des conditions de sortie de déconfinement  annoncées ?
Tous les organisateurs d’événements cherchent des solutions pour que ce soit économiquement viable, puisque le nombre de spectateurs autorisés sera réduit …Après les annonces gouvernementales, on espère tous de bonnes nouvelles !

• Depuis le 17 mars, vous avez eu la possibilité de travailler chez vous …

De jour en jour en apprenant les annulations de tournées, j’ai dans un premier temps été abattu. J’ai ressenti le  besoin de prendre du recul, de me ménager un sas de décompression. J’ai beaucoup marché , j’ai lu, et il s’est passé une quinzaine de jours avant que je me remette au piano ! Je prépare mon prochain enregistrement, :  l'intégrale des Valses de Chopin,  21 pièces chez Aparte.

• Durant cette période avez-vous eu recours comme beaucoup d’artistes au numérique pour conserver une relation avec le public, ou avec vos élèves puisque vous êtes aussi enseignant ?

Le web a surtout démontré, pour moi,  son utilité dans la relation avec mes élèves, notamment ceux du CRR de Versailles.. Certains avaient des rendez-vous importants. Ils préparaient des concours internationaux qui ont été annulés ou reportés. Ca a été le cas du prestigieux concours Chopin à Varsovie qui est reporté en 2021… J’ai eu aussi des étudiants qui sont repartis juste avant le confinement en Chine ou en Corée. Ils m’ont envoyé des vidéos d’eux même au piano pendant qu’ils travaillaient leurs partitions. Je les ai visioné et écouté attentivement   Je me suis ensuite moi-même filmé au clavier pour leur donner mes conseils, les aider à progresser dans leurs interprétations.

• Au plan humain la technologie vous a donc permis de conserver un lien précieux avec eux ?

Oui, même si la qualité du son n’est pas toujours satisfaisante. En tous cas, cette expérience a démontré que des nouvelles pratiques sont possibles.

C’est paradoxal … Comme si, avec les contraintes dues au confinement, la distance avait favorisé  une certaine forme de rapprochement ! Mais il me tarde de retrouver les salles de concert, avec du public ! On a tant besoin de partager des émotions, de communier avec les gens. C’est une source éternelle de réconfort, un besoin d’élévation spirituelle… Le sens du beau, du sacré !

 30 mai 2020