Du micro, à l'élevage et aux fromages ... Ex pro de la radio, il observe depuis son exploitation en Auvergne le traitement de la crise agricole par les médias. Entretien avec Bruno Izard.

Pas trop de "gilets verts" encore dans les médias,

mais des bonnets jaunes,

en référence au mouvement des "gilets jaunes" sans doute...

Mais l'ensemble des médias des villes ont déplacé leurs micros et leurs caméras dans les champs ...

Qu'en pense un ex grand pro de la radio qui a choisi, lui, de revenir à ses racines depuis quelques années,

l'élevage et l'agriculture.

Coup de fil à Bruno Izard.

"Je gagne 3 fois moins que quand j’étais au micro,

mais c’est mon choix de vie !  

Animateur pour les radios locales de Radio France pendant 25 ans,

à Guéret, Belfort, La Rochelle, Grenoble,

et enfin pilotant la matinale à Clermont Ferrand,

j’ai décidé de quitter ce métier pour retourner à mes sources …"

"Je suis revenu à la terre, déjà mes grands-parents étaient agriculteurs en Aveyron.

J’ai donc créé mon élevage de vaches laitières en Puy de Dôme.

Mon fils m’a rejoint depuis 2020.

Notre exploitation est située au pied du volcan, à Laqueuille près de la Bourboule.

Nous produisons des fromages …"

Vous avez les mêmes contraintes horaires que les pros de la radio en charge de matinales …  

Vous vous levez très tôt !

"En effet !

Mais je conserve un regard sur les médias évidemment et en particulier ces jours-ci .

Bien sur que certaines antennes ou titres de presse écrite sont engagés,

c’est pour cela qu’on les lit ou qu’on les écoute,

comme Libé, Le Figaro, ou CNews…

En les consultant, on sait ce qu’on va y trouver :

ils sont politiquement bien identifiés."

Comme pour chaque mouvement social, il y peut y avoir la tentation éditoriale de stigmatiser sur des évènements,

qui peuvent toutefois ensuite s’apparenter au fait divers.

Comme le drame de l’accident de la route en Ariège ...

"Certains cherchent à faire monter la mayonnaise,

mais je ne suis pas dupe !

Globalement les médias que je regarde, que j’écoute et que je lis, rendent compte des évènements de manière assez correcte.

Nous avons en métropole 4 télés d’info continue,

ca suffit largement à pouvoir se forger une idée.

Certains choisissent de donner surtout la parole aux syndicats majoritaires,

d’autres sont plus pluralistes … "

Sur le fond, pensez-vous que la problématique est bien expliquée,

bien présentée aux auditeurs, téléspectateurs, et internautes ?

"C’est le slogan qui s’impose partout sur tous les tracteurs qui résume tout !

Celui qui est diffusé par tous les médias depuis quelques jours qui parle à tout le monde :

"Nous nourrissons la France ".

Nous même, nous  produisons des fromages qu'on vend à un affineur,

et qui les commercialise dans des boutiques de proximité.

Au total,

ce pays ne compte que quelques 500 000 personnes qui se consacrent à cette mission vitale ! "

S’agissant de votre propre vie, comparée à celle que vous connaissiez,

quand vous réveilliez l’Auvergne au micro à la radio …

"Je ne regrette rien de mon choix de vie,

même si l’avenir apparaît compliqué,

en particulier pour Quentin, mon fils."

"Il a choisi de travailler avec moi sur l’exploitation.

Nous aimons notre territoire,

nous y sommes attachés …

D’ailleurs moi-même, au-delà de mon métier d’éleveur,

je suis pompier volontaire …"

Thierry Mathieu,

e-crossmedia,

le 24 janvier 2024.