Témoignage de l'amoureux de la radio qui a été le premier en France à la co-diffuser en télévision ! Comme pour les podcasts et la FM, comment évaluer l'audience réelle des 2 médias qui jouent ensemble, mais avec chacun leur partition ? Entretien avec Frank Lanoux. |
Face à la baisse du nombre d’auditeurs de la radio traditionnelle, comme le montre le sondage Médiamétrie ce jeudi …
Est-il possible d’additionner l’audience des podcasts à celle de la FM, pour connaître le volume réel de fidèles à une station ?
La problématique est la même pour de nombreuses émissions de radio qui se regardent en même temps sur le petit écran,
sans qu’il soit possible de savoir précisément quelle est l’incidence sur les chiffres d’audience.
RMC avec la Matinale et les grandes gueules sur les chaines 23 et 24 de la TNT et BFM,
les 30 matinales de France Bleu sur 44, déjà diffusées en région sur France 3,
RTL avec Julien Courbet sur M6 et RTL2 avec le "Double Expresso" sur W9,
NRJ avec Cauet sur NRJ 12,
France info avec l’invité de 8 h 30 et "les informés",
"Punch Line" d'Europe 1 sur CNews,
les 1ères, outremer, et leurs émissions depuis longtemps proposées en crossmédia …
Coup de fil à Frank Lanoux, qui fera paraître chez Plon le 25 mai son "Dictionnaire amoureux de la radio".
Pour cet artisan de la convergence des médias, la radio ne saurait se donner à voir sans un rapprochement avec la télévision,
un concept aux antipodes de celui de la radio filmée diffusée via le web et les réseaux sociaux.
C’est lui qui a mis à l’antenne la première co-diffusion FM-TV en France, la Matinale d'RMC.
"Maintenant les gens ont des outils pour écouter et voir ce qu'ils veulent quand ils veulent où ils veulent !
On doit être capable de répondre à ces besoins-là, fournir en direct et en replay, par le son ou par l’image, l'intégralité des programmes que l'on produit …
La difficulté bien évidemment c'est que l'image à la télévision prend un petit peu le dessus par rapport à la radio,
mais c'est certainement un mouvement qu'il faut piloter plutôt que de le subir.
Dès que vous commencez à mettre des caméras dans un studio de radio,
il y a bien évidemment un risque sur la qualité de la production …
Par exemple, quand on voit que France Inter continue à progresser à des niveaux très élevés,
on peut imaginer que c’est parce que ces professionnels sont concentrés essentiellement sur le son.
Ça leur permet de produire un programme particulièrement performant et donc de plus en plus écouté …"
Pour les radios qui se sont lancées dans l’aventure de la co-diffusion en télé, comme vous avez-vous-même été le pionnier avec RMC,
il est difficile d’additionner l’audience des 2 supports pour évaluer le réel poids d’un programme …
"Ce sont 2 chiffres différents, on peut tout à fait les juxtaposer …
Quand la radio d'un côté et la télé de l'autre sont contentes de leurs audiences tout va bien !
D'un point de vue commercial, cela reste tout de même 2 espaces différents, qui sont séparés.
Les additionner ca aurait quelque part un intérêt un peu intellectuel et personnel,
mais en soi le plus important c'est qu'on puisse commercialiser chacun des médias !"
Pour séduire les publics, la qualité doit être présente sur les deux supports …
"Absolument !
Les gens consomment de la radio et de la télévision, il faut que ce soit pertinent pour eux des 2 manières :
capter l’image d’un studio de radio cela peut, et encore, convenir pour le streaming sur le web,
mais pas pour le petit écran.
La "radio filmée" qui consiste à mettre des caméras "de surveillance",
avec un décor pas géré,
des journalistes, des animateurs et des invités qui portent des gros casques sur les oreilles …
Ce n'est pas possible !
Si on veut vraiment produire les images de la radio, il faut des conditionsacceptables, et que les images soient séduisantes.
Gare aux cache-misères, par exemple à de pauvres images sensées illustrer une interview diffusée en audio…
Au fil des années et des expériences tout de même, les offres gagnent en qualité.
La technologie est au point, mais les équipes et les organisations ne sont pas encore forcément en place.
Il faut du temps pour que ça gagne en qualité et c'est normal !"
Même avec la montée en puissance du web,
il vous apparaît pertinent que les médias traditionnels unissent leurs forces,
que les co-diffusions radio-télévision continuent à monter en puissance ?
"Vous êtes quasiment forcé d'y penser …
Ce serait idiot de vouloir aller à l’encontre de la technologie et des évolutions, sauf à vouloir se faire doubler par des concurrents !
Il faut être capable de répondre à toutes les formes d’attentes.
Mais il faut savoir le faire, et surtout avoir envie de bien le faire !
Sinon il vaut mieux faire d'un côté de la bonne télévision et de l'autre côté de la bonne radio ! "
Le "Dictionnaire amoureux de la radio" de Franck Lanoux, publié chez Plon, paraîtra le 25 mai prochain.
Thierry Mathieu,
Président d'e-crossmedia,
le 21 avril 2023.
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