Avec Christophe CHEVARDÉ, président de R.C.N
(radio associative, sud Meurthe-et- Moselle)
|
Christophe Chevardé , président de R.C.N
|
Cliquez !
|
Associative, R.C.N. est l’héritière d’une radio pirate du début des années 80. Elle diffuse des émissions culturelles consacrées à l’expression des différences, avec des programmes musicaux et thématiques.
Sa programmation musicale : chanson française, rock, hip-hop, reggae, funk, électro, scène régionale et aussi musique classique.
- La crise sanitaire a eu quelle incidence pour votre radio associative ?
Elle a donné un nouvel élan à R.C.N ! les médias régionaux comme France 3 et France Bleu ont du régionaliser leurs offres, et ont perdu de la proximité géographique avec leurs auditeurs. Les radios musicales privées ont même fermé leurs programmes locaux … Nous, nous y avons vu au contraire une opportunité de renforcer notre présence ! L’antenne est animée par une soixantaine de personnes,ils se sont retrouvés chez eux en confinement, ils étaient bien plus disponibles. Même en étant chacun chez soi, on a réussi à faire un produit collectif, à innover …
Pour la première fois, nous avons pu proposer une émission en matinée, quotidienne et en direct. C’est un luxe que nous avons pu nous permettre durant cette période si particulière ! Les animateurs ont joué à fond la complémentarité avec les réseaux sociaux en réalisant des petites capsules de teasing pour valoriser ce qui se passait d’inédit sur notre fréquence FM. Et ça a fait le buzz …
- Mais au fond ça n’a pas changé l’ADN de votre offre ?
Notre ambition est de diffuser des programmes qui sont une alternative à ceux des médias institutionnels. Ils sont de plus en plus contraints à respecter des formats d’émissions souvent très courts, c’est vrai d’ailleurs aussi pour la presse écrite qui ne consacre aujourd’hui que très peu d’espace à ses articles. Nous, nous avons toute liberté pour proposer des sessions d’une heure sur toutes les thématiques, et c’est très rare en local.Notre fréquence 90.7 nous permet de couvrir tout le sud de la Meurthe et Moselle, la grande agglomération de Nancy mais également les secteurs de Lunéville et de Toul. Mais au delà de la FM, nous sommes également très présents sur les réseaux sociaux. Ils sont aujourd’hui un moyen de diffusion incontournable qui permet de toucher tous types de publics.
- Et pour cela vous vous êtes équipés de caméras …
Oui, un dispositif professionnel ! Nous produisons maintenant de la radio filmée. Indéniablement, du jour où nous sommes passés sur YouTube et Facebook avec nos émissions de la FM en version vidéo, on a capté
un nouveau public. On colle à l’époque, on s’adapte aux nouveaux modes de consommation des médias.Je rêve d’une étude un peu «psychosociologique» sur les auditeurs-internautes.
Il y a eu un rajeunissement évident, mais pas seulement. L’outil radio traditionnel, sauf en voiture sans doute, cède de plus en plus la place aux smartphones. Le numérique à d’ores et déjà apporté du nouveau !
- Votre équipe est plutôt jeune, elle épouse totalement le multimédia ?
Ils vivent quelque chose d’identique à l’aventure des radios pirates il y a 40 ans en matière d’innovation, mais différent dans le vécu collectif. Dans la forme ils testent, ils ne savent pas où ils vont vraiment, mais ils apprennent en marchant. ..Dans le fond ils ont plus une envie d’éditorial thématique que transversal. Et c’est dû à la segmentation de l’ensemble des médias, nous n’y échappons pas. Mais encore une fois je suis preneur d’une étude là-dessus !Il reste la magie de la radio heureusement, mais elle opère différemment aujourd’hui, et ça se fait via le crossmédia.
- Vous êtes quasiment le premier responsable à ne pas parler d’argent, de difficultés budgétaires !
Les locaux d’RCN sont situés dans le quartier populaire récemment rénové du Plateau de Haye. Construit dans les années 70 il était connu sous le nom du «Haut du lièvre». Nous sommes soutenus par des bailleurs sociaux, les collectivités locales et aussi l’état, avec à la marge du mécénat privé.Nous sommes vraiment dans le « vivre ensemble », un maillon de la politique de la ville. Notre capacité de production réside dans la liberté du bénévolat. Ce qui ne nuit, en rien, à la qualité !
Pour preuve, l’une de nos intervenantes, parmi les rares acteurs de l'antenne qui sont rémunérés, vient d’obtenir sa carte de presse.
Son travail, donc le nôtre, est reconnu par la très officielle commission qui les délivre . Nous en sommes fiers !