Brigitte LAHAIE,
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La parole va se libérer avec ce début du déconfinement
Cette période de confinement a-t-elle fait évoluer votre émission et comment l’avez-vous vécue ?
Personnellement je vais très bien, je suis d’une nature plutôt sereine… Comme la plupart des gens qui appellent d’ailleurs. Ce sont des gens qui essaient d’aller bien, qui essaient de vivre dans l’amour et dans le respect d’eux-mêmes et des autres. On est quand même dans une émission un peu particulière… Nous avons abordé toutes sortes de thématiques, comme vendredi dernier, le 8 mai par exemple :
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« Comment faire la différence entre le stress, l’anxiété et l’angoisse ?
Quelles sont les peurs légitimes en cette période de confinement ?
Comment réduire l’anxiété ? »
On a constaté que les gens avaient profité de moi en quelque sorte, de l’antenne, pour faire le point sur leur vie, sur ce qui ne va pas. J’ai trouvé que c’était assez intéressant : comme une sorte de retraite dans un lieu éloigné en pleine nature… Ces moments où on prend le temps de se poser pour faire le point. Il y a des gens qui ont découvert qu’ils pouvaient sans doute prendre un peu de temps pour aller mieux, pour manger mieux …
Contraints et forcés, on a eu le temps …
Oui, on a eu du temps pour soi, ce temps précieux qu’on ne s’accorde généralement pas parce qu’on fait passer des tas de choses avant alors qu’en fait, penser à soi, devrait être la priorité.
C’est ma nature profonde depuis pas mal d’années. J’avais quitté Paris en 90 pour aller vivre à la campagne, cette retraite là, je me l’étais imposée …
La période a du être parfois lourde à vivre pour certains, du fait de la solitude ou de se retrouver H24 avec son conjoint ou ses enfants dans un espace pas toujours confortable …
Vous avez forcément raison sauf que, par exemple, dans le cas d’une femme en souffrance du fait d’un mari violent, elle ne peut pas m’appeler. Elles ne sont pas seules, pas tranquilles, pour appeler la radio. Ces gens pourront m'appeler, sans doute, à partir de maintenant avec le début progressif du déconfinement. Ils se sentiront un peu plus libres à nouveau. Je sais, par certains de mes amis qui sont psys, que la violence a augmenté. Ils ont eu 30 % de plus d’appels. En fait, surtout des SMS, parce que c’est plus discret. Il est souvent question des violences faites aux enfants, ce dont on parle peu. Il faut avoir conscience de la réalité : dans l’être humain il y a le meilleur, mais il y a aussi le pire.
En tous cas j’ai eu en ligne plusieurs fois des personnes qui ont des amants ou des maitresses et qui n’ont pas pu communiquer avec l’autre qui, est en couple. J’ai le souvenir notamment d’une femme qui a une liaison avec un homme marié. Il avait l’air de lui envoyer des messages débordants d’amour, mais elle avait très peur qu’ils ne se revoient plus. Ce type de période développe des angoisses…
J’ai eu aussi des témoignages de méfiance, même vis-à-vis de son propre conjoint, comme si il ou elle pouvait devenir dangereux pour sa santé. C’est assez terrible. C’est un ressenti qui existe aussi tout simplement dans la rue. Pour peu que vous alliez faire vos courses sans masque, vous avez droit à des regards très lourds à supporter.
Il en restera quoi de cette période pour chacun ?
Je pense que deux mois dans une vie, ce n’est quand même pas énorme. J’ai peur que le naturel revienne au galop. Bien sur qu’il y aura forcément des gens qui auront profité de cette période pour se remettre en question.
Mon domaine c’est la sexualité, le rapport aux autres, et je crains que ce virus une fois de plus porte atteinte au rapport aux autres et à la liberté sexuelle. Chaque fois qu’il y a un phénomène de ce genre ils sont remis en danger.
Les émissions comme la vôtre ont manifestement un bel avenir …
Celà fait 19 ans que je fais ça…
Dans la forme, je n’ai pas eu de difficulté à me retrouver devant mon micro, seule chez moi, puisque j’étais en situation de télétravail. Ce qui m'a manqué, dans la période, c’est la complicité que j’ai en situation normale en studio avec les intervenants que j’accueille.
Celà nuit un peu à l’ambiance chaleureuse qu’on peut avoir dans des conditions normales. Dans le fond, évidemment que ce type d’émission perdurera longtemps, et bien après moi.
C’est de l’humain… On est des êtres humains, on a besoin des autres.
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