Proximité = Stratégie gagnante ! Le weekend depuis 2 ans, les retransmissions de basket, hand ou encore cyclisme sur chacune des 24 stations de France 3 sont plébiscitées par le public ! Entretien avec le directeur délégué aux sports du réseau de télé publique régionale, Fabrice Goll.

Pour la 3ème saison consécutive, les antennes de France 3 multiplient les retransmissions sportives régionales le weekend :

stratégie éditoriale gagnante !

Avec 100 directs diffusés cette saison sur le basket ou le cyclisme entre autres, les 24 stations de télé publique de proximité rencontrent un succès grandissant !

Coup de fil à Fabrice Goll, directeur délégué aux sports du réseau France 3

"Comme j’aime le journalisme sportif depuis le début de ma carrière, je suis allé voir il y a 2 ans la direction du réseau qui cherchait à renforcer la proximité dans nos régions .

En discutant, nous avons eu une envie commune qui fonctionne à plein aujourd'hui !

Ce que nous proposons maintenant est vraiment inédit :

il n’y a jamais eu autant de sport sur les antennes régionales et d’ailleurs il n’existait pas de poste de directeur délégué sur cette thématique au sein du réseau.

L’idée est d’être totalement complémentaire de ce qui est diffusé par France Télévisions sur France 2, France 3 ou France 4.

Par exemple quand le Paris Roubaix est retransmis sur tout le réseau de la 3, les régions ne prennent pas l’antenne !

En revanche, quand aucun évènement d’envergure nationale ne s’impose, nous apportons notre valeur ajoutée en exposant des sports qui ont peu de visibilité au delà de leurs territoires.

Vous laissez de côté le foot par exemple ou le rugby, le tennis, la Formule 1 …

Au niveau national, les droits de retransmission de ces championnats sont acquis par FTV ou par les chaines concurrentes du secteur privé.

Les régions couvrent tout de même l’actualité de ces disciplines, mais seulement sous la forme de reportages dans le cadre de leurs journaux.

Mais, donc vous pariez, entre autre, beaucoup sur le basket …

Quand nous avons développé ce projet il y a deux ans, cette discipline n’était plus diffusée au niveau national.

Nous avons donc proposé à la Ligue de programmer des matchs en direct, sur chacune de nos 24 régions en fonction du calendrier des championnats.

Notre chaine de service public assure régionalement chaque weekend le direct sur une rencontre, parfois même deux.

Dans ce cas, ce sont en fait quatre territoires qui sont concernés.

Limoges - Nancy par exemple est diffusé en Limousin et en Lorraine, alors que Pau - Strasbourg est suivi par nos téléspectateurs du Béarn et d’Alsace.

Et celà donne à chaque fois de sacrées audiences :

la rencontre ASVEL-Dijon a été regardée par 700 000 personnes, c’est bien plus que n’importe quel match diffusé par une chaîne payante.

De toutes façons, le sport est fédérateur, et il l’est encore plus quand il est traité en proximité.

Un Nancy-Limoges de basket ferait une audience modeste s’il était diffusé sur une chaîne nationale, alors qu’il fait un carton quand il est retransmis en Lorraine

et en Limousin, sur les territoires qui sont concernés.

Au-delà du basket, nous investissons également le cyclisme avec quelques 32 courses, retransmises elles-aussi dans nos régions.

Nous sommes partenaire de la coupe de France en diffusant une dizaine d’épreuves,

et puis au-delà, nous investissons certains évènements importants en région comme la route d’Occitanie au mois de juin ou le Tour de l’Ain en août…

Au niveau budgétaire, pour vous qui êtes "service public", c’est rentable ?

Nous n’avons pas plus d’argent qu’auparavant pour réaliser ces retransmissions, elles sont financées dans le cadre de l’enveloppe budgétaire allouée à chaque région.

C’est un choix éditorial : les sommes qui étaient depuis très longtemps affectées à la production de magazines ou de documentaires par exemple, sont dorénavant également destinées à la thématique du sport en direct.

Il y a 24 stations, nous avons harmonisé les pratiques pour assurer un niveau de qualité équivalent partout.

Nous avons mis en place des process sur la fabrication, le commentaire, les consultants …

Les rendez-vous à l’antenne sont lisibles aussi pour les horaires : les retransmissions sont programmées partout à 15h15, que ce soit le samedi ou le dimanche.

Au plan local, est ce que la télé et la radio publique - france 3 et france bleu - unissent leurs forces ?

Ce n’est pas toujours évident, puisque les 44 radios de France Bleu couvrent, elles, la ligue 1 et la ligue 2 de foot, ou le Top 14 de rugby, ce que nous ne faisons pas …

En revanche je sais par exemple que récemment, à l’occasion du derby de basket Nancy-Strasbourg, France Bleu Alsace a annoncé notre retransmission.

De notre coté, nous avons valorisé leurs émissions dédiées au sport à la fin de la rencontre.

Le sport est l’un des domaines qui peut contribuer à rapprocher nos deux maisons …

Pour tous les médias le succès passe aussi dorénavant par le numérique, tant pour la communication que pour la diffusion …

Aujourd’hui il faut surtout investir le web.

En fait, nous nous adressons à des communautés.

Les fans de basket ou de vélo sont des passionnés, et ils suivent l’actualité de leur club sur les sites des équipes ou des ligues nationales.

L’enjeu c’est de réussir à investir les réseaux sociaux pour capter l'attention des supporters-internautes et bien annoncer nos évènements sur nos antennes.

Et puis, au-delà de la communication, il ne faut pas négliger le poids du streaming, complémentaire de l'offre traditionnelle de télévision.

C’est évident s'agissant des fans d’un club qui n’habitent pas dans leur région d’origine ...

Si je suis fan de vélo, je peux soutenir mon équipe préférée qui dispute une course régionale en Bretagne alors que j’habite en Corse.

Si je n’ai pas de box associée à mon téléviseur, qui donne accès à chacune de nos stations, je regarde le direct de France 3 mais sur mon ordinateur ou même avec mon smartphone.

D’ailleurs au-delà des audiences en télé, nous sommes très attentifs aux chiffres sur le numérique.

Par exemple : ce qui a marché le mieux c’est le Mondial de Pétanque à Marseille, ça a donné des chiffres incroyables !

500 000 vidéos vues, et près d’un million de visites en 4 jours sur notre site : sur cet évènement, un quart de l’audience a été réalisée sur le numérique !

Quand on parvient à un tel phénomère, cela signifie bien qu'on apporte du service aux publics".

e-crossmedia, le 18 octobre 2022.