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Ex-médiateur des antennes de Radio France et ex-secrétaire général de Franceinfo, elle est aujourd’hui journaliste indépendante et formatrice, notamment, à Sciences-Po Journalisme (également conseillère pédagogique), à l’Université France Télévisions et au CLEMI. Elle est très active pour l’Education aux médias et contre le sexisme. Membre des jurys Fondation Varenne, Zéro cliché et Médiatiks.

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Le Covid-19 exacerbe un poison violent et dangereux, la multiplication des infox Et le confinement offre tout le loisir de s’en repaitre, de les propager et... d’y croire. Le plus scandaleux, c’est lorsque des animateurs et producteurs, dont la seule « déontologie » est celle de l’audience, les relaient en toute irresponsabilité et parfaite inconscience. Le meilleur – ou, plutôt, le pire – exemple reste Cyril Hanouna qui vient de diffuser dans son émission sur C8 de fausses cartes d’un futur déconfinement, tout en reconnaissant qu’il n’est pas sûr de l’exactitude de l’ « info ». Ce qui est catastrophique, c’est que son public est principalement composé de jeunes ou de personnes à faible niveau d’études, qui n’ont pas ni le recul ni les outils pour prendre leurs distances face à un tel « influenceur ».  D’où l’importance de l’Education aux médias.
Dans cette situation inédite d’une telle pandémie à l’échelle mondiale, les médias doivent se montrer irréprochables en terme d’information pour, justement, contrebalancer les infox, la propagande et les « yaqua-fauquon » des réseaux sociaux et de certains partis politiques. La vérité – même difficile – est toujours bonne à dire pour responsabiliser chaque citoyen et en faire un acteur de la vie en société, même confinée. On le voit en ce moment, les médias professionnels regagnent en audience, car il y a aussi cette quête d’une information vérifiée.

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C’est pour cela qu’un outil majeur comme celui que j’ai amené et initié à France info devrait se développer dans les médias : une agence de vérification et de validation de l’information. Depuis 4 ans, toutes les informations diffusées sur l’antenne, le site et les réseaux sociaux par France info sont centralisées, coordonnées, vérifiées et validées par l’agence interne dirigée par Estelle Cognacq. La crédibilité est à ce prix. France Info Coronavirus.pngCet outil est notamment indispensable dans l‘évolution de nos médias en « médias globaux » crédibles.

 

La pandémie et le confinement révèlent d’ailleurs cet avenir incontournable des médias. Le « média global », comme le définissait Laurent Guimier, son concepteur pour Franceinfo, consiste à « produire une information sur tous les supports, avec cohérence ». Les journalistes doivent être capables de produire, au sein d’un même média, en radio, en vidéo et en écrit pour le web et les réseaux sociaux. Il s’agit d’adapter la diffusion d’une information selon le "tuyau"de diffusion et son public.

 

C’est encore plus vrai aujourd’hui avec la difficulté pour la presse écrite à être distribuée par les canaux habituels que sont les marchands de journaux, les distributeurs à domicile ou la Poste. Peut-être une évolution, voire une révolution, pour l’un des journaux français les plus historiques, Le Canard Enchainé, qui avait toujours refusé tout développement numérique et voulait rester uniquement sous la forme imprimée. Confronté à la situation actuelle, il dispose enfin d’un site internet où l’on peut télécharger l’hebdomadaire.

Mais attention, encore et toujours, à cette fracture numérique dont il faudra s’affranchir en offrant à chacun les mêmes outils. Je viens une nouvelle fois de le constater avec mes étudiants de Sciences-Po Journalisme avec qui je fais régulièrement  un point (à distance et en vidéo) en tant que conseillère pédagogique.
Obligés de suivre leurs cours via l’application Zoom, ils ne disposent pas tous d’un réseau performant : les ralentissements ou les interruptions peuvent nuire au bon suivi de leur enseignement.
Polyvalents, les étudiants doivent également produire des travaux en vidéo. Mais là encore, tous les étudiants n’ont pas les moyens de s’offrir un logiciel de montage professionnel sur leur ordinateur personnel. Il a donc été demandé aux enseignants de ne commander aux étudiants confinés que des exercices simples.Ce Covid-19 impose encore plus de responsabilités et d’innovations. Un élan majeur qu’il ne faudra pas ralentir dans « l’après »...

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