Le lab radio. Consultant pour France Médias Monde et la Rai. Ancien Dirigeant chez Havas et Canal+ |
La période de confinement n’est pas prise en compte dans l’enquête "126 000 "de Médiamétrie sur l’audience des radios Janvier – Mars 2020 en métropole. Qu’en pensez-vous ?
La méthode de mesure d’audience actuelle est dépassée. Les éditeurs, les plus grosses radios qui se sont opposées au renouvellement par un système de mesure automatique ne doivent pas être fiers. Du coup ils n’ont pas de chiffres sur la période extrêmement intéressante et inédite. Les gens sont à la maison, l’usage de l’auto radio est quasi nul… Et il n’y a pas de données !
Existe-il un coup d’accélérateur pour les nouveaux mode de consommation des médias ? A la maison chacun a bien plus de temps pour échanger et partager sur ses réseaux sociaux. Les tentations de streaming, ou de podcasts sont peut-être plus fortes, ce qui peut «nuire» aux offres traditionnelles dites de «flux».
Oui certainement. Plus intéressant, du coup que Médiamétrie, nous avons également les données communiquées par l’ACPM – l’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des médias qui prennent en compte la période 16/ 22 mars donc le début du confinement. Il y a une augmentation de 22 % de l’écoute en IP, Sachant qu’en France ca représente en temps normal 16 à 18 % de l’écoute globale des 13 ans et+. C’est énorme !
En fait, et c’est paradoxal, même à la maison, c’est un outil d’écoute en «mobilité » qui progresse fortement. Sans doute parce que chacun a en permanence son téléphone ou son PC allumé. La tentation est grande de l’utiliser aussi pour la simple écoute d’une radio. Le bon vieux transistor ou le tuner HIFI perdent du terrain. On a le smartphone à la main en quasi permanence… C’est plus simple de cliquer sur l’icone d’une radio pour écouter le programme en streaming plutôt que d’aller chercher sa fréquence FM sur un récepteur traditionnel.
Sans avoir de boule de cristal, quelles incidences cette période aura-t-elle pour la suite ?
Il y avait déjà chaque année une petite progression de l’audience en IP, lente mais constante. Pendant le confinement l’écoute des replay ou des podcasts va sans doute également bondir. Mais c’est une intuition, nous n’avons des données que sur l’écoute en streaming, pas sur les replay.
Les savoir-faire des professionnels devront encore plus vite s’actualiser pour coller aux demandes du marché ?
Sans doute. Par exemple les journalistes et les animateurs pour beaucoup travaillent de chez eux. Un de mes ex étudiants l’autre matin présentait le 7 heures d’Europe 1. Après l’avoir écouté je lui ai téléphoné. Il était chez lui, aà l’écoute je ne m’en étais pas rendu compte ! Le travail en «cloud » va sans doute augmenter dans les mois à venir suite à ce qu’on aura appris durant cette période difficile
«A toute chose, malheur est bon» ?
La période en tous cas renforce paradoxalement la raison d’être de la radio, c’est la puissance de la voix d’abord qui compte, quel que soit l’outil par lequel on la consomme. A la différence de la TV surtout ces temps ci, la radio rassure. C’est si précieux par les temps qui courent !
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