Aïcha ZANGO,
|
Cliquez ! |
Le meilleur anti-virus : l'info pro !
Le Studio Yafa est un projet de la Fondation Hirondelle qui a pour objectif de rétablir le dialogue entre la jeunesse Burkinabè et la gouvernance à travers des programmes d'informations factuelles, programmes prévus sur 4 ans et financés par la Coopération Suisse et la Coopération Suédoise. Ils sont diffusés sur 35 radios réparties sur le territoire et couvre 80% de la population. L’équipe de 8 journalistes est coachée par Hervé Yonkeu, ancien rédacteur en chef de BBC Afrique.
En Afrique, comme partout, les journalistes ont du mener 2 guerres de front …
Oui, contre le virus et aussi contre les fake news ! Sur le terrain quand il a fallu y aller, mais le moins possible , nous nous sommes protégés avec les masques et avec des perches à micro pour rester éloignés des personnes que nous interviewions.
Nous avons surtout appris à travailler à distance en utilisant les liaisons numériques. Les gens utilisent peu le téléphone traditionnel qui est très cher. WattsApp et Messenger ont été nos outils quotidiens. Ils permettent d’enregistrer le son pour la radio avec une qualité correcte et aussi de transmettre des photos, voire des vidéos. Il suffit ensuite de les retravailler, de faire du montage, d’écrire, de faire notre travail de journaliste professionnel avant de les diffuser. Auparavant, nous pensions qu’un vrai reportage imposait de nous rendre sur place.
Cette période a démontré que ce n’était pas toujours obligatoire, même si sur certains sujets le regard professionnel est indispensable. Il vaut mieux dans la mesure du possible être témoin de ce qui se passe pour en rendre compte avec justesse et impartialité.
Et puis il y a donc eu la guerre contre les fausses infos …
Le numérique est très utilisé en Afrique surtout pour des raisons financières. Les gens ne se servent pas des réseaux téléphoniques traditionnels qui sont trop chers, ils utilisent les applications gratuites. Ils ont donc accès en permanence aux réseaux sociaux. Ils ont d’abord cru ce qu’il s’y racontait, et paradoxalement les infos diffusées par les médias professionnels ont accentué leur peur.
Dès le matin en allumant la télévision, les gens ont vu des images terrifiantes d’abord venues de Chine, puis des Etats Unis. Et l’OMS avait prédit des millions de morts en Afrique, ce qui heureusement ne s’est pas produit. Le public a vite été tenté d’adhérer à la théorie du complot, en croyant tout ce qui se disait sur les réseaux sociaux ! Ca a donc été très important pour nous, journalistes, de démontrer que non, il n’y avait pas de complot, que l’épidémie était malheureusement bien été réelle et dévastatrice de part le monde. Notre rôle a justement été d’insister pour informer les gens et les persuader qu’ils risquaient aussi d’en être victimes. Il a fallu les inciter à respecter les fameux gestes barrières et les préconisations sanitaires pour éradiquer la propagation du virus.
Cliquez !
Nous avons eu beaucoup recours aux spécialistes de tous ordres pour que tout ce que nous disions soit validé et incontestable. Nos références ont été le site de l’OMS et du ministère de la santé.
Le Corona s’en va, ou il est à peine venu chez vous … Mais le sida reste !
Effectivement le HIV continue de tuer et les programmes institutionnels de sensibilisation ne sont plus aussi importants que par le passé… Actuellement il y a aussi le diabète qui frappe massivement les jeunes, alors que chacun pensait que c’était une maladie qui touchait surtout les aînés. Nous allons dorénavant utiliser les méthodes que nous avons apprises et déployées dans le cadre de la crise du COVID-19 pour informer et sensibiliser les gens à ces maladies.
Le nombre de victimes a donc été heureusement limité, les couvre-feux ont été levés… Comment imaginez-vous l’avenir et les enseignements que cette séquence aura apportée dans votre métier ?
Chaque matin je me demande ce que je vais bien pouvoir traiter comme nouveau sujet, et sous quel angle … Mais avec mes confrères du studio Yafa, nous trouvons toujours de nouvelles idées ! Il faut toujours imaginer la façon de décliner notre travail, pour la radio mais aussi en image. Il faut prévoir les petites pastilles à produire pour le numérique à destination des réseaux sociaux : l’écriture n’est pas la même.
Le courage, le dévouement, et les techniques que les journalistes ont trouvés pour combattre le coronavirus vont être mis à profit pour faire la guerre aux autres maladies. Nous avons aussi, contraints et forcés par le confinement, imaginé de nouvelles techniques de production plus rapides et moins couteuses. Et puis surtout cette période a démontré que le savoir-faire professionnel pour lutter contre les fausses infos, qui font le buzz sur le net, est essentiel.
le 04 juin 2020.
Ce site utilise uniquement des cookies nécéssaires a son bon fonctionnement 💪 !