A Genève, le premier média européen à inclure l’Intelligence Artificielle à sa charte déontologique "HEIDI.NEWS", affilié au quotidien de référence "Le Temps ". A l’heure pile de l’actualité et digne représentant de la légendaire précision helvète ! Entretien avec son rédacteur en chef adjoint Grégory Rozières.

heidi.news est le site affilié au quotidien suisse francophone de référence « Le Temps ».

Fondé en 2019 à Genève, c’est un média en ligne avec une approche et une rigueur scientifique dans le traitement de l'information.

Ses thématiques : santé, climat, éducation, sciences, alimentation ou encore le cyber.

En toute cohérence la rédaction prend donc position à propos des intelligences artificielles (IA). :

"Elles vont bouleverser le monde, en particulier celui du journalisme. Nous souhaitons nous emparer dès maintenant du sujet,

sans refuser les avancées technologiques, mais dans une optique de maintien du cadre et de la déontologie qui président à notre activité,

et surtout de la relation de confiance avec nos lectrices et lecteurs".

D’où l’adoption de cette charte …

Coup de fil à Genève à Grégory Rozières, rédacteur en chef adjoint et co rédacteur de la charte déontologique :

"Dès que Chat GPT a été accessible, nous l’avons testé en publiant un article …

Et nous avons demandé aux lecteurs si à leur avis il était rédigé avec ce nouveau logiciel, ou si c’est nous même qui l’avions rédigé …

Très récemment nous nous sommes également posés la question quand a circulé la prétendue photo du Pape François vêtu d’une doudoune.

Nous l’avons diffusée mais avec des couleurs polarisées, inversées pour bien montrer que ce n’était pas un cliché réel.

Nous nous doutions que cette nouvelle technologie était en train de bouleverser le métier de l’info mais nous ne pensions pas que cela irait aussi vite …

Alors en conférence de rédaction l’idée est venue de l’inclure à notre charte déontologique que nous avons adoptée hier. 

Pour nous, l’IA restera un outil, comme peut l’être un tableau exel ou un moteur de recherche, mais il ne réfléchira pas à notre place, nous en prenons l’engagement."

Vous réaffirmez tout d’abord votre respect de la Charte de déontologie de Munich aussi appelée Déclaration des devoirs et des droits des journalistes,

signée le 24 novembre 1971.

"En effet …

Quoi qu’il arrive, ces Intelligences Artificielles génératives ne doivent pas remettre en cause les principes journalistiques essentiels…

L’IA c’est comme un très beau perroquet qui arrive à faire de très beaux tours comme au cirque, il donne l’impression qu’il est une source, un "sachant",

alors que c’est quelque chose qui n’est que "probabilistique", qui essaie de trouver voire de devenir la bonne réponse.

Ce n’est pas une source de savoir, c’est pour cela qu’elle implique des limites pour bien définir ce qui relève de la créativité de l’homme et de l’ingéniosité de la machine.

Il y a tout de même évidement un potentiel y compris dans notre métier et se dire qu’on ne l’utiliserait jamais serait un mauvais pari sur l’avenir.

Voilà pourquoi, pour améliorer le service rendu aux lecteurs avec l’aide de cette technologie,

nous avons souhaité dans notre charte définir des cadres pour que le rapport à la véracité et aux faits reste inchangé.

D’ores et déjà certains médias qui se prétendent d’information n’ont pas cette exigence.

Ils n’hésitent pas à avoir recours à l’Intelligence Artificielle alors qu’elle ne dit pas à coup sûr la vérité.

Le seul but de cette machine est de répondre à votre question ...

Si elle est mal posée, elle va vous proposer des bêtises, et sans vous dire qu’elle ne sait pas !

Imaginer des diffusions d’info produites sans intervention humaine, c’est un non-sens."

L’histoire de Heidi, la marque de votre site, colle assez bien à l’actualité !

C’est l’ère industrielle, avec ses bouleversements sociaux, qui a inspiré les 2 romans de Johanna Spyri en 1880 et le film suisse le plus vendu au monde, exporté dans 50 pays.

La fillette ne se sent bien qu’à la montagne.

C’est la confrontation de l’univers alpestre, naturel et sain, avec la vie citadine en mutation qui est à l’origine d’un profond malaise …

"La différence c’est tout de même qu’à la fin du XIXème siècle il s’agit d’une mécanisation et une automatisation des tâches manuelles.

Là nous sommes sur une automatisation du créatif et de l’intellectuel,

nous avons d’ailleurs fait un article en expliquant pourquoi cette fois ci, ce sont des emplois de bureau qui sont menacés…

Celà relance tout de même, de la même façon qu’il y a 150 ans, la question :

faut-il en avoir peur ?

Cela entrainera-t-il une destruction massive d’emplois?

Qui seront ceux qui seront lésés ou qui en bénéficiera ?

A l’époque la destruction de métiers à tisser n’a pas empêché la révolution industrielle …

La question c’est plutôt de prendre le train en marche et d’essayer collectivement d’aller dans sa direction,

tout en faisant qu’il embarque le plus de gens possible, en toute sécurité !"

Pour consulter le site :

https://www.heidi.news/

Thierry Mathieu,

Président d’e-crossmedia,

le 12 avril 2023.