"On voit bien que nous n’aurons les moyens de faire vivre un tel maillage d’hyper-proximité dans la durée, tout en ayant une stratégie numérique ambitieuse, qu’à la condition de s’allier davantage avec France 3."
Comment décrypter cet argument livré ce vendredi par Sybile Veil, la pédégère de Radio France, dans l’interview qu’elle a accordé au Figaro,
alors que dans le même temps elle se déclare "défavorable à la fusion de l'audiovisuel public".
Parmi toutes les incidences que ce boulversement impliquerait, Sybile Veil salue dans cet article du Figaro les radios locales de Radio France.
Elle omet toutefois de préciser que les résultats d'audience en FM se situent aujourd’hui très en dessous de ceux d’avant même la création de la marque France Bleu :
5,6% en audience cumulée en mars dernier : c'est 2,4 points de moins que le meilleur résultat obtenu en 2013 quand l'ensemble du réseau a atteint les 8% !
Il y avait alors 4 238 000 auditeurs quotidiens contre à peine 3 millions maintenant, et le réseau comptait pourtant moins de stations…
Choix stratégiques, diminution des moyens, évolution du mode de consommation des médias : la note est salée.
La Présidente insiste en revanche sur l’audience numérique qui connaît en effet un indéniable succès.
La fréquentation de https://www.francebleu.fr/, avec une progression exponentielle depuis quelques années, en fait une offre d'info parmi les plus suivies de France.
Le digital ...
En interne et surtout en région c’est pourtant là que le bât blesse, à tel point que ce dossier brûlant était au menu d'un CSE ces derniers jours en vue de négocier un nouvel accord d'entreprise.
Les organisations syndicales dénoncent un manque de moyens, surtout à France Bleu donc.
Si quelques coordinateurs régionaux répartis dans l’hexagone sont chargés avec une rédaction centrale à Paris de la déclinaison numérique des antennes, la plupart des collaborateurs de chaque station assument cette mission à charge d’emploi : l’entreprise leur demande de nourrir le site internet, en plus de leur travail originel de femmes et d'hommes de radio pour la diffusion des journaux ou des émissions.
De fait pourtant, le rapprochement France Bleu-France 3 est bel et bien en marche !
24 matinales, soit plus de la moitié du réseau des radios locales, sont d’ores déjà co-diffusées en télé.
Même si le déploiement prend du retard par rapport au calendrier prévu, 3 nouvelles stations seront concernées d’ici la fin de l’année à Pau, Orléans, et Périgueux.
Concernant le web, l’application "ICI" réunit depuis quelques semaines les publications des 2 marques France Bleu et France 3, ce que dénoncent toujours les équipes.
Pour elles leur puissante marque "francebleu.fr" se retrouve noyée dans cette offre construite avec les articles rédigés par la télé régionale.
Une intersyndicale, appelle dès mardi prochain, le 28 juin, à une journée de grève et à une manifestation nationale au pied de la Tour Montparnasse à Paris.
Pour le SNJ de Radio France :
"Soyons clairs, jamais nous ne ferons le poids face à la télévision, jamais nous ne pourrons maintenir nos heures d’antennes (le matin pour la radio, le soir pour la TV) …
Au final, si nous existons encore, le risque est celui de devenir des sous-traitants de la télévision :
nous ferions le tout venant de l’actu, le hard-news, et nos confrères de la tv, les reportages plus longs et les magazines ".
La pression monte, dirigeants comme salariés communiquent leurs inquiétudes …
Ironie du sort, il faut se souvenir que c'est à Radio France que l'idée de constituer un ensemble regroupant les entreprises a été lancée par le Président François Hollande il y a 9 ans.
Le chef de l'état socialiste en jetait les bases à la fin de son discours à l'occasion du 50 eme anniversaire de la maison ronde.
( à 18'50" de la vidéo )
https://www.dailymotion.com/video/x18jmgg
Tentée ensuite par Franck Riester, le premier ministre de la culture d'Emmanuel Macron, la réforme a avorté.
Elle refait surface aujourd'hui avec l'annonce de la suppression de la redevance.
Dans l’interview au Figaro la Présidente de Radio France affirme donc qu’elle n’est "pas favorable à la fusion de l’audiovisuel public".
Sybile Veil qui est issue comme Emmanuel Macron de la promotion Senghor de l’ENA (2002-2004), ce qui doit créer des liens, attend surtout des précisions sur le projet d’ensemble avant d’être candidate, ou non, à sa propre succession.
Cette interview serait donc une demande de clarification adressée au gouvernement.
Mais pour certains observateurs cet article pourrait-être aussi un message adressé à ses salariés, une manière de faire de la com interne !
Ou bien ...
Serait-ce une pièce avancée sur l’échiquier en vue de l’attribution du futur poste de grand patron du nouvel ensemble s'il voit le jour ? D'autres dirigeants, comme son homologue à France Télévisions Delphine Ernotte seraient, dit-on, intéressés...
En tous cas, il apparaît urgent de ne plus attendre et tout dépend du "politique".
Quid de cette réforme annoncée pendant la campagne électorale et remise au-devant de la scène par un rapport du Sénat la semaine dernière ?
L’audiovisuel public sera-t-il vraiment une priorité gouvernementale, étant donné le contexte issu des élections législatives ?
e-crossmedia, le 25 juin 2022
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