Les médias savent désormais que plus ils publient de contenu sur les réseaux sociaux,
plus le trafic de leurs sites augmente.
Avec une ambition :
que le public soit hameçonné et revienne sur les flux traditionnels.
Revendiquer dans la communication de rentrée
le fait que les réseaux sociaux considérés comme un "média"
assumé et travaillé,
c'est une étape qui est bel et bien franchie en ce début de grille du côté de France Télévisions,
à Réunion La 1ère.
Cette station est coutumière de l’innovation…
A 10 000 kilomètres du périphérique parisien,
elle a été la première chaîne de l’audiovisuel en France
à se lancer dans le pluri média,
avec sa matinale radio co-diffusée en télévision,
puis en streaming sur le web.
Archive, ici, de 2011 :
Selon Amandine Louguet,
chargée d’études Département des études de la prospective, des statistiques et de la documentation,
et autrice de "S’informer à l’ère du numérique",
publié en novembre dernier …
"On observe des comportements informationnels différents dans les territoires ultramarins par rapport à l’Hexagone.
L'offre de presse papier y est beaucoup moins importante qu’en France hexagonale.
La presse coûte plus cher dans ces territoires alors que le niveau de vie est plus faible
avec une part plus importante qu'en France métropolitaine de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté.
L'usage de la radio y est relativement important avec une offre très développée.
Cela peut en partie s'expliquer par l’importance de l'oralité.
L'écrit a par conséquent une place moins prégnante,
ce qui peut expliquer une moindre mobilisation de la presse papier dans les territoires.
Les pratiques numériques peuvent parfois être plus importantes dans les territoires ultramarins
mais il y a quand même une part de la population touchée par l'illectronisme
et il reste des freins économiques et matériels dus au coût de la vie.
Pour consulter les réseaux sociaux,
il faut un smartphone et cet équipement n'est pas présent dans tous les ménages."
N’empêche ...
La station de France Télévisions à Saint Denis de la Réunion se distingue une fois encore
et affiche une stratégie novatrice dans le paysage audiovisuel français
en revendiquant les Réseaux Sociaux comme son "4ème média",
avec la radio, la télévision et son site internet.
Dans l’hexagone les offres traditionnelles,
qu’elles soient de presse écrite, de radio ou de télévision,
se servent évidemment aussi déjà des RS comme de nouveaux canaux de valorisation de leurs offres,
ou de diffusion complémentaire à la FM ou à la TNT …
Mais sans le revendiquer !
Les RS, compte tenu de l’évolution du mode de consommation des médias, sont incontournables.
Ils sont les 4 par 3 d’antan,
au temps où l'affichage sur les culs de bus comptait encore.
Dorénavant, la visibilité est numérique,
et gratuite !
Laurent Solly,
le directeur de Facebook Europe du Sud,
disait il y a 8 ans déjà …
"Le paradigme a changé :
auparavant, les individus devaient aller vers les médias pour s’informer,
désormais les médias doivent aller informer les personnes !"
Un réseau social ne créé pas de contenu ...
Comment donc peut-il être qualifié de média ?
Il n’est pas dans l’intérêt économique de Facebook de créer son propre contenu.
La monétisation des espaces publicitaires aux médias traditionnels lui rapporte plus gros
que s’il devait payer des équipes entières de journalistes et de rédacteurs en chef
et monétiser son propre contenu !
Ce réseau social comme les autres n’est donc qu’un outil de diffusion,
comme le sont la FM, le DAB+,
ou la TNT !
D’aucuns diront qu’il est donc justement utile de considérer les réseaux sociaux comme un canal de diffusion comme les autres,
simplement pour se donner les moyens de rester en contact avec les publics.
Et il est bon que des organes de presse dignes de ce nom occupent le terrain !
Des lanceurs d'alerte aux fake news, les réseaux sociaux sont des outils qui peuvent en effet être mis au service de l'information...
comme de la désinformation.
Pour faire la part des choses,
il est nécessaire de comprendre la différence entre information et opinion,
entre le principe de véracité et le principe de viralité, spécifique aux réseaux sociaux.
Selon Alexis Lévrier,
maître de conférences à l'université de Reims Champagne-Ardenne,
spécialiste de l'Histoire des médias …
"La crise du journalisme vient notamment du basculement vers le numérique.
Les historiens appellent ça la troisième révolution du livre.
Il y a eu la révolution Gutenberg, la révolution industrielle et il y a le numérique.
Elle est beaucoup plus forte, cette révolution, pour la presse que pour le livre.
Le livre, il va tenir.
La presse est bousculée dans son modèle économique dans des proportions sidérantes.
On voit que les news magazines ne s'en sortent pas.
La presse quotidienne souffre énormément et même les médias traditionnels audiovisuels souffrent de cette transformation brutale,
il y a les réseaux sociaux...
Toutes ces mutations en même temps sans qu'on ait pu trouver un modèle économique,
ont fragilisé la profession de journaliste".
Occuper le terrain des réseaux sociaux pour y diffuser des infos et du divertissement dignes de ce nom,
c’est donc savoir épouser l’époque.
Le revendiquer,
c’est afficher la volonté de ne pas divorcer d’avec les auditeurs et téléspectateurs
qui sont désormais également,
et peut-être devenus en premier lieu, internautes.
Les entreprises privées
comme le groupe M6, Vivendi, CGA CGM engagées elles aussi dans le pluri média
"radio TV Internet"
iront-elles jusque-là ?
Et dans l’hexagone,
France Télévisions avec Radio France sur les projets de rapprochements de France Info radio et télé,
et France Bleu-France 3
sauront-elles se caler sur la même longueur d’onde ?
Ce serait assumer et travailler la complémentarité des supports dans l’intérêt général...
En quelque sorte porter et maîtriser l’incontournable évolution
vers une vertueuse Réunion !
Thierry Mathieu ,
e-crossmedia,
le 20 août 2024.
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