C’est l’histoire, assez révélatrice, de la posture de nombre de dirigeants des mass-média ...
Ouest France publie aujourd’hui sur les réseaux sociaux un billet qui donne à réfléchir.
Le grand journal, le plus lu en France et de loin, regrette qu’une demande d’interview à France Inter, 1ère radio de France, lui ait été refusée.
"Vous ne lirez pas d’entretien avec Adèle Van Reeth, la nouvelle directrice de France Inter.
Nous avions pris rendez-vous avec la philosophe de formation pour qu’elle nous explique ses intentions, sa sensibilité, ses idées, à l’heure de prendre les rênes de la première radio de France en termes d’écoute.
Mais c’était sans compter sur ce qui gangrène les médias aujourd’hui : les "plans de com’".
Le journal poursuit :
"En accueillant notre journaliste, la direction de la communication de France Inter nous a expliqué qu’elle souhaitait réserver la primeur des propos d’Adèle Van Reeth à un titre de la presse parisienne,
au nom d’un accord d’exclusivité, demandant à Ouest-France d’en retarder la publication.
Cette exigence nous paraissant inacceptable, nous avons décidé de ne pas réaliser cet entretien.
Devons-nous conclure que, pour la grande radio nationale de service public qu’est France Inter, la province passe après Paris ?
Que les lecteurs d’Ouest-France seraient moins intéressés que les Parisiens par ce qui se passe sur l’antenne d’Inter ? ".
Tout est dit, ou presque …
L’entre-soi de certains dirigeants "intra périph’ parisien" de médias apparaît, vu des "régions" héxagonales, comme une aberration.
Pourtant il y a 35 ans le Crédit Agricole sent bien, déjà, l'air du temps avec son fameux slogan : "Le bon sens près de chez vous ".
Et de manière très "avant-gardiste", le scénario de la pub TV a même une sacrée longueur d'avance :
Pépite ne pas manquer ici :
https://www.facebook.com/CreditAgricole/videos/10155750675749934/
France Bleu, le réseau de radios locales publiques en métropole, a cuisiné ensuite la même recette à sa sauce, en appuyant sa stratégie éditoriale sur son claim : " Vu d'ici ".
Mais les 2 entreprises, allez donc savoir pourquoi, ont depuis changé de communication et de stratégie.
Mauvaise pioche ...
France 3 s'apprete elle en revanche, à "re régionaliser" ses antennes.
Alors que certains médias abandonnent leur ancrage local et n'affichent leur marque que de manière "générique", le réseau régional de télé publique estampille à nouveau depuis quelques mois en haut à droite de l'écran le nom de chaque région.
Ca peut apparaître accessoire à certain, mais c'est pourtant concrêtement la revendication de l'action régionale, de l'ancrage local.
Alors que les radios locales publiques voient leurs heures d'émissions produites en région réduites, la télé elle augmente son offre.
Le sport par exemple bénéficie de beaucoup plus de temps d'antenne depuis un an.
Réelle révolution en devenir : les journaux de mi-journée et de début de soirée seront dès l'an prochain estampillés "Ici".
Ces éditions proposeront une vue d'ensemble de l'actualité, resentie depuis les 24 rédactions de la chaîne dans l'hexagone.
Ces rendez-vous d'info seront composés localement en prennant en compte la spécificité et la sensibilité régionale et traiteront de l'actualité concernante, du terrain local à l'international.
C'est une stratégie qui a l'ambition d'épouser l'air du temps, d'allier proximités affective et géographique.
Dans leur jargon, les journalistes appellent celà le "GlobCal", ce que le réseau France Bleu a expérimenté depuis des années.
La réalité, c'est que le grand public change son mode de consommation des médias, parce qu'il est devenu, smatphone ou tablette en main, d'abord un internaute.
Son attention et son rapport au monde sont dorénavant captés en permanence par le web, donc avec une vision globale.
Mais à contrario, en même temps, chacun revendique un besoin de proximité géographique !
Le mouvement des gillets jaunes il y a 3 ans en a été une première illustration.
Conséquence : les lecteurs, auditeurs, téléspectateurs souscrivent de moins en moins aux pratiques jacobines, à la "bien pensance parisienne".
Elle apparaît comme totalement "has been".
L’action régionale qu’elle soit de service public avec France 3 et France Bleu, ou sur les canaux des acteurs privés en radios, télévisions ou PQR, est de plus en plus perçue comme le véritable reflet de la réalité du terrain.
Les "gentils" cousins de province, comme sont souvent considérés de manière condescendante les journalistes en région métropolitaine et encore plus outremer, le savent depuis longtemps.
Humblement ils alimentent les pages ou les antennes depuis leurs "provinces".
Ce sont pourtant eux les vrais historiens du quotidien, moins intoxiqués par la pollution convenue "Intra périph parisien".
Boulogne, Neuilly et Levallois inclus !
Bravo Ouest France, triste posture pour France Inter !
e-crossmedia, le 25 aout 2022.
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