Non mais ... Allo quoi ! "Love Island", une version actualisée de "Loft Story" déboule cette semaine sur la TNT et surtout, signe des temps, sur les réseaux sociaux.

Avec le traitement de l’information, la télé-réalité est le genre d’offre qui inspire le plus de débat, en particulier sur les réseaux sociaux.

Selon les avis :

elle manipule les téléspectateurs, prône des valeurs toxiques, maltraite les candidats, abêtit et dépolitise le peuple,

permet à des personnes sans talent de devenir célèbres,

ou donne des cas d’étude intéressants aux sociologues, des sujets de discussion …

A n'en pas douter, les commentaires ne manqueront pas avec l’arrivée en quotidienne d’un nouveau programme sur W9.

"Love Island", est un concept britannique déjà testé en 2020 sur Prime vidéo, donc pour des abonnés,

mais la production avait dû l’interrompre du fait de la crise Covid.

Dès cette semaine,  l’émission sera visible gratuitement, puisqu’elle déboule sur,la TNT.

A la manière de "Loft story" créé il y a 22 ans, d'ailleurs à 2 jours près à la même date,

des jeunes gens sont suivis en direct dans une villa, située à Grand Canaria en Espagne.

Onze célibataires tenteront d’y trouver leur moitié.

C’est Delphine Wespiser, ex-chroniqueuse de "Touche pas à mon poste", qui anime le jeu.

Au-delà du programme quotidien à la télé, les aventures des Islanders sont visibles en streaming sur la plateforme du groupe M6 de 16h à 18h et de 22h à minuit.

Une appli mobile permet d’agir sur le destin des candidats : voter pour son couple favori, organiser des rendez-vous, imposer des épreuves …

"Love Island" apparaît, à première vue, être un concept actualisé de Loft Story.

Dès la création en 2001, les deux tiers des 15-25 ans et la moitié des ménagères suivent l'émission sur M6.

Le prix du spot de pub pendant la diffusion explose de 73 000 à 230 000 francs.

Sur la première saison, le bénéfice publicitaire pour la chaine atteint à 250 millions de francs !

"Nous croyons toujours en ce genre d’émission" affirme Jérôme Fouquera le directeur général de W 9 au Parisien-Aujourd’hui en France.

Après les succès d’audience des mêmes types de format depuis 10 ans,

le budget consacré à cette nouvelle production est deux fois plus important que pour "Les marseillais" par exemple.

L'enregistrement de chaque émission aura lieu la veille de la diffusion.

"Love Island" repose sur une nouvelle écriture, avec des candidats aux profils actualisés.

L'ambition est d'installer une relation différente avec les téléspectateurs.

Une manière de prendre le contrepied des "Marseillais" assure la direction de W9.

Le plus important, c'est que le profil des participants ressemble à nouveau aux jeunes gens qui les regardent … 

D'après une étude de l’association britannique "Mental Health Foundation" relayée par le Guardian,

l’impact sur les téléspectateurs est lourd en conséquences.

Sur 4504 jeunes téléspectateurs britanniques de 18 à 24 ans interrogés, 24 % déclarent que ce type de programme leur donne des complexes liés à leur physique !

Selon le psychologue Jean-Yves Flament, des conduites très particulières valorisent en particulier le désir de célébrité qui ne passe plus par quelque forme de talent que ce soit,

mais par le fait d’être meilleur que l’autre, peu importe en quoi.

Selon Alain Lieury, chercheur en psychologie cognitive à l’université européenne de Bretagne,

les candidats de ces émissions étalent un vocabulaire très pauvre :

« A peine 600 mots différents en moyenne, contre 1.000 par exemple dans une bande dessinée et 27.000 dans les manuels scolaires.»

Son étude démontre par ailleurs que l’addiction aux émissions de télé réalité provoque une baisse notable des performances au collège, au lycée, voire à l'université.

Miroir en trompe l'oeil de la vie réelle, la télé-réalité propage une image fantasmée ...

Pour certains chercheurs, elle redéfinit surtout la norme de vie privée.

Se montrer, s’exposer, afficher sa vie quotidienne, comme beaucoup de jeunes téléspectateurs le pratiquent, banalise l’exercice.

Sur les RS comme à la télé, le but est de se divertir et d’assouvir ses besoins de voyeurisme.

Pour plusieurs sociologues, ce que réclament les moins de trente ans c’est de l’argent et de la gloire, c’est la mutation de la société.

Ces programmes sont un miroir déformant de la vie !

L’image de l’effort est alors redessinée.

Travailler toute une vie pour acquérir quelque chose n’apparaît plus nécessaire.

"Vision du monde, de la société, de l’humain et de la culture, les impacts de la télé-réalité dans notre vie sont multiples et durables.

Reflet idéalisé de l'existence, la télé-réalité engendre des questionnements et des réflexions à propos de notre mode de vie".

Love Island est lancée en deuxième partie de soirée à 23 h 15  ce lundi sur M6, puis sera diffusée quotidiennement dès demain sur W9 en acces prime time.

Thierry Mathieu,

Président d'e-crossmedia,

le 24 avril 2023.