Le bon vieux transistor à piles est un bien précieux en cas d'intempéries, de catastrophe, ou de guerre. Il est essentiel aux populations de Gaza ...

Ce jeudi 21 décembre marque le 75^ème jour après l’attaque du Hamas contre Israël,

rapidement suivie par l’opération de Tsahal sur la bande de Gaza .

Journalistes tués ou blessés,

rédactions détruites,

coupures d’Internet

et censure  …

Depuis le 7 octobre, de nombreux médias ont été entièrement ou partiellement détruits.

L’ONG Comité de protection des journalistes chiffre à au moins 64,

le nombre de professionnels des médias palestiniens ( journalistes, photographes, caméramans, techniciens, chauffeurs, etc )

tués depuis le début de la guerre.

Quatre journalistes israéliens ont également perdu la vie depuis cette date, dans l’attaque du Hamas contre leur kibboutz,

et trois Libanais.

Les 24 stations de radio qui émettaient sur les ondes ou en ligne sont pour la plupart réduites au silence.

Comme le précise également RSF,

le 19 octobre, une frappe a détruit une rédaction éphémère sous tente abritant des équipes de la BBC, Reuters, Al Jazeera, l'AFP, et des agences de presse locales,

sans faire de blessés, à proximité de l'hôpital Nasser de Khan Younè.

Les médias israeliens, ou même les chaînes palestiniennes qui subsistent,

ne sont plus considérés comme fiables par la population,

comme le remarque La Tribune de Genève :

"Chacun des deux camps nie ou minimise la souffrance de l'autre et la gravité de ses propres crimes".

La population, en quête d’info, se raccroche aux chaînes internationales quand elle est en mesure de les capter …

Le reportage publié par Mai Yaghi, un correspondant de l’AFP sur place, est de ce point de vue édifiant.

Il a rencontré un commerçant qui vend des postes de radio.

Avant que la guerre n'éclate à Gaza, Mahmoud al-Daoudi n'aurait jamais pu imaginer que les anciens transistors à piles

ramassant la poussière au fond de son magasin seraient si demandés.

Les fréquentes coupures de courant, d'ordinaire assez courtes, font depuis longtemps partie de la vie quotidienne à Gaza,

Mais les 2,4 millions de personnes du territoire assiégé subissent maintenant de longues pannes d'électricité.

L'accès aux infos s'en trouve très fragilisé ...

"Nous avions un stock complet, mais nous sommes dévalisés depuis la première semaine" de la guerre,

raconte Daoudi le commerçant de Rafah à l’extrémité sud du territoire.

"Avant la guerre, une radio à pile coûtait environ 25 shekels,

c'est à dire7 dollars.

Maintenant, elle se négocie à quelques 60 shekels, soit 16 dollars !

Certains nous achètent même des appareils endommagés …

Les gens veulent suivre les nouvelles, entendre où se déroule le bombardement

et surtout connaitre le sort réservé à leurs familles !"

BBC Arabic, Al Jazeera,

mais aussi Monte Carlo Doualiya, de France Médias Monde, ont ouvert des créneaux d’antenne spéciaux

à destination de la bande de Gaza.

La chaine française internationale en langue arabe émet quotidiennement de 18 à 19 heures

depuis le 4 décembre en onde moyenne en ciblant ce territoire.

La tranche peut être audible jusqu’à Alexandrie, au Caire, à Jérusalem, à Beyrouth, sur la côte syrienne et à Damas.

Cette session d’info dont la promesse est "un traitement équilibré sur le conflit" est émise sur la même fréquence que la BBC.

Faute d’électricité, c’est donc sur d’anciens transistors à piles que les auditeurs s’informent…

D’ordinaire beaucoup d’auditeurs écoutaient MCD en streaming sur leur portable,

quand ils pouvaient recharger leurs batteries, et surtout quand le web fonctionnait !

"En coupant Internet, les autorités israéliennes empêchent les journalistes de travailler, c’est une atteinte au droit à l’information",

dénonce Jonathan Dagher, le responsable de RSF pour le Moyen-Orient.

En situation normale, 

le site de Monte Carlo Doualiya revendique être l’un des plus moderne dans l’univers des sites en langue arabe,

avec ses applications mobiles.

Les environnements numériques de MCD enregistrent 2,6 millions de visites chaque mois (moyenne 2020)

ainsi que près de 5 millions d’abonnés sur Facebook, Twitter et Instagram.

Thierry Mathieu,

e-crossmedia,

le 21 décembre 2023.