Rebelotte …
En commission des affaires culturelles députés - la semaine dernière – et sénateurs – la semaine prochaine - tentent d’actualiser le projet présenté déjà avant la crise covid :
le regroupement des entreprises publiques au sein d’une holding…
La création de ce "France Médias" avait été mise de coté du fait de la pandémie, le gouvernement avait à gérer d’autres priorités…
En est-il autrement aujourd’hui ?
Parmi l’ensemble des réformes engagées, ce dossier sensible sera-t-il considéré, lui aussi, comme prioritaire ?
C’est sans doute la seule réelle question !
Mais aussi et surtout :
"Pour faire quoi ?"
Alors que la convergence des médias est devenue la norme, pourquoi continuer à séparer les pros du son et de l'image ?
Avec le numérique, les contenus sont aujourd’hui tous disponibles partout et pour tous.
Depuis longtemps les médias publics ne sont plus en situation de monopole et font face à de rudes concurrences,
avec une quantité infinie de producteurs et diffuseurs professionnels, ou non, qui mettent en ligne leurs contenus.
L’actuelle organisation aura bientôt 50 ans.
C’est Valéry Giscard d’Estaing qui décide d’éclater l’ORTF en séparant les métiers et en les affectant chacun à des entreprises distinctes.
Pour simplifier :
la radio d’un côté, la télé de l’autre.
Les attentes du public de 1974 et celles d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir :
. L’ouverture des ondes au secteur privé, la révolution technologique avec le web en général et la numérisation des outils en particulier,
. Le mode de vie de tout à chacun, et la consommation des médias du fait de la technologie et de la globalisation,
. La déchirure sociétale entre les zones urbaines et celles dites "périphérique" s'agissant de l'action régionale,
. Sans oublier les pratiques des jeunes générations, les millénials, qui désertent les médias traditionnels et leur font prendre un redoutable coup de vieux…
Tout à chacun s’accorde à reconnaitre qu’il est temps de ne plus attendre.
Oui mais ...
"Pour faire quoi ?"
En ces temps de rigueur budgétaire forcenée, la tentation est d’abord évidemment de chercher à "rationaliser"...
La pléiade de dirigeants qui se sont succédé à la tête des actuelles entreprises s’y attèlent déjà depuis des années.
Les réajustements et réorganisations en tous genres opérés par ces gestionnaires souvent issus de hautes administrations,
et appréhendant mal - à de trop rares exceptions - les métiers de l’info et des programmes, conduisent le système à la situation actuelle.
Les équipes elles-mêmes se montrent souvent maladivement conservatrices :
leur résistance aux changements est même parfois pathologique.
Pourtant l’inadéquation des offres actuelles avec les attentes des publics auxquels il s’agit de rendre service, surtout les plus jeunes,
sautent aux yeux et aux oreilles !
Alors tout de même par petites touches, histoire de donner des gages à la tutelle, des "rapprochements" sont d’ores et déjà en marche.
Mais pour beaucoup, ce sont surtout des démonstrations dans le but de servir les intérêts de carrière, et les luttes d'influence.
En attendant ....
Des 7/9 de radios locales sont co-diffusées à la télé mais seulement dénommées "matinales filmées" pour ne pas froisser les partenaires sociaux des 2 entreprises …
Un canal est dédié à l’info continue tant en FM qu’en TNT et sur le web, mais la coopération entre les équipes de chaque coté de la Seine ne s’exerce qu’à minima ...
Des chaines nationales historiques continuent à privilégier des partenariats avec le privé ...
Des offres dédiées à l’international, où outremer, peinent à faire coopérer les gens de l’audio et de la vidéo, alors qu’ils travaillent dans le même bâtiment …
La remise à plat globale envisagée ne semble pas encore d’actualité.
Sauf à ce que "le politique" le décide vraiment,
en assumant de devoir affronter une zone de fortes turbulences prévisible !
Toujours est-il que la question essentielle demeure :
"Pour faire quoi ?" …
Quand les parlementaires et la tutelle comprendront-ils que l’actualisation des missions et donc la redéfinition des organisations, doit être pensée par des professionnels de la profession,
et non pas seulement à des fins comptables pour garnir des tableaux Exel vertueux aux yeux de Bercy ?
Quand les acteurs de terrain, les artisans de l’info et du divertissement, et leurs organisations syndicales, sauront-ils reconnaitre qu’il leur faut épouser l’époque,
et évoluer dans leur approche professionnelle, comme ils le font dans leur sphère privée, en actualisant leurs savoir-faire ?
Et si, à tous les niveaux de responsabilité,
chacun admettait qu’avant d’être un pro, nous sommes tous d'abord des hommes et des femmes qui nous adaptons aux évolutions dans notre vie quotidienne.
Et pourquoi pas, donc, au niveau professionnel ?
"La finalité c’est l’antenne" dit-on, et il faut que le service soit adapté aux attentes du public ...
Ok .
Y'a qu'à, faut qu'on ...
Mais en mode : "le bon sens, près de chez nous !"
Thierry Mathieu,
Président d'e-crossmedia,
le 10 juin 2023.
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