La fin, dans l'indifférence quasi générale ce samedi, de BFM Paris-Ile de France : difficile pour un média local de performer dans la région capitale ...
Un maillot de Zinédine Zidane de la finale de la Coupe du monde 1998 vendu aux enchères ce samedi à Paris,
deux frères et leur mère dans un lycée avec un couteau dans les Yvelines,
le grand soulagement" de la mère de l'adolescent de 15 ans de Villejuif retrouvé huit jours après sa disparition,
un agent du conservatoire d’Alforville soupçonné d'avoir filmé dans les toilettes du pôle culturel
ou les futures municipales à Paris avec Renaissance qui annoncera son candidat le 30 juin …
Voilà les derniers sujets traités par la locale de BFM à Paris
qui a cessé d’émettre ce samedi.
Seul le site internet continuera à diffuser les contenus d’info locale en Ile de France .
Lancée en 2016 à Paris,
le modèle économique déployé ensuite sur 9 autres régions
n’a pas fonctionné dans la capitale.
Et c'est avec un bétisier,
mais les larmes au yeux,
que l’équipe a fermé l’antenne .
En décembre en annonçant la fermeture,
Nicolas de Tavernost le patron de BFM RMC
avait assuré aux organisations syndicales
qu'il n'y aurait "aucune autre fermeture" de locale,
après celle de BFM Paris.
Comme nous le disions sur e-crossmedia le 11 décembre dernier ...
Au-delà du quotidien "Le Parisien", le bien nommé,
qui perdure via le numérique et sa déclinaison nationale "Aujourd'hui en France",
la plupart des médias qui s’y sont frotté,
s’y sont piqué !
L’Ile de France est un terrain,
ou plutôt une somme de terrains,
infiniment complexe.
Elle représente 19 % de la population française et,
qui plus est,
ses habitants sont comme nul par ailleurs d'origines cosmopolites.
La majorité des parisiens ou des habitants de la région-capitale n’y sont pas nés.
Autant dire que les sentiments de fierté et d’attachement pour son territoire "de coeur" n’opèrent pas…
La réalité du terrain et le coût de la vie
condamnent le plus grand nombre au légendaire mode de vie "métro-boulot-dodo".
Peu d'habitants profitent de la richesse pourtant unique de cette région !
Comment s’adresser à cette multitude de publics,
comment fédérer avec une seule offre,
sensée conquérir des profils et des disparités de vécus et de culture
si évidents ?
A titre de comparaison,
12 millions d’habitants,
c’est 6 fois la population de la Wallonie,
la partie francophone de la Belgique où,
pour honorer sa promesse,
la RTBF a ouvert 7 stations locales !
Le terrain francilien a toujours représenté une quadrature du cercle pour l’audiovisuel de proximité.
Nombre de stations créées depuis 1982 et la libération des ondes ont disparu
ou ont délaissé leur ADN localier, pour devenir des têtes de réseaux nationaux.
Audience trop faible = modèle économique trop fragile !
D'autant que le marché publicitaire se complique de plus en plus,
puisque les annonceurs privilégient désormais le digital.
Difficile donc quand on n’est pas soutenu par une collectivité locale
ou chaîne de service public comme "France 3 – ICI",
de tenir le choc...
Coté FM depuis sa création, la station publique peine à figurer dans les sondages
qui ne prennent en compte que les stations qui réalisent au moins 1% d'audience cumulée....
Pourtant nombre de tentatives ont été lancées ...
Une "City Radio", a d'abord été lancée,
inspirée par les modèles nord-américinains,
comme celà a aussi été le cas en TV pour BFM Paris.
Il y a eu aussi le concept" Faire la route ensemble" ,
l’accompagnement des automobilistes a performé quelques temps,
mais les applications comme Waze aujourd’hui apparaissent plus efficaces.
Le sport et singulièrement le football est en principe une thématique fédératrice.
Il reste catalyseur pour les autres stations en région.
Mais le PSG est soutenu partout en France,
et une très large partie des franciliens continuent à supporter le club de leur région d’origine...
même quand le club se qualifie comme mardi dernier face à Liverpool !
L’un des récents exemples,
Paris 2024,
a aussi démontré la difficulté pour une antenne de séduire les auditeurs
grâce à son offre complémentaire à l’ensemble des médias,
malgré l’investissement considérable des équipes.
Quant aux évènements culturels,
ils ont pour la plupart un rayonnement au moins national
et bénéficient de reportages ou de partenariats de puissants médias.
Que dire de Notre Dame le soir de l'incendie ...
Les TV du monde entier étaient en direct de l'ile de la cité
quelle valeur ajoutée pour la locale de BFM malgré l'investissement de l'équipe ?
Si Paris vaut bien une messe,
prêcher au quotidien la valeur ajoutée d’une couverture locale
continue à ressembler à un chemin de croix pour les localiers…
Thierry Mathieu
e-crossmedia,
le 16 mars 2025.
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