L’Intelligence Artificielle au cœur de l’actualité avec le sommet de Paris jusqu'à mardi ...
Depuis son émergence il y a peu,
comment les pros de l’info et du divertissement ont-ils évolué ?
La crainte de voir ces métiers fragilisés,
est-elle toujours de mise ?
Journaliste radio et télé pendant 10 ans à Europe1 et BFM,
JRI pour Arte, France 24, TV5 Monde et RTBF,
il est formateur dans les rédactions pour, entre autres, l’Intelligence Artificielle.
Avec e-crossmedia et EMF,
il est récemment intervenu auprès des équipes d’Europe1, des Echos, ou de RCI aux Antilles.
Coup de fil à Lionel Myszka
"Depuis l’éruption de l’IA dans le débat public,
c’est allé très vite !
Comme dans tous les domaines qui concernent les innovations technologiques,
il y a des pionniers, des défricheurs, mais là chacun a pu comprendre que l’IA pouvait rendre de grands services.
L’appropriation s’est faite bien plus vite par exemple
qu’au moment où s’est posée la problématique de la communication
sur les réseaux sociaux pour les entreprises.
L’IA générative,
chacun a pu la tester à la maison sur son smartphone ou son ordinateur personnel,
pour les devoirs du petit,
dresser une liste de course,
organiser un voyage …
Tout le monde s’est rendu compte que cette innovation était très utile !
Dès 2023,
les entreprises ont d’ailleurs vérifié que leurs employés utilisaient en douce Chat GPT".
Dans le même temps,
les professionnels se sont immédiatement demandé ce qu’ils allaient devenir.
Cette nouvelle machine était-elle capable d’écrire un article à leur place ?
Oui mais, je me demande s’il ne s’agit pas en l’occurrence d’une posture,
plutôt qu’une réelle interrogation !
Même ceux qui expriment cette crainte trouvent eux-mêmes en réalite leur équilibre
et utilisent déjà l’IA tous les jours !
Ni les graphistes, ni les photographes, ni les rédacteurs n’ont pour l’instant été remplacés
même si leurs tâches sont en train, c’est certain, de se transformer profondément.
En fait l’expression de cette peur,
c’est surtout à mon sens,
jouer à cache-cache !"
L’une des difficulté pour tout journaliste ou animateur,
c’est de savoir cibler son public,
puisque pour concerner telle ou telle tranche d’âge,
ou tel ou tel milieu socio-professionnel,
le même sujet doit être traité différemment …
L’IA aide-t-elle à réussir ce challenge ?
"Oui et non …
L’IA intervient pour aller chercher des sources sur le web
et en fait une synthèse après avoir rassemblé ces informations,
puis elle propose un plan.
Elle permet donc de prendre en compte une somme bien plus importante
que les documentations qu'on peut avoir chez soi ou à la médiathèque,
bien plus aussi qu’en faisant une simple recherche à l’ancienne
sur un simple moteur de recherche évidemment.
Elle peut donc déterminer des approches d’angles qu’on n’aurait pas eu tout seul.
Pour les pros de l’audiovisuel ou de la presse écrite
elle permet donc surtout de défricher un sujet,
de le dégrossir …
Elle va nous faire gagner beaucoup de temps
et nous apporter des idées qu’on n’aurait pas eu seul."
Une journaliste de la radio leader aux Antilles,
RCI, où vous êtes intervenu avec e-crossmedia et EMF
explique comment elle utilise l’IA, au quotidien ...
Ce que propose l’IA n’est, en effet, pas réellement diffusable tel quel …
"Elle écrit moins bien qu’un journaliste ou un animateur,
ce n’est pas incarné.
Elle aide et fait gagner du temps pour trouver des idées de titre, ou d’intertitre,
pour proposer aussi en annexe des métadonnées ou des référencements…
Mais ce qu’elle propose finalement c’est une sorte de "sans faute", tellement lisse,
qu’en définitif elle n’est pas intéressante".
C’est là où la sensibilité d’un humain recouvre sa valeur-ajoutée ?
"Un professionnel,
un humain donc,
a un corps, une conscience.
En traitant un sujet il reçoit des confidences, il se rend si possible sur le terrain,
capte une ambiance, une tension, pour ensuite la restituer.
L’IA n’est témoin de rien,
elle en est incapable.
Seul l’humain peut rendre compte avec sa personnalité
de ce qu’il raconte à travers sa propre écriture,
sa sensibilité".
Elle peut être utile tout de même comme un outil de vérification,
avant publication …
"En effet.
Une fois le texte finalisé,
avant la publication en print ou sur le web ou à l’antenne en radio ou télévision,
un journaliste ou un animateur peut lui soumettre en lui posant cette question :
"Qu’en penses-tu ?"
Autrement dit,
est-ce que c’est clair,
est-ce qu’il y a des fautes d’orthographe,
des problèmes de conjugaison ou de syntaxe …
Quelles peuvent être les questions que peuvent toujours se poser les lecteurs ou les auditeurs
auxquelles je ne réponds pas ?
C’est donc un outil qui peut finalement aussi permettre de se rassurer !"
Est-ce en réalité une révolution pour les métiers de l’information voire du divertissement ?
"Je ne saurais pas l’affirmer...
Ça l’est pour le monde entier en termes de qualité de prise de décision sur des stratégies d’entreprise,
au niveau militaire,
de la santé …
C’est sans doute un point de bascule de l’histoire,
mais en disant cela on aborde la question presque de manière philosophique".
"Pour les pros de l’info
en tous cas,
l’IA ne révolutionne sans doute pas le métier.
La base c’est de savoir capter un évènement,
d’avoir cumulé des expériences, de la culture, des sentiments …
L’IA n’a pas de visage,
pas de corps,
de ce point de vue là
elle est larguée.
Elle est un outil précieux, mais guère plus qu’un assistant !"
Thierry Mathieu
e-crossmedia,
le 8 fevrier 2025
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