"Limiter le risque d’extinction lié à l’IA devrait être une priorité mondiale, au côté d’autres risques à l’échelle de la société,
dont les pandémies et la guerre nucléaire ".
Voilà ce qu’écrivent cette semaine 350 experts,
après Elon Musk et une centaine de chercheurs qui appelaient déjà il y a 3 mois à un moratoire sur le développement des IA génératives.
Coup de fil à Benoit Raphael,
fondateur de Flint qui utilise l'intelligence artificielle pour créer des newsletters automatisées, afin d’aider à trouver et partager rapidement des informations de qualité.
"C'est un débat de science-fiction.
Il n’y a aucune donnée scientifique derrière ces craintes, pourtant avancées par des ingénieurs et parfois même des scientifiques...
Prétendre que l'humanité doit avoir peur, et que l’Intelligence Artificielle c'est l'équivalent de l'arme nucléaire,
ça ne repose sur aucune étude !
Dire que l'IA représente un risque pour l'humanité, c'est faux.
Comme le propose Jean François Sébastian d’SAS France, auteur d’une tribune parue ce samedi dans les colonnes du Monde,
avant de pouvoir prendre des mesures, il faut d'abord faire un constat…
C'est un petit peu comme le célèbre sketch de "la chauve-souris" de Jean Marie Bigard …
Il imagine qu'elle est capable d'apprendre à taper le code de la porte de son immeuble du 10eme arrondissement de Paris,
et qu'elle parvient jusqu'à chez lui par l'escalier pour le mordre et le tuer …
Pour vous, c’est comme si chacun pensait à prévenir plutôt qu’à guérir …
"Il n’y a pas de place à l’utopie, à une forme de pensée positive …
Tout le monde adopte une posture dystopique, comme si nous évoluions dans une société imaginaire sombre.
Le discours tenu dans nombre de tribunes qui sont publiées ces derniers mois ne visent qu’à en dénoncer des défauts !
Personne n’insiste sur l'idéé que ces nouvelles technologies peuvent être au contraire super utiles pour l'humanité.
Elles participent déjà à faire baisser le nombre de maladies, et contribuent à appronfondir les recherches sur Alzheimer.
Elles peuvent être précieuses aussi pour lutter contre les dérèglements climatiques, même si évidemment aujourd'hui l’IA consomme beaucoup d'énergie…
Le vrai danger d'un risque de destruction de l'humanité, c'est la guerre,
et ce n’est pas l’Intelligence artificielle qui la déclencherait !
La menace bien réelle liée à l'Intelligence Artificielle, c'est actuellement la tension entre la Chine et les Etats Unis.
Washington veut conserver son leadersheap sur les puces nécessaires au digital, Pékin prend du retard et on sait bien que Taiwan est au cœur de ce conflit.
Donc s'il devait y avoir un congrès mondial autour de l'IA, il devrait concerner la question des microprocesseurs et comment on se répartit un petit peu tout ca.
Pour l'instant, nous sommes témoins d’une course économique et géopolitique que les États-Unis sont en train de gagner.
Et là, l'Europe a un rôle à jouer, comme l’Afrique et le reste de l’Asie.
Il y a à l'évidence des problèmes très concrets dont on doit discuter avant de parler du risque de destruction par une Intelligence Artificielle fantasmée,
comme un Terminator digne des blockbusters de SF.
Et justement il faut toujours bien avoir en tête que la science-fiction, c’est à 100% de la fiction …"
Vous dites donc qu’on ne peut pas se prémunir d'un danger tant que le danger n'est pas là ?
"Pour l'instant, on est vraiment dans l'imaginaire, c'est ce qu'on appelle le biais de négativité.
Evidemment c'est ce qui a permis aux êtres humains de survivre.
Puisqu’ils ont depuis toujours tendance à avoir peur de façon un peu exagérée, ils se protègent facilement, cela leur permet de prévenir le danger.
Pour beaucoup ce n’est donc pas si mal d'imaginer le pire, c'est d'ailleurs à cela que sert la science-fiction : à nous faire envisager les dérives possibles de la science et la technologie.
Mails il ne faut pas mélanger la science-fiction qui nous fait réfléchir,
et ce qui devrait être à l'origine d'une réglementation."
Vous considérez qu’il manque une vision très claire des dangers actuels...
"Il y a 3 grandes crises qui nous attendent.
La première, c'est la crise écologique, la 2eme est sanitaire et la 3e technologique.
Ces 3 éléments peuvent venir perturber la planète et rendent en effet le monde imprévisible.
Pour l’environnement nous avons le GIEC constitué des meilleurs chercheurs.
En résulte un consensus scientifique à plus de 90% sur les conséquences du réchauffement climatique.
Pour la technologie et donc les questions liées à l’Intelligence Artificielle,
nous avons besoin de la même manière de recherches, de consensus,
de plus d'éléments d'information qui nous permettraient de prendre, si besoin, des premières mesures pour éviter une dérive.
Donc, c'est là que serait peut-être pertinente l'idée d’un forum, d’une organisation indépendante d’experts ,
avant d'avoir à réunir un sommet des chefs d'État."
Entrepreneur, conférencier et journaliste spécialisé dans les usages de l'IA et dans l'industrie des médias,
Benoit Raphael intervient, comme e-crossmedia, au sein d’Experts Médias Formations pour des formations à propos de l’intelligence artificielle.
Il est l’auteur de "Information - l’indigestion", un livre sur l'information, la surrinformation et l'esprit critique,
un manuel pour penser par soi-même dans le chaos de l'info paru il y a 2 mois aux Éditions Eyrolles.
Thierry Mathieu,
Président d’e-crossmedia,
le 25 juin 2023.
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