"Les articles politiques de la presse parisienne ont été peu mentionnés sur les réseaux sociaux, en raison de leur décalage avec les sujets de préoccupation des citoyens sur l’ensemble du territoire".
Voilà l’un des enseignements de cette analyse du traitement de cette actualité par les journaux de presse écrite du 1er janvier au 31 mars.
8049 articles ont été décortiqués par 3 chercheurs de l'Université de Toulouse, spécialistes en “léxicométrie",
une science linguistique qui étudie statistiquement l’emploi des mots, c’est-à-dire combien de fois tel ou tel mot est utilisé et dans quelle condition.
Comme le révèle, sur son site, l’Institut National de l’Audiovisuel ...
"Là où la presse nationale couvre des enjeux politico-économiques, avec davantage d’articles sur Emmanuel Macron,
la presse régionale comme La Dépêche du Midi, Le Progrès, Le Télégramme ou L’Est Républicain privilégie des sujets proches de la population."
Les témoignages y tiennent plus de place, comme les difficultés rencontrées dans le monde du travail ou encore la précarité.
En PQR, les manifestations qui constituent souvent de grands événements à l’échelle locale se voient accorder également un meilleur traitement.
Les dégradations comme les feux de poubelles, ou toutes les formes de débordement sont bien plus mises en avant.
L’expérience du terrain et les relations quotidiennes tissées entre les journalistes et la police et la gendarmerie fournit une matière précieuse.
Le Parisien-Aujourd'hui en France se distingue évidemment puisque ses rédactions locales et son équipe dédiée à l'actualité dite nationale se complètent de façon systémique.
Mais globalement s'agissant des journaux régionaux, la sacro-sainte "tournée", qui permet quotidiennement d’obtenir des renseignements sur les faits divers,
permet aux rédactions locales de traiter des faits précis et qui impactent réellement la vie des lecteurs.
ce sont des éclairages qui échappent pour la plupart aux équipes des médias nationaux qui ne diffuse que les images les plus spectaculaires et tombent du coup dans une forme "d'effet loupe".
A contrario toutefois, l'hyper proximité en région conduit parfois la PQR à traiter la réforme de retraites par le petit bout de la lorgnette,
en se focalisant sur ces scènes qui ne sont en réalité parfois qu’anecdotiques …
Autre différence relevée :
un média de proximité, souvent leader dans sa région, se doit d’être représentatif de l’ensemble de ses lecteurs,
ce qui le conduit à être, sinon plus consensuel, dans tous les cas plus "équilibré" dans le traitement de l’actualité.
La Presse nationale apparaît plus marquée politiquement, de Libération au Figaro, de l’Humanité à Challenge ou l’Opinion :
chaque titre est clairement identifié comme étant proche d’une partie de l’échiquier politique.
La presse quotidienne nationale proche de la droite traite la réforme avec une approche macroéconomique et reprend les arguments du gouvernement.
Celle de gauche insiste sur le rapport des individus au travail dans notre système néo-libéral.
Quant aux réseaux sociaux …
7 millions de tweets ont été publiés entre le 1er janvier et le 27 mars sur la réforme des retraites !
Le jour du "49.3", 250 000 tweets ont envahi la toile en une journée.
Selon les auteurs de l’étude :
"Cela démontre la maturité du public, une éducation élevée du citoyen moyen qui s’empare de l’outil numérique quand l’institution politique ne prend pas en compte sa parole,
ou disqualifie son discours à tort : "vous êtes mal informés sur la réforme, vous êtes manipulés… "
Sur Facebook, ce qui frappe est la réactivation des groupes des "gilets jaunes".
L'étude à lire ici :
https://larevuedesmedias.ina.fr/reforme-retraites-medias-presse-macron-reseaux-sociaux-contestation
Il y a fort à parier que les mêmes constats seraient faits si le même type d'analyse était pratiquée à propos des médias audiovisuels.
Les France Bleu comme les radios régionales privée ,
comme les 24 France 3, les 10 BFMTV locales ou les autres télévisions privées se distinguent de la même manière que la PQR.
Et si l'ADN de proximité était, surtout du fait de la globalisation et de la montée en puissance du web et des réseaux sociaux, était ce qui correspondait le plus aux attentes du public ?
Thierry Mathieu,
Président d’e-crossmedia,
le 14 avril 2023.
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