"S’éloigner des intérêts particuliers, politiques, ou partisans,
et pouvoir s’investir pleinement pour proposer une information utile, honnête, conforme à la déontologie journalistique"
Voilà la profession de foi publiée à la Une, sous forme d'édito ce samedi, par le Président du directoire et Directeur de publication.
En 2022 la diffusion du titre s'élève à 635 000 exemplaires, avec 2,3 millions de lecteurs,
et sur le web le journal est 5ème du classement global des médias d'actualité les plus visités en France,
avec 166 millions de visites par mois.
Ouest France serait le premier quotidien francophone.
En s'adressant à ses lecteurs ce weekend,
Louis Echelard explique qu'à la différence de l'immense majorité des organes d'information privés, son journal est bien armé pour relever le défi de l'indépendance.
Depuis 33 ans, il n'est pas tout à fait une entreprise de presse comme les autres .
Le groupe est en effet la propriété d’une association à but non lucratif, ce qui lui permet affirme le dirigeant, d’être à l’abri des convoitises.
Elle a été voulue avant tout par Frannçois Régis Hutin, le président du directoire du quotidien régional pour mettre son journal à l'abri d'un rachat :
"Cette association est la gardienne du temple. Le temple, c'est l'esprit du journal".
L'association possède à 99,99 % la Société d'investissements et de participations, le Groupe Sipa-Ouest France.
L’entrée d’actionnaires plus motivés par la prospérité de leurs affaires que par l’information des citoyens est empêchée.
Les membres de cette "Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste" ne perçoivent pas de dividende, il n'y a pas d'actions.
les profits sont réinvestis.
Mercredi 12 avril dernier, 200 collaborateurs de tous les métiers du groupe étaient réunis pour une journée de réflexion sur l'indépendance.
Dans cet éditorial, Louis Echenard précise qu’avec ce statut juridique "associatif", les journalistes ont toute latitude pour esquiver, voire repousser, les éventuelles pressions
et préserver leur capacité de discernement.
Le groupe emploie plus de 1500 personnes, dont près de 750 journalistes répartis dans 58 rédactions en Bretagne, Normandie et Pays de la Loire, ainsi qu'à Paris,
Sa présence sur le terrain est ancrée grace à 2 500 correspondants et un réseau de 4 700 porteurs.
Leur charte : "Dire sans nuire, montrer sans choquer, dénoncer sans condamner, témoigner sans agresser".
Ouest France fait en effet figure de cavalier assez seul de ce point de vue, sur le champ de course à l’audience …
Le constat est également celui de parlementaires qui ont lancé le 24 novembre 2022 une commission d’enquête visant à évaluer l’impact de cette concentration des médias sur la démocratie.
En France 9 industriels, dont les activités n’avaient originellement pas de rapport avec la presse, ont en effet le contrôle financier de l’essentiel du paysage médiatique privé :
Arnault, Drahi, Niel, Kretinsky, Dassault, Pinaut, Bouygues, Lagardère, Bolloré …
Au-delà de la question de l’indépendance économique,
Ouest France, créé le jour de la libération de Rennes le 7 aout 1944, entend bien continuer à imprimer l’époque ...
Le plan de bataille et la stratégie :
avant tout conforter son professionnalisme dans l'univers concurrentiel exacerbé surtout par le numérique,
et honorer la confiance que lui accordent ses lecteurs en ces temps d'évolution éffrénée du mode de consommation des médias. .
D’autant que les nouvelles technologies imposent une vigilance accrue …
Pour Louis Echelard,
" Les algorithmes pilotés par les géants du numérique fonctionnent dans une opacité totale et établissent des hiérarchies de l’information qui, insidieusement,
peuvent conduire les médias à aborder les thèmes les plus porteurs de visibilité sur les moteurs de recherche".
Et puis il y a en plus, depuis quelques temps, un rouleau compresseur très redouté :
l’Intelligence Artificielle.
Le dirigeant du quotidien souligne le risque qu’à terme, le public ne puisse plus distinguer ce qui est produit par ces logiciels et le travail de journalistes …
"De nombreux défis s’annoncent et nous obligent à redoubler de vigilance alors qu’il devient possible de créer des textes ou des images par des processus automatiques".
Enquêter, rechercher la vérité, demander des comptes aux élus et dirigeants comme à tout à chacun,
et ce, à l’abri de toute pression extérieure ...
Produire de l'information sourcée et précise, à défaut d'être objective,
voilà bien l'un des enjeux essentiels pour ce titre comme pour l'ensemble des médias.
Subir les demandes et les revendications des uns et des autres fait partie du quotidien des reporters et de leurs patrons.
Mais la mission s'avère toujours plus ardue, en ces temps de démocraties fragilisées,
qui se croient peuplées d'autant de rédateurs en chef qu'il y a de lecteurs, d'auditeurs ou de télespectateurs,
comme de sélectionneurs d'équipe de football ou de constitutionalistes !
Thierry Mathieu ,
Président d’e-crossmedia,
le 16 avril 2023.
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