Bon cas d’école outre-atlantique pour les législateurs français qui,
il y a seulement une semaine,
ont déposé au Sénat une proposition de loi
pour renforcer l'indépendance des médias
et à mieux protéger les journalistes !
"La campagne a révélé la perte d'influence des grands noms de la presse,
auprès des électeurs comme des candidats eux-mêmes.
Leur attention se porte de plus en plus sur d'autres supports tels que les podcasts ou TikTok".
Voilà le point de vue d’une spécialiste des médias aux Etats Unis.
Jane Hall, professeure en communication de l'American University, précise tout de même à Courrier International :
"Même si les journaux influents continuent tout de même à peser".
L’emblématique New York Times,
le Boston Globe,
Rolling Stone
ou encore le Philadelphia Inquirer
ont affiché leur soutien à Kamala Harris.
Le tabloïd New York Post et le Washington Times,
propriétés du milliardaire Rupert Murdoch
ont plébiscité Donald Trump.
Depuis plus d’un siècle,
la presse américaine s’engage durant les élections,
et les choix sont commandés par des "comités d’éditorialistes"
proches des propriétaires des journaux
et non pas par les rédactions.
Mais cette tradition a depuis quelques années du plomb dans l’aile.
La polarisation politique,
la crise économique dont souffrent les médias traditionnels face à la concurrence du digital
et surtout des réseaux sociaux en sont pour une large part l’explication :
pas question, quoi qu’il arrive, de se couper d’une part du lectorat !
D’où l’émoi de nombre de journalistes
comme de citoyens
de voir 2 grands journaux du pays de ne pas soutenir,
pour la première fois,
l’un ou l’autre des candidats :
le Washington Post, détenu par le patron d’Amazone Jeff Bezos
ou le Los Angeles Times qui appartient au milliardaire Patrick Soon-Shiong.
Vu de France,
cette actualité aux Etats Unis mobilise certaines personnalités,
comme Edwy Plenel,
ex directeur de la rédaction du Monde
et co-fondateur de Médiapart :
En France justement …
Selon la sénatrice socialiste Sylvie Robert,
auteure de la proposition de loi déposée la semaine dernière,
le 17 octobre,
la question de l’indépendance des médias occupe l’espace public depuis plusieurs années.
Les controverses qui ont entouré certains mouvements capitalistiques récents, comme les rachats d’I-Télé en 2016
ou du Journal du dimanche en 2023,
ont mis en lumière la question cruciale de la confiance dans l’information délivrée.
La presse écrite en France depuis le 19e siècle se distingue comme aux Etats Unis par son caractère de presse d’opinion.
Mais les plateformes numériques et les réseaux sociaux assèchent leurs ressources économiques.
De plus les chaînes d’information sur le modèle américain où l’actualité est analysée par des commentateurs,
parfois au détriment de la recherche et de la vérification des faits dégradent la qualité générale de l’info délivrée au public.
Selon la sénatrice :
"L'information n'a jamais été disponible si rapidement
et jamais elle n'a paru aussi peu fiable et elle-même sujette à controverses et débats".
"La proposition de loi qui doit maintenant être examinée par l’Assemblée nationale prévoit :
renforcement de la protection des sources des journalistes,
meilleure visibilité pour les comités d'éthique et les chartes déontologiques,
équilibre des négociations sur les droits voisins…"
Thierry Mathieu,
e-crossmedia,
le 26 octobre 2024.
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