Sur LinkedIn, la nouvelle patronne de France Bleu se définit comme "franco-francilienne" !
Comme pour afficher son attachement à l’ensemble du pays, et à sa région capitale, mais sans se positionner dans l’intra périphérique parisien.
Etudiante au milieu des année 90 à l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille,
Céline Pigalle débute sa carrière à Europe 1 comme correspondante à Bruxelles puis est nommée rue François 1er rédactrice en chef et ensuite directrice adjointe de la rédaction.
Il y a 12 ans, elle pilote la matinale de Canal+ avant de diriger la rédaction d’i-télé.
C’est la belle époque de la chaine d’info continue du groupe qui n’est pas encore tombée sous le joug de Vincent Bolloré.
Les directs rythment l’antenne grâce au réseau de correspondants qui, partout en France, interviennent grâce à leurs camions régie équipés d’antenne satellite :
équipe réduite, performance technologique, proximité à tous les étages …
Elle dirige ensuite l’info de tout le groupe Canal avant de faire un court passage à LCI
Puis elle intégre BFM pour les mêmes fonctions, en décembre 2016.
Canal +, LCI , BFM …
Son parcours révèle une appétence pour la recherche de modernité et d’exigence au service des publics,
une nécessité de performance,
ainsi qu’une sensibilité à la rationalisation des moyens.
Produire vite mais bien, être en phase avec sa cible, répondre à ses attentes, respecter sa promesse.
Pour des raisons compréhensibles de "devoir de réserve" ou par crainte de perdre leur emploi, nombre de collaborateurs de France Bleu sont restés muets ces dernières années à propos des décisions stratégiques prises par le siège,
tout en déplorant la baisse de leurs audiences.
Ils accueillent sans doute cette révolution de palais à la tête du réseau avenue Mangin à Paris, avec un espoir certain :
retrouver leur raison d’être, et renouer avec leur cahier des charges :
informer, divertir, rendre service au plus près des populations au quotidien, comme en temps de crise.
Sybile Veil la pédégère de Radio France précise même dans un message adressé à ses personnels ce lundi : être le reflet d'une "société de l'écoute et non du défouloir".
Elle ajoute : "Il faut une nouvelle impulsion".
Pour nombre de connaisseurs à commencer par les pros des 44 radios,
il s’agit en l’actualisant évidemment, de revenir à l’essence même du projet imaginé par Jacqueline Baudrier et porté par Daniel Hamelin il y a 43 ans :
regarder le monde depuis sa fenêtre, où qu’on soit en métropole, avec sa sensibilité locale, être vecteur de pluralisme, de démocratie .
Allier les 2 formes de proximité : affective et géographique.
C'est ce qu’une équipe bien inspirée au fil de l’histoire de ce réseau avait résumé plus tard en choisissant le slogan, qui était également une promesse éditoriale novatrice :
"Vu d’ici".
Quand ça va bien, mais aussi quand ça va mal, :
être le haut-parleur de chaque territoire,
et pour cela permettre à chacune des 44 implantations de maitriser son antenne, en s'autorisant de modestes "moments partagés".
Parce que "france bleu", crée en septembre 2000, est l'affichage au plan national d'une addition des performances de 44 radios locales.
C'est sa raison d'être, ce n'est en rien UNE radio nationale.
Même si les talents fédérés en réseau ont permis, un temps, de jouer en termes d'audience dans la cour des très grands.
Témoin, cette communication en presse écrite il y a 6 ans.
A cet égard, le comble des dérives s’est produit au moment de la crise des gilets jaunes :
quand les manifestants occupaient le samedi les ronds-points partout en France, les stations ne pouvaient pas intervenir.
Du fait de choix budgétaires calamiteux elles devaient diffuser le programme réalisé à Paris.
Les jingles de la station entonnaient à tue-tête : "On est bien ensemble" !
Et bien les sondages ont démontré l’inverse …
A force de "raccrochages" sur l'antenne nationale,
le décrochage d’avec les publics en région, qui choisissent leur station pour sa proximité, s’est produit !
Variable d’ajustement budgétaire pour tout le groupe : des heures de production d’antenne en local ont été supprimées.
La gouvernance du réseau a été confiée à de grands pros spécialistes de radios musicales, ce qui n’avait rien à voir avec l’ADN des radios de proximité,
Un accent a été mis sur les opérations nationales pour challenger la concurrence …
Résultat : l’audience du réseau n’est allée que de mal en pis.
Un tiers des auditeurs a abandonné France Bleu en quelques années, jusqu’à sombrer en dessous des 5 points d’audience cumulée il y a quelques semaines.
Evidemment l’époque a changé, et les usages évoluent toujours plus vite …
Le mode de consommation des médias vit une profonde révolution.
Les auditeurs sont d'abord et de plus en plus des internautes.
Le Web est au centre des réflexes, et celà ne concerne pas seulement les sites des médias mais surtout leurs réseaux sociaux !
Si les stations, comme l’ensemble des chaines de Radio France, ont su épouser l’ère du numérique, avec d’ailleurs de magnifiques résultats,
l’écoute de la FM ne fait que s’éroder.
L'appli 'ICI " construite avec France Télévisions est une vitrine qui rencontre un indéniable succès.
D'autres belles pistes sont d’ores et déjà ouvertes, comme la co-diffusion d’une trentaine de matinales sur France 3.
Que les auditeurs,
les élus locaux bien muets depuis des années d’ailleurs sur le sort réservé à ce réseau,
la tutelle et l'organe de régulation sensé veiller à l'application du cahier des charges,
et les collaborateurs épousent l’époque, en mode "proximité" !
Mais gare au conservatisme !
Non :
Ce n’était pas mieux avant, mais ce pourrait être mieux et novateur bientôt.
Oui :
L’union des médias de service public de proximité peut faire leur force, car le multi-média est en marche.
C’est d’ailleurs la volonté de l’actionnaire, car évidemment l’essentiel du fonctionnement de ces 44 stations est financé par l’état, c’est-à-dire par le public … les publics .
Thierry Mathieu ,
Président d’e-crossmedia,
le 6 fevrier 2023.
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