La critique est d’emblée virulente !
A peine les JO de Paris 2024 terminés, et dans l’attente de légitimes décisions politiques,
les médias sont accusés de manipulations éthiquement condamnables et de partis pris :
ils feraient leurs "feuilles de choux" gras,
de la discorde…
Mais leur raison d’être n’est-elle pas justement d’être les haut-parleurs de l’actualité
et donc des évènements proprement factuels qui se dessinent ?
Justement en fait,
de quels médias parle-t-on ?
Au delà de la presse, la radio, la télévision et les acteurs pros de l'info sur le web,
les réseaux sociaux ont désormais dépassé les sites et applications des médias
comme source principale d'information.
C'est ce qu'indique la plus récente édition du rapport annuel de l'Institut Reuters pour l'étude du journalisme :
en 2023, 30 % des personnes interrogées disaient utiliser les réseaux sociaux comme première source d'information,
alors que 22 % seulement leur préféraient les sites et applications des médias traditionnels.
Hiérarchiser, classer, faire monter une information en une
et en zapper d’autres,
voilà ce qui reste la mission de tout professionnel de l’information.
Un journaliste se doit, dit-on, de choisir ses sujets avec impartialité.
C'est évidemment une utopie !
Les journalistes sont des humains,
avec leur sensibilité, leur culture, leur histoire.
Ils ne sont pas des robots,
même si, comme tous les salariés,
ils se doivent de respecter la stratégie de leur média.
S'ils sont en désaccord, ils le quittent.
D'ailleurs, les exemples récents ne manquent pas !
Ils cherchent la précision des faits,
et tentent, si la ligne éditoriale de leur entreprise le permet, de diffuser la diversité des points de vue,
en les équilibrant.
Pourtant,
pour de nombreux consommateurs de médias dits "traditionnels",
devenus internautes et donc pour beaucoup usagers des réseaux sociaux,
les journalistes choisissent le sujet qui va faire du buzz !
Sous-entendu :
activer les discordes, attiser les confrontations.
C’est désormais, le soupçon et même le procès d’intention qui accuse les journalistes de devenir des "putes à clic".
Certains ne chercheraient ainsi qu’à déclencher ou exploiter des polémiques.
Cela entraînerait par ailleurs la conséquence d’aboutir à une universalisation de l’information.
Pour Daniel Mercier, prof d’université dans l’est de la France …
"Confiance angélique ou méfiance systématique par rapport aux médias participent du même aveuglement ou de la même absence de discernement.
Souvent ces deux attitudes sont complémentaires :
confiance aveugle quand l’info abonde dans le sens souhaité,
méfiance à priori quand c’est l’inverse.
Méfiance systématique vis-à-vis du Figaro quand il y a confiance à priori pour Libération, et vice et versa...
Nous pouvons avaler tout rond sans aucun "masticage" critique ce qui va dans le sens de notre pensée,
et rejeter systématiquement ce qui va à son encontre...
En réalité, peut-être que l’impact de l’information,
et aussi pourquoi pas celui de la publicité,
est celui que nous choisissons de lui prêter...
Dans cette optique, les médias ne changeraient pas tant nos idées qu’ils contribueraient à les nourrir,
toute la question étant de savoir s’ils nourrissent également une réflexion de fond sur la société qui est la nôtre... »
Toujours est-il que ...
25% des journalistes pensent que les réseaux sociaux concurrencent les médias d’informations traditionnels.
Et ce n’est pas sans raison.
De moins en moins d’internautes se rendent directement sur le site web d’un média d’informations,
ils lisent les informations qu’ils découvrent via leur communauté, sur leurs réseaux sociaux.
Aujourd’hui,
72% des personnes accèdent à l’information via leur famille et leurs amis,
et donc en particulier via les réseaux sociaux.
Mais les publications disponibles en scrollant sur son écran sont sélectives par nature …
Ces outils ne permettent souvent de voir que les informations partagées par son propre réseau.
C’est le confort illusoire de l’entre-soi : l’information reçue est de facto ciblée …
La consommation de prétendues "informations" devient de plus en plus individualisée,
sur-mesure.
Mais les journalistes n’y sont pour rien !
Ce qui fait dire au prof de philo
Daniel Mercier …
"N’est-ce pas là encore l’expression symptomatique d’une difficulté consubstantielle à la société des individus ?
A savoir une incapacité à faire se rejoindre les intérêts privés,
des opinions personnelles,
et le sens du public,
c’est-à-dire du commun ? "
Les émetteurs que sont les pros de l’info ont donc leur responsabilité,
mais les récepteurs que sont les consommateurs des médias ont également la leur !
Si tant est que leur déontologie, et donc leur professionnalisme soit à la hauteur,
doit-on reprocher aux journalistes d’être les historiens du temps présent
et d’accomplir leur mission,
dans l’intérêt général ?
Thierry Mathieu,
e-crossmedia,
le 12 aout 2024.
Ce site utilise uniquement des cookies nécéssaires a son bon fonctionnement 💪 !