La tendance globale n’est pas souriante pour la radio : le média séduit aujourd’hui moins de 40 millions d’auditeurs quotidiens. Généralistes, musicales, nationales ou locales …
Globalement l’ensemble des offres est frappée par cette chute d’audience.
Voilà une fois encore, et le phénomène s’accélère de sondage en sondage, la démonstration que le mode de consommation des médias évolue à vitesse grand V.
Quand les chaines de télévisions voient leurs audiences baisser significativement au profit de Netflix ou Amazone voire YouTube,
les radios constatent elles aussi la désertion de leurs offres de flux.
Ce sont les plateformes de streaming comme Spotify, Deezer ou Apple music qui gagnent du terrain, et l'écoute d'éléments podcast via le web.
Les téléspectateurs, comme les auditeurs, deviennent toujours plus en premier lieu des internautes.
Le Digital, décidément, redistribue les cartes et les "vieux médias" ont bien des difficultés à gérer le phénomène.
Les grandes entreprises de télé comme de radio, publiques et privées tentent de limiter les dégâts en proposant elles-mêmes leurs « produis dérivés », la vod, les podcasts …
Toujours est-il que les formats qui depuis des décennies semblaient inattaquables sont d’ores et déjà terriblement fragilisés.
De nombreuses enseignes capitalisent de belles audiences sur leurs sites web et leurs podcasts.
Cela permet de conserver une forme de fidélisation et de notoriété des marques avec les publics, mais l'écoute de la radio en direct en FM s'étiole, toujours plus.
2 prestigieuses enseignes font face à de graves difficultés.
Dans les 2 cas, pour nombre de professionnels, ces stations auraient perdu leur ADN.
Europe1.
La spirale infernale observée depuis plusieurs années peut aujourd’hui être qualifiée d’abyssale.
Avec seulement 3,3% en audience cumulée elle perd, sur cette vague d'avril à juin, 240 000 auditeurs en un an.
L’historique station généraliste, propriété désormais de Vincent Bolloré et mariée en télévision a CNews, réalise aujourd’hui la même audience qu’RTL2.
Coté service public France Bleu.
Le réseau des 44 radios locales de Radio France, apparaît sur cette vague plus faible qu’il y a 20 ans !
5,2 % seulement en "audience cumulée" (le nombre d’auditeurs quotidiens) et 4,8% de "part d’audience" (le ratio fait entre le nombre d’auditeurs et le temps qu’ils écoutent l’antenne).
En avril 2013 l’ensemble de ces stations avait réussi à atteindre 8% d’audience comme en témoigne cet article publié à l'époque par la station de Nantes.
4 238 000 auditeurs quotidiens donc il y a 9 ans. Aujourd’hui ils sont moins de 2 millions 900 000. …
Quelles peuvent-être les raisons de cette désaffection du public ?
Les antennes locales qui sont restées muettes les samedis pendant les manifestations des gilets jaunes, puisqu’elles étaient contraintes de diffuser le programme national ?
Le coup d’arrêt aux émissions d’interactivité sur l’actualité, décidé au moment du changement de slogan de "Vu d’ici" à "On est bien ensemble" ?
L’éloignement des auditeurs pendant le 1er confinement ? Une "syndication" très élargie entre les stations avait été décidée par le siège, dénaturant la proximité singulièrement pour les infos …
Le positionnement de la programmation musicale ?
Ou aussi et surtout une offre locale qui s’amenuise puisque de grille en grille nombre d'émissions sont en fait réalisées depuis Paris ?
C'est au final l’ADN de ces 44 radios locales qui s’effrite, d'abord pour des raisons économiques.
Pour nombre d'observateurs les locales sont devenues depuis la présidence de Jean-Luc Hees la variable d'ajustement budgetaire du groupe Radio France.
Certains observateurs soulignent, par ailleurs, que ces résultats critiques fragilisent terriblement ce réseau de radios locales de service public,
au moment ou un rapprochement d’avec France Télévisions et donc France 3 est préconisé par un rapport du Sénat. Ce n'est en vérité pas nouveau, et n'est encore moins motivé par la suppression de la redevance.
Le rapprochement des entreprises de l'audiovisuel public avait été préconisé par le Président François Hollande. Et cette idée a été ensuite relancée il y a plus de 5 ans par le gouvernement d'Edouard Philippe.
Mais le projet a avorté en fait au fil du 1er mandat d'Emmanuel Macron.
Des avancées ont tourefois été réalisées, comme plus de la moitié des matinales du réseau Bleu qui sont désormais "filmées" et co-diffusées par la 3,
et la création de l'appli "Ici" qui propose les articles web produits par les rédactions et services des programmes des 2 entreprises, géo-localisé, région par région.
https://play.google.com/store/apps/details?id=com.radiofrance.radio.francebleu.android&hl=fr&gl=US
Les prochaines semaines pourraient sans doute précipiter les choses !
Pour revenir globalement au sondage du jour, certains acteurs savent mieux résister ...
Grand vainqueur avec 700 000 auditeurs conquis en un an :
France Inter à son plus haut historique avec 6,9 millions d’auditeurs.
Le vaisseau amiral de Radio France affiche une forme olympique aussi en part d’audience !
RTL se classe toujours 2 ème, mais l’écart continue à se creuser avec le leader.
3 eme France Info définitivement solide sur le podium des meilleures audiences radio en France. La radio d’info continue pionnière en Europe réalise même son meilleur score depuis 15 ans.
Suit NRJ en 4ème position : le "Hit Music Only" maintient son rang même si 0,5% des auditeurs sont partis en un an,
tout comme pour Skyrock.
Coté "musicales" également ...
Belle performance du réseau Nostalgie, maintenant devant les 44 locales de France Bleu.
Les auditeurs souvent plus âgés des offres "culturelles" restent, eux, fidèles à leur poste.
France Culture continue même à progresser. Qui aurait pensé que cette chaine se stabiliserait autour des 3% d'audience cumulée ?
Et encore il ne s'agit donc que de la FM, France Culture étant pionnière et championne sur le terrain de podcasts.
France Musique, Radio Classique et FIP sont stables.
e-crossmedia, le 21 juillet 2022.
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