Après le Sénat,
l'Assemblée Nationale vient de rejeter un projet de loi qui visait à permettre au service public de la radio d'avoir plus recours à la pub.
Le marché n'étant pas extensible, ce serait autant de budgets qui échapperaient au financement du secteur privé...
Pour ces stations qui publient aujourd'hui une lettre ouverte,
il s’agit de "préserver leurs emplois et leurs apports à la diversité des idées, à la liberté d’expression et de l’information et à la culture, ainsi qu’au financement de la création"
Leur communiqué est publié ce lundi alors que la négociation des contrats d’objectifs et de moyens des entreprises publiques avec l’état battent leur plein.
Ces COM vont définir les missions et donc surtout la trajectoire budgétaire jusqu'en 2028,
autrement dit, entre autres, la part de pub autorisée pour la radio, à Radio France.
Dans son communiqué, le collectif des radios privées précise ...
"Si la suppression de la redevance audiovisuelle impacte l’audiovisuel public,
la puissance publique ne peut faire supporter au secteur privé les conséquences du manque d’ajustements financiers d’un groupe public,
et ne peut continuer à laisser s’accentuer ce qui ressemble de plus en plus à une éviction du secteur privé par le secteur public de la radio dans notre pays.
Le plafonnement de l’ensemble des ressources publicitaires de Radio France est plus que jamais indispensable pour préserver les équilibres des marchés publicitaires de la radio,
au niveau national comme sur les marchés locaux".
NRJ Group, Largadère News, Le groupe M6, Altice, Skyrock, Radio Classique et les Indéradios se disent "préoccupées".
Les ressources publicitaires commerciales à l’antenne sont pour l’instant plafonnées pour Radio France à 42M€ par an.
Le secteur privé souhaite que dorénavant cette somme comprenne aussi les ressources qui proviennent de la pub institutionnelle,
et les messages diffusés sur les canaux digitaux.
Le contexte global reste en l'occurence tendu ...
Pour la radio, le marché publicitaire retrouve seulement cette année son niveau d’avant la crise sanitaire,
avec même toutefois une légère embellie.
Selon le baromètre publié par Kantar Media pour le 1er trimestre :
la durée des spots publicitaires sur les généralistes s’est allongée de 3 pour cent par rapport à 2019,
presque 11 % sur les musicales,
et plus de 25 % sur les programmes locaux !
Mais si la durée des écrans s’est allongée, les sommes totales récoltées demeurent pour autant très en dessous des chiffres d’avant pandémie :
- 17,6 pour cent.
Si les médias privés demandent la limitation des recettes publicitaires pour le service public de la radio,
c'est qu’aucune décision n’est encore prise quant au devenir de Radio France, mais également France Télévisions, France Média Monde et l’INA.
Et justement, s'agissant entre autres de la pub,
la commission des affaires culturelles du Sénat sous la plume de son rapporteur Jean-René Hugonnet écrit :
"La définition des moyens de l'audiovisuel public pour les cinq années à venir est une question qui n'est pas encore tranchée aujourd'hui.
Faute de mieux, les entreprises sont invitées à maximiser leurs recettes de publicité, au risque d'affaiblir leur spécificité."
La haute assemblée invite le Gouvernement "à concevoir une feuille de route ambitieuse,
via une réforme législative instaurant une gouvernance commune justifiant l'arrêt de la baisse des moyens, et à prendre en compte sa liste d'une dizaine de propositions"
dont l’essentiel repose sur l'optimisation de la productivité,
par le rapprochement des entreprises pour certaines missions, dont l'action régionale.
Pour mémoire ...
Avec quelques 15 millions d’auditeurs quotidiens, Radio France recueille 30,3% de part d'audience.
Thierry Mathieu,
Président d'e-crossmedia,
le 3 juillet 2023.
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