"Toutes les nouvelles qui méritent d'être imprimées" : telle est sa devise depuis sa création en 1851 …
C’est en restant fidèle à cette profession de foi que le New York Times, surnommé "The gray Lady " du fait de sa mise en page immuable, franchit à son tour le pas.
Son ambition : cibler un nouveau lectorat via la plateforme préférée du jeune public, celui qui ne lit plus la presse dans sa version papier, le "print".
Avec 127 prix Pulitzer à son palmarès,
et aujourd’hui encore quelques 1700 journalistes,
l’institution de Manhattan considérée comme "la référence" entame une véritable mue .
Mais pour cela, il lui faut réapprendre à écrire, à épouser l’époque !
Confronté à une baisse catastrophique de ses recettes publicitaires, un premier tabou avait sauté en janvier 2005 : le journal avait dû publier de la pub pour la première fois à la "Une".
Sa première page était pourtant sacralisée depuis toujours, elle était réservée aux informations dites "pures".
Aujourd’hui, pour répondre à la chute abyssale des ventes, c’est en mode TikTok et donc avec des choix éditoriaux ad-hoc que le journal tente de se réinventer.
Le New York Times, pour autant, entend ne pas foncer dans le brouillard…
Si ses principaux concurrents publient depuis 4 ans déjà sur TikTok,
le New York Times affiche, depuis sa première publication le 25 janvier dernier, sa volonté de se distinguer.
Alors que les autres titres ont plongé dans une forme d’info "divertissement", pour coller à ce qu’apprécient les followers de la plateforme chinoise et engranger de l'audience,
le NYT, lui, se cantonne pour l’heure au "hard news" ou au "culturel de bon ton".
Son premier article il y a 10 jours est consacré à Brandon Tsay, le jeune homme de 26 ans qui a désarmé un tireur dans une salle de danse à Alhambra, en Californie.
Les TikTokeurs peuvent s'en doute s'identifier à lui, il est dans la cible ...
Mais l'info n'est pas "riante" pour autant.
Le positionnement du Washington Post avait d’emblée été tout autre à son arrivée sur la plateforme chinoise il y a 4 ans déjà,
Comme le note le site "Les liens vagabonds" , le journal avait publié un sketch de 15 secondes devenu viral, mettant en scène le sénateur Cory Booker et Dave Jorgenson, reporter vidéo senior du Post.
En effet : à regarder les sites TikTok de 2 journaux ce dimanche, la tonalité est bien différente !
Alors que le New York Times propose des idées de visites pour un séjour de 36 heures à Rome,
le Washington Post consacre lui sa dernière publi à un sketch amusant consacré à Netflix et au conflit de générations sur les choix de programmes …
Aucun des 2 comptes en revanche ne reprend les images du ballon chinois explosé dans le ciel des Etats Unis ...
Elles font pourtant le buzz sur tous les réseaux sociaux et sont la Une de bien des médias partout sur la planète !
Ces vidéos n’intéressent-elles pas les jeunes publics de TikTok ?
Ou bien, pour aussi spectaculaires qu'elles soient, les enjeux diplomatiques que ces images induisent sont-ils trop lourds ?
Toute actualité a-t-elle sa place pour être traitée sur un réseau social considéré comme "léger" et dédié au divertissement ?
Ce n’est sans doute pas si simple, en effet, de changer son écriture,
et de partir à la conquête d’une nouvelle audience, même sur le média "tendance" qu’elle plébiscite …
Thierry Mathieu,
Président d’e-crossmedia,
le 5 fevrier 2023.
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