"Un an presque jour pour jour depuis mon arrivée en Ukraine pour la première fois qui a changé ma vie,
je suis très fier et ému du travail, des efforts et des larmes que nous y avons consacrés avec mes collègues.
Ce n’est pas fini".
Voilà ce qu’écrit il y a quelques semaines Arman Solvin, régulièrement en mission en Ukraine depuis le déclenchement de la guerre.
Journaliste et coordinateur pour l’Agence France Presse, il est alors parmi les reporters à se porter volontaire pour couvrir le conflit.
Son obsession : relater au plus grand nombre ce qu’il voit et qu’il décrit comme « une guerre un peu à l’ancienne, en pleine Europe ».
Lui-même est né à Sarajevo, une terre déchirée par les batailles et les sièges au cœur du vieux continent.
D’ailleurs, il baragouine un peu en bosniaque ...
"C’est une langue slave, alors avec les ukrainiens, on se comprend un peu !".
Armin Soldin a pour ambition d’établir les faits, il est au plus près des combats pour documenter, informer.
Ses reportages sont diffusés par plusieurs chaines de télé, mais il est aussi très actif sur les réseaux sociaux,
comme sur Twitter où il alimente régulièrement son compte créé il y a 12 ans.
Sa dernière publication date de lundi, jour de la commémoration de l’armistice de 1945 .
Caméra au poing il est auprès d’un homme victime d’une attaque :
« Au fond de la plaie, le cœur du soldat 🇺🇦 bat.
Il est 21 heures et il vient d'être amené dans un hôpital de campagne après la bataille de Bakhmut.
La balle a traversé le bras gauche du jeune homme, traversé sa poitrine »
Adolescent, il est joue au Stade Rennais et rêve d’une carrière de footballeur professionnel,
mais il est également passionné par l’information.
En 2015 il est en stage au bureau de l’AFP à Rome,
puis est rapidement embauché à l’agence à Londres où il couvre les années Brexit.
Ensuite, de retour en Italie pendant la pandémie, il trouve chaque jour des histoires à raconter, même quand tout est fermé et la population confinée.
Le 1 er mai dernier à l'est de l'Ukraine, il raconte sur les réseaux sociaux, images à l'appui, avoir connu un moment de terreur .
Alors qu'il tourne en suivant des soldats ukrainiens, il se retrouve sous une pluie de roquette ...
C'est lors d'une attaque similaire de roquettes Grad qu'Arman Soldin est décédé ce mardi 9 mai.
Le bombardement a eu lieu vers 16 h 30, heure locale, dans les environs de Tchassiv Iar, une localité ukrainienne à proximité de Bakhmout, qui est visée quotidiennement par les forces russes.
Il était en compagnie de quatre collègues qui sont tous indemnes.
Ils étaient avec des militaires ukrainiens lorsqu'ils ont été pris sous la salve de roquettes.
"Il était débordant d’énergie, c’est même ainsi qu’il se définissait lui-même sur les réseaux.
D’une dévotion totale à son métier de journaliste", déclare la directrice Europe de l’AFP, Christine Buhagiar.
Parmis les hommages de toute la profession depuis hier soir, celui de sa consoeur de Daphné Rousseau.
Selon Reporter Sans Frontières, Arman Soldin est le 11ème journaliste tué en Ukraine depuis le début du conflit.
Son directeur général Christophe Deloire :
"Une tragédie pour tous ceux qui défendent l’indépendance et la fiabilité de l’information".
La ministre de l'Europe et des affaires étrangères Catherine Colonna témoigne de son émotion.
Arman Soldin avait en effet couvert son dernier déplacement à Kiev.
Le Président de la République Française lui rend également hommage :
Arman Soldin a perdu la vie 344 jours après Frédéric Leclerc-Imhoff, qui était lui aussi agé de 32 ans.
Le caméraman de BFMTV est décédé le 30 mai de l'année dernière, sur la route de Lyssytchansk dans la région de Severodonetsk, en Ukraine.
Thierry Mathieu,
Président d’e-crossmedia,
le 10 mai 2023.
Ce site utilise uniquement des cookies nécéssaires a son bon fonctionnement 💪 !